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D. S. P. examine les autres propriétés, les bois, les vignes, les prairies, & donne les moyens d'évaluer leurs revenus.

Heft inurile de dire que cet Ouvrage eft néceffaire à ceux qui auront à répartir l'impor fur les terres, & plus encore à tous les propriétaires qui veulent connoître avec précision, la valeur de leurs biens.

THEORIE des Dixmes, par M. HERVE, Avocat au Parlement, Auteur de la Théorie des matières féodales & cenfuelles. A Paris, chez Knapen, Savoye, Née de la Rochelle, & Blin. 4 Sens, chez la veuve Tarbé, 2 vol. in-12.

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UN Traité des matières féodales & cenfuelles ! un Traité des Dixmes ! le temps paroît bien mal choifi pour publier de pareils Ouvrages; ce fera d'abord la réflexion de tous les Lecteurs frivoles, & furtout de ces Auteurs éphémères, qui n'ayant rien étudié, font toujours prêts à écrire fur les objets du moment; dont tour le talent littéraire confifte à improvifer, pour ainsi dire, fur toutes les matières à la mode, & à paroître à propos, c'est-à-dire, dans le temps le plus favo rable à la vogue. Jamais Ouvrage de circonftances n'a été un bon Livre, & c'est un bon Livre que nous annonçons ; ce n'eft point une Brochure du moment;

c'eft l'Ouvrage du temps; c'eft le produit de vaftes recherches & de profondes méditations; c'eft le travail de plufieurs années.

Cer Onvrage peut encore ne point arriver trop tard; les principes qui ont jufqu'ici réglé la Dixme, pourront influer auffi fur le remplacement annoncé.

Mais quand même si la Dixme ni aucun remplacement analogue & foumis aux mêmes principes, ne devroit avoir lieu, un bon Traité des Dixmes fubfifteroit toujours comme objet d'érudition, comme monument historique', comme témoignage d'une inftitution qui a exifl jufqu'à préfent dans l'Eglife & dans l'Etat; qui avoit fes principes, fa légflation, fa Jurifprudence; qui marquera la différence des fièces qui l'ont confervée, & des fiècles qui l'ont abolie. Chaque fiècle charmé de les avantages, amnirateur de les lumières, a peine à comprendre l'esprit d'un autre fiècle; & les Philofophes mêmes, à qui l'Hiftoire n'eft pas affez familière, font naturellement portés à croire que ce qui leur paroît la vérité, a toujours dû paroître la vérité, idée qui, pour l'obferver en paffant, n'eft pas trop philofophique.

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Si ce que l'Auteur nous préfente aujourd'hui fur les Dixmes eft la vérité, la vérité peut toujours fe montrer, fes droits font imprefcriptibles; fi ce n'eft qu'une opinion comme tant d'autres, le temps la mettra comme les autres à fa place.

Nous allons expofer fes idées fans les modifier, fans y mêler les nôtres, fans approuver, fans critiquer.

Les Dixmes étoient de précepte dans le Loi de Moife, nous apprenons même de beaucoup d'Auteurs profanes, tels qu'Hér rodote, Xénophon, Paufanias, Diedore de Sicile, Denis d'Halicarnalle, Tite-Live, Feltus, line, Diogène Laerce, que les Dixmes ont été payées chez d'autres peuples que les Juifs, avant l'établitlement de lá Religion Chrétienne.

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L'Auteur, malgré la foule des décisions contraires, & malgré la nature de quelquesunes de ces décifions, avoue que dans la Loi nouvelle les Dixmes ne font pas de droit divin, c'est à dire, que la Loi nouvelle n'a nulle past confirmé ni adopté expreffément & par un précepte formel, le précepre de l'ancienne Loi, relatif à la Dixme. Mais, dit l'Auteur, la Religion Chrétienne a » dû emprunter directement les Dixmes » de la Religion de Moife dont elle. eft l'accomplitlement & la perfection. Nées dans la Judée l'une & l'autre, faintes » l'une & l'autre, révélées l'une & l'autre, » liées l'une à l'autre, ces deux Religions "ont néceffairement eu des idées & des pratiques communes “,

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Cependant les traces du paffage d'une Religion à l'autre, en ce qui concerne les Dixmes, ne font pas fenfiblement marquées dans les deux ou trois premiers fiècles de l'Ere Chrétienne.

L'Evangile & les Apôtres parlent des offrandes & en fuppofent l'ufage & la néceflité; mais ces différens textes ne s'appliquent pas néceffairement aux Dixmes.

Saint Clément, Difciple des Apôtres parle dans fes Epîtres, de bonis & reditibus Ecclefiarum & earum difpenfatoribus. Ceci ne paroît pas encore embrailer les

Dixmes.

Saint Irénée, qui fouffrir le martire l'an 202, paroît diftinguer les oblations de la nouvelle Loi, des Dixmes de la Loi ancienne, en ce que les oblations étoient volontaires, & que les Dixies avoient été forcées.

Tertullien, mort vers l'an 216, parle auffi de la liberté des oblations, & ne dit rien des Dixines.

Origène, qui vécut jufqu'au milieu du ze. frècle, femble énoncer l'obligation de payer la Dixme; mais les expreffions fur cet article ne font pas fans difficulté.

Saint Cyprien, qui fouffrit le martyre en 258, s'exprime fur la Dixme d'une manière encore plus fujette à des interprétations diverfes.

Les Conftitutions Apoftoliques, recueillies dans le troisième fiècle, parlent des Dixmes comme d'une preftation de précepte; c'eft fans doute en étendant à la nouvelle Loi, la Loi de Moife, comme n'ayant pas été révoquée, & comme ayant même été tacitement adoptée.

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Les Conférences de Caffien font également précifes fur la preftation de la Dixme.

Saint Chryfoftome, qui mourut en 407, penfoit que l'obligation de payer la Dixme étoit encore plus étroite pour les Chrétiens que pour les Juifs.

Saint Jérôme, mort en 420, Saint Auguftin en 430, recommandent le payement de la Dixme.

Au 6e. & au 7e fiècle, les autorités en faveur de la Dixme deviennent plus nombreufes, plus expreffes & plus fortes.

Saint Remy, mort en 533, affure dans fon teftament des fecours à 4 pauvres veuves, fur les Dixmes de quelques villages.

Le Concile de Mâcon, en 585, ordonne, de payer la Dixme, fous peine d'excommunication, première Loi pénale qu'on connoiffe fur les Dixmes.

Le Concile de Séville, en 190, charge de malédictions quiconque négligera de payer la Dixme.

Le Concile de Nantes, en 658, règle le partage & l'emploi de la Dixme,

Grégoire de Tours, mort en 595, attefte l'ufage des Dixmes en France.

Les Statuts de Théodore, Archevêque de Cantorbéri, en 688, & le vénérable Bede, né en 673, l'atteftent en Angleterre.

Si l'on objecte que des pères de l'Eglife, des Conciles mêmes, ont parlé des Dix

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