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ceffaire qu'à la pitié d'autrui ? La mifère & les infirmités ne doivent point loger dans des palais; il fuffit qu'elles repofent dans les bras de la compatiffante humanité.

A propos de quelques inftrumens de toilette que l'Auteur a vus dans une collection d'antiques, au Mufeum de Portici Je fuis bien aife (dit-elle) d'avoir appris que les femmes ont été coquettes » dans tous les temps; cela me feroit pref» que croire que la coquetterie eft dans

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la Nature. Voilà un doute d'une réferve bien extraordinaire. En prenant ce mot de coquetterie dans fon acception la plus gé nérale & pour ce qu'elle fignifie en cet endroit, c'eft-à-dire pour ce défir de plaire que prouve le foin de fe parer, on pourroit affirmer fans trop de témérité que ce défir eft naturel au fexe depuis les Harems de Conftantinople & d'Hifpahan, jufqu'aux hutres des Hottentotes & des Kamschadales; & je ne vois pas pourquoi on en feroit un reproche ni aux femmes ni à la Nature.

Comme ces Lettres ne font point écrites avec la négligence épiftolaire, on peut ¥ blâmer quelques défauts de goût quelques abus des termes tecniques tranfportés d'un Art à un autre, comme le clair obfcur en Mufique, expreffion qui ne préfente pas une te bien nette, du moins pour moi, des femmes qui font chien & chat avec la Nature, les Apennins qui

font humanifes par de jolies maifons de plaifance; quelques jeux de mots, tels que celui-ci en parlant d'un tableau: L'incontance m'a fixée, &c. Mais ces taches rares & légères, & que je n'ai même relevées que parce qu'elles contraftent avec le ton général du ftyle, ne nuifent en rien ni à l'effet ni à l'agrément de l'Ouvrage. D......)

DISSERTATION fur cette Question: Eft-il quelque moyen de rendre les Juifs plus heureux & plus utiles en France? Ouvrage couronné par la Société Royale des Sciences & des Arts de Metz; par M. THIÉRY, Avocat au Parlement de Nanci. A Paris, chez Knapen fils, ImpLibr. rueSaint-André-des Art-s, en face du Pont St-Michel;& chez la veuveDelaguette & Fils, rue de la Vieille-Draperie. Prix, liv. to f. port franc.

CETTE

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ertation eft divifée en deux Parties. Dans la première, l'Auteur s'atta che à prouver que les Juifs méritent d'être plus heureux, & par conféquent plus tiles; dans la feconde, il propole les moyens de feur procurer ce double avantage. Cette naturelle dans un Cuvrage de cette efpèce, conduit le Défenfcur des Juifs à lever tous les obftacles qui

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s'opposent au bonheur de cette Nation parmi nous. Ces obftacles font, comme il le dit lui-même, la Religion, les mœurs le caractère, les préjugés & l'habitude. Il les combat tous en employant le raisonnement le plus folide, orné fouvent des charmes de l'éloquence.

Pour nous apprendre d'abord ce que les Juifs peuvent devenir parmi nous, il examine ce qu'ils ont été dans tous les temps & chez tous les Peuples: il les confidère dès leur origine, & la peinture qu'il fait de leur état primitif, ne peut que donner une idée avantageufe de fes talens. Voici comme il sexprime:

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"Les Juifs, nés dans les premiers jours de » la Nature, confervèrent long-temps la fimplicité des mœurs, la douceur, la pureté des penchans qu'elle infpire. Occupés feulement alors du foin de leur » fubfiftance, ils fe livrèrent à l'Agricul »ture, que leurs tranquilles vertus avoient anoblie parmi eux: ils partageoient leurs inftans entre la culture des terres, la garde » des troupeaux, & l'étude de leur Loi; effrayés de l'exemple des Peuples voisins, craignant leur luxe, méprifant leur molleffe, ils leur abandonnèrent le foin d'ac croître les progrès de la raifon & de l'in» duftrie. Cet éloignement pour les Scien»ces donna aux Juifs un efprit minutieux, une défiance toujours inquiète, peu propre à diffiper les ténèbres dont ils s'enveloppoient eux-mêmes ".

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L'Auteur les fuit dans tous les pays où ils ont habité avant & depuis leur difperfion, & il ajoute :

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Après tant d'agitations, les Juifs fem» blent enfin fixés dans le morne repos » auquel nous les avons condamnés. Souples, paifibles, familiarifés avec notre mépris & l'aviliflement, ils cherchent à » s'en confoler par des richeffes. Sans appui, fans Patrie, fans autre propriété qué » leur or, forcés par conféquent d'étoatter "toutes les paffions qui exercent les facul tés des autres hommes, qui élèvent l'ame, » enflamment le génie, & occupent l'activité, mais qui, fans objet pour eux, ne » feroient que les tourmenter & les déchi»rer, ils n'ont d'autre but que de s'enrichir. C'eft vers ce feul point qu'ils s'oc

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cupent à plier l'énergie que la Nature à » mife dans toutes les ames, & que chez » les autres, le goût, le caprice où les cir» conftances dirigent. Livrés uniquement à un efprit d'intérêt, ils femblent eux-mêmies habitués à fe croire faits pour être avilis; du moins leur facilité à courber fous notre joug, l'infenfibilité qu'ils oppofent à nos outrages, la patience avec laquelle il les fupportent, font bien câpables d'entretenir le mépris du Peuple » pour eux, & l'idée qu'il a prefque toujours conçue de leur inertie & de leur incapacité".

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Après ces triftes tableaux que l'Auteur a' tracés avec les couleurs qui leur conviennent, fon fujet lui en fournit de plus riantes & de plus gracieufes pour la peinture qu'il fait des mœurs d'un Peuple plus malheureux fans doute, que vicieux.

Le Défenfeur des Juifs n'eft pas moins heureux dans la manière dont il combat les préjugés, ces idoles chéries du Peuple, dit il, ces dangereux ennemis de la raifon, toujours terribles quand ils font enracinés par le temps, temps, & fortifiés par l'exemple.

Pour lever enfuite les obftacles réfultans de notre Religion, il emploie les plus refpectables autorités, & s'appuie de notre Religion même. Cette difcuffion, où l'Auteur paroît toujours éclairé par la raifon, & infpiré par l'humanité, eft fuivie d'une defcription exacte de l'état actuel des Juifs dans tous les pays de l'Univers où ils font plus heureux qu'en France.

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Dans la feconde Partie, l'Auteur indique les moyens qué le Gouvernement peut employer pour opérer l'heureux changement qu'il a démontré poffible dans la Nation Juive. » Commençons, dit-il, par détruire » tous les fignes humilians qui défigurent » les Juifs; ne faillons fur leur figure au"cune des traces que nous y a avons impri"mées; que leurs vêtemens & tout leur extérieur ne nous montrent que des concitoyens "..

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L'Auteur propofe enfuite d'admettre leurs

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