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Nous profitons avec empreflement du jour que l'ufage a confacré, pour vous préfenter nos refpects & l'hommage de notre reconnoiffance. Mais une jufte confiance dans vos bontés nous encourage en même temps à dépofer dans votre fein la douleur dont nous fommes pénétrés, Depuis long-temps le Théatre eft en butte à des rigueurs affligeantes. Il femble qu'on ait tenté de nous faire perdre cer e liberté d'ame & d'efprit fi néceffaire à l'art du Comédien. Des études multipliées, des efforts fans nombre, des bienfaits fage, ment répandus, & publiés malgré nous, ne nous ont valu que des interprétations injurieufes, Une jaloufe cupidité, dont nous ne nous permettrons pas de dévoiler le fecret, & qui voudroit s'élever fur nos débris, a cherché conftamment, depuis plufieurs mois, à fatiguer, à décourager notre zèle

Pour ne nous arrêter que fur un feul point, on a demandé la repréfentation de tel ou tel Ouvrage, fans fonger que. les pièces déjà reçues avoient le droit d'être repréfentées auparavant de manière qu'on ne pourroit adhérer à de pareils voux, fans attenter aux propriétés, ce qui, nous ofons le croire, feroit aller contre l'intention de ceux même qui, par cès demandes, croyant réparer des torts, ne font que folliciter une injuftice «.

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MERCURE DE FRANCE. Enfin, Meffieurs, fi quelques abus fe font gliffés dans un établiffement dont les détails font aufli difficiles que multipliés, fi le temps femble avoir amené befoin de quelques changemens utiles, nous eft-il pas permis d'obferver qu'une difcuffion fage, & dirigée par la bonne foi, feroit plus propre à ramener un meilleur ordre de chofes, à concilier les divers intérêts & à contribuer plus complétement à vos plaisirs, ainfi qu'à la gloire de votre Théatre «?

Agréez, Meffieurs, que nous n'oppofions déformais à tous ces orages qu'un filence refpectueux, un zèle toujours renaiffant, & ce courage qui doit animer ceux à qui vous avez confié le dépôt de vos r cheffes dramatiques «.

Ce difcours, hardi quant au fujer, me furé du côté de l'expreflion, & intercífant par la manière dont il a été débité, a obtenu beaucoup d'applaudiffemens.

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MERCURE

HISTORIQUE ET POLITIQUE

DE

BRUXELLES.

POLOGNE.

De Varsovie, le 10 Mars 1799.

La proposition, par laquelle la Cour de Berlin demande à la République de lui céder le domaine de Thorn et de Dantzick, contre des échanges peu importans, à produit ici une sensation fåcheuse. Abandonner à un voisin si redoutable le seul port de la Pologne, le rendre par là maître du Commerce de P'Etat, et combler nos pertes passées par une nouvelle dépouille dont on n'osa pas exiger le sacrifice à l'époque du partage, et qu'on nous présente à signer, au moment même de notre régénération politique et militaire, ce seroit acheter bien cher une alliance. Aussi la Députation des Affaires Etrangères a-t-elle répondu No. 14. 3 Avril 1790.

A

à M. de Lucchesini, qu'elle n'oseroit pas même soumettre cette proposition à la Diète. Le 27 du mois dernier, ce Mi- nistre Prussien fit passer à sa Cour cette réponse; l'on attendoit avec inquiétude la résolution définitive du Cabinet de Berlin. Elle est arrivée, et il se répand que le Ministère Prussien aabandonné sa demande.

Si cette crisera refroidi le zèle pour l'alliance projetée, si les offres utiles de la Cour de Vienne ont acquis plus de crédit, d'un autre côté la Russie achève de perdre celui qu'elle obtint si longtemps dans la République. Les conditions impolitiques qu'elle veut imposer au Roi de Suède, sans en avoir acquis le droit par des succès, cette forme de Gouvernement qu'elle entend lui prescrire dans un Traité de paix, ont rappelé le terrible usage qu'on fit au milieu de nous de cette politique. Le Roi de Suède, dans une Note de son Ministre, communiquée à la Diète, a eu soin de lui rappeler cet exemple, en annoncant qu'il rejetoit ces articles, par lesquels la Russie vouloit renverser la Constitution actuelle de la Suède.

ALLEMAGNE.

De Vienne, le 15 Mars.

Léopold II, Roi de Hongrie, est arrivé en cette Capitale le douze à dix

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heures du soir. Le départ de la Reine, et de la Famille Royale est différé jusqu'à l'Eté prochain. C'est l'Archiduc Ferdinand qui, conjointement avec le Conseil d'Etat, gouvernera le Grand Duché de Toscane. S. M. a donné les premiers jours au repos, et le lendemain de son arrivée (le 13) Elle a eu la douleur de voir mourir le vieux Maréchal Comte de Haddick, Président du Con-› seil Aulique de Guerre, et décédé à l'âge de 79 ans il sera inhumé dans sa terre de Futak en Hongrie. La guerre de sept ans fit la réputation de ce Général, qui se distingua dans le service des Troupes légères. Le Roi de Prusse, dans son Histoire, a rendu justice aux qualités de M, de Haddick, et à Thumanité qu'il montra envers les Habitans de Berlin lorsqu'il s'empara de cette Capitale. Depuis long-temps il avoit pris un embonpoint démesuré, qui l'appesantissoit autant que l'âge.

L'administration tranquille, régulière, uniforme de la Toscane, qui jusqu'ici a occupé tous les soins de notre Souverain, forme un contraste avec la multitude d'intérêts difficiles, au milieu desquels ce Monarque prend les rênes des Etats Héréditaires. L'un des premiers objets de sa sollicitude sera les remontrances des Etats d'Autriche, de Moravie et de Bohême, qui demandent la suppression du nouveau plan d'imposi

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