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l'estime profondes que votre conduite sublime et vos vertus lui inspirent. C'est la façon de penser, à votre égard, de toute la famille impériale, de leur cour et de leurs sujets. Vous ne pouvez pas douter de celle de vos compatriotes ici, parmi lesquels veut être nommé madame la comtesse de Brionne, princesse de Lorraine.

J'ai l'espérance que M. le comte de la Boutetière mon beau-frère, actuellement à Francfort, se réunira à M. le marquis de Charette, lui servira de mentor et vous le remettra dans la Vendée. Si cela est, permettez-moi de vous recommander spécialement ce beau-frère que j'aime, et son fils qui l'accompagnera. Combien je desire qu'il puisse, malgré sa grande jeunesse, servir sous vos drapeaux et combattre sous vos ordres, pour son Dieu, pour son Roi, pour son pays!

J'ai l'honneur d'être, avec le respect et l'attachement qui vous sont dus, monsieur le marquis, votre très humble et très obéissant serviteur.

A. L. N. DELAFARRE, évêque de Nancy.

Le comte D'ANTRAIGUES, au chevalier CHARETTE. Venise, le 22 septembre 1795.

J'ai reçu, mon général, la lettre dont vous m'avez honoré, ainsi que celle destinée au roi. M. Q. Q., mon meilleur ami, et qui a toute la confiance du roi dans sa partie, me les a fait exactement parvenir. J'ai eu beaucoup de peine à les mettre en

état d'être lues; et à force de soins, j'y ai réussi. Je vous ai envoyé samedi la réponse du roi. Je suis sensible comme je le dois, aux éloges dont vous m'honorez; et être loué dans sa conduite, par celui qui réunit sur sa tête l'estime, l'amour, l'intérêt de l'Europe, pourrait à la fois me donner de l'orgueil et l'excuser. J'ai envoyé à M. de Las-Casas, à Londres, tout ce qui le concernait; je songe à lui envoyer M. de Meyronnet de Saint-Marc, ancien capitaine de vaisseau, pour qu'il vous l'envoie ; c'est un des hommes que j'ai trouvé le plus estimable, le plus énergique, le plus pur en tout sens je l'ai déjà attiré auprès de moi, depuis quatre mois, pour qu'il ait à s'instruire à fond, de tout ce qui se passe, de tout ce qui ne pourrait s'écrire qu'en un volume, et de ce qui même ne peut s'écrire; j'ai cru et je persiste à croire que sa présence auprès de vous, pour vous parler en toute confiance, vous serait d'une grande utilité. Il est des choses que, sans doute, on doit taire, uon pas à yous, non pas dans la position où vos talens, vos vertus et votre courage vous ont placé. Personne au monde, excepté Q. Q., ne sait le but de ce voyage, et je crois que vous n'en devez dire le but à personne.

Saint-Marc est d'une santé faible; mais il y a une âme forte dans ce corps débile: il se peut que les fatigues de la guerre soient au-dessus de ses moyens; mais ce n'est pas là le but essentiel de son voyage, tel que Q. Q. vous l'expliquera.

Pour moi, je m'estime très heureux de vous servir; car sur vous se réunissent tous les sentimens que je devais à mon indigne patrie; vous seul pouvez nous la rendre, et on n'osera l'avilir, quand elle nous sera rendue; car elle aura produit dans son sein vous et vos illustres compagnons. Veuillez agréer mon éternel attachement et mon Signé, LE COMTE D'ANTRAIGUES.

respect.

Le Général SoUWAROW, à M. DE CHARETTE, généralissime des troupes du roi de France, à son quartier-général.

Héros de la Vendée! illustre défenseur de la foi de tes pères et du trône de tes rois! Salut.

Que le Dieu des armées veille à jamais sur toi; qu'il guide ton bras à travers les bataillons ennemis, qui, marqués du doigt de ce Dieu vengeur, tomberont dispersés, comme la feuille qu'un vent du nord a frappée.

Et vous, immortels Vendéens, fidèles conservateurs de l'honneur des Français, dignes compagnons d'armes d'un héros, guidés par lui, relevez le temple du Seigneur et le trône de vos rois..... Que le méchant périsse....—Que sa trace s'efface.... Alors que la paix bienfaisante renaisse, et que la tige antique des lis, que la tempête avait courbée, se relève au milieu de vous plus brillante et plus majestueuse.

Brave Charette, honneur des chevaliers français.

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-L'univers est plein de ton nom. L'Europe étonnée te contemple..... et moi, je t'admire et te félicite..... Dieu te chérit, comme autrefois David, pour punir le Philistin. Adore ses décrets.―

Vole, attaque, frappe, et la victoire suivra tes

pas.

Tels sont les vœux d'un soldat, qui, blanchi aux champs d'honneur, vit constamment la victoire couronner la confiance qu'il avait placée dans le Dieu des combats. Gloire à lui; car il est la source de toute gloire. Gloire à toi ; car il te chérit.

Ce 1er octobre 1795. A Varsovie.

SOUWAROW.

Le marquis DU BOSCAGE, à M. DE CHARETTE, génératissime des troupes du roi de France.

MON GÉNÉRAL,

A Varsovie, le 1er octobre 1795.

Chargé par son excellence, M. le feld-maréchal comte de Souwarow-Rymnikski, de la mission flatteuse pour un Français, de vous envoyer sa lettre, je m'empresse, mon général, de vous la faire parvenir, comme l'hommage le plus digne de vos vertus et de votre gloire, puisqu'il est l'expression des sentimens d'un de ces grands hommes que la nature ne donne à l'univers étonné qu'après une longue suite de siècles; et elle se repose ensuite, comme fatiguée de la grandeur de son propre ouvrage.

Vingt-quatre batailles gagnées.... L'étendard du

Croissant humilié, le Turc obligé de demander la paix, en perdant une partie de ses états; vainqueur à Kinburne, à Foxani, il court cueillir d'immortels lauriers sur les rives du Rymnik; et de là, va planter le drapeau de Catherine II, sur les murs détruits d'Ismailow. Conquérant de la Pologne...., à travers les remparts de Prague ensanglantée, il entre triomphant dans Varsovie, l'olivier à la main. Il vole, et partout la victoire le suit jamais aucun revers ne flétrit une feuille de ses nombreux lauriers. Par ses victoires, le vaste empire de l'immortelle Catherine s'est accru, du levant au midi. Avec un tel général, Catherine, ce grand homme roi, peut s'écrier, comme Agésilas Les frontières de la Laconie sont au bout des piques de mes soldats.

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Tel est, mon général, ce héros qui vous félicite : juge profond d'un art, dans lequel vous vous êtes acquis tant de gloire; il vous a contemplé, soutenant d'un bras ferme et tranquille, au milieu des orages et des tempêtes, le trône des Bourbons, qui croulait de toutes parts.... L'honneur des Français conservé par vous, comme le feu sacré........, l'Europe entière retentissant de vos actions mémorables, son cœur généreux a été jaloux de vous faire parvenir l'hommage dû à tant de vertus.

O! mon général, m'est-il permis, après ce grand homme, de vous offrir le juste tribut de mon admiration et de mes vœux? Puisse mon ingrate patrie vous devoir son bonheur, sa religion et ses rois !

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