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à ce reproche. Perfonne, ee me semble, ne fait mieux exprimer, peindre avec la parole & les geftes; elles animent tout, & même ce qu'elles hafardent en fait d'expreffions, aux dépens de la régularité, ne fait que leur donner plus de mouvement & de vie. Enfin comment consilier tous ces défauts avec cet éloge qui vient tout de fuite après ? Mais les ombres légères de cette peinture difparoiffent par de belles & vives couleurs. Si la Parifienne eft privée de quel"ques nuances fines & délicates que la Nature mit dans les traits de notre visage » & dans ceux de notre efprit, elle poffède des qualités plus rares & plus effentielles; & c'eft par là qu'elle eft fi attachante & fi long-temps aimable. Sans flatter mon fexe, on peut dire que les femmes font ce qu'il y a de plus inté » reffant à Paris ".

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Seroient-elles donc fi aimables & fi at. tachantes, fi elles manquoient des agrémens & des qualités qui font l'apanage le plus naturel de leur fexe, & qui ont le: plus de pouvoir fur nous; fi elles manquoient de douceur de modeftie & de Ces graces qui ne font point un art? Si Mde. la P. de G*** a vu avec tranfport les Arts de l'Italie,je 'crains qu'en France elle n'ait vu les hommes avec un peu d'hu

meur.

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Tous les foirs les femmes y paroif

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" fent (aux Champs Élifées) habillées de » blanc, car nous ne portons plus d'autre, » couleur. On veut avoir l'air de la can» deur lorfqu'on a perdu l'innocence; elles » ont fenti que les graces fimples & mo» deftes ont un charme qui féduit, même » les hommes les plus corromputs & les plas infenfibles. Voilà comment le raffinement de la coquetterie nous ramène à la fimplicité de la Nature. Il me fembloit voir, lorfqu'elles fe promenoient » en robe de gaze blanche, que les Zéphics agitoient, il me fembloit voir en elles » des ombres inquiètes de leur deftivée. Elles n'avoient point ce calme que donne » la jouiffance du vrai bonheur, & la tranquillité qu'infpire ce lieu paifible. Inquiètes, agitées, elles avoient l'air de » regretter ou de défirer autre chofe«.

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Mde. la P. de G*** youdroit elle qué notre promenade des Champs Elifées pros duisit le même effet que l'Elifée de la Fable, & portât dans les cœurs cette tranquillité profondément apathique qui ne convient qu'à des ombres, & donne même un air fi infipide à celles que nous voyons paffer & repaffer fous les décorations de l'Opéra? Elle eft fâchée que nos femmes en fe promenant ayent l'air de regretter ou de défirer quelque chofe; & qu'y a-t-il donc de mieux à faire ici bas? il faut bien nous contenter de ce partage, jufqu'à ce que nous foyons devenus des intelligences célestes."

BS

Le féjour de Naples a fourni à l'Auteur des idées fur la Mufique qui peuvent faire naître quelques réflexions dans l'efprit des

amateurs.

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par

J'ai perdu ici l'opinion où j'étois que Naples fût la patrie de la Mufique, com» me on le croit généralement. Le chant défagréable du peuple qui ne confifte que dans des fons confus & mal articulés, fon organe dur, fon intonation toujours fauffe, tout cela m'a fait connoître que fi Naples cût la primauté fur toutes les villes d'Italie 23 - dans cet Art agréable, c'est fes écoles muficales , qui donnèrent des Muficiens » célèbres à toute l'Europe, & non pas » cette henteufe organisation qui diftingue les autres peuples d'Italie. On dit pourtant que dans certaines provinces du 2 royaume de Naples, le peuple eft mieux organifé, & laille encore un peu deviner fon origine grecque. Aprile, mon Maitre de chant l'un des plus célèbres Chanteurs d'Italie, né dans une de ces provinces, m'a dit, que le chant de ces peuples eft fi bean, fi agréable, leur or gane eft fi flexible, & leur intonation fi jufte & fi parfaite, qu'il a paffe fou vent des nuits eutières à les entendre chanter. La plupart des modulations de leurs airs reffemblent parfaitement à l'ancienne Malique Italienne, qui eft la

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Mufique par excellence, & que les Italiens pourroient bien avoir imitée des Grecs, qui ayant excellé dans tous les Arts "avoient fans doute atteint la perfection » dans celui-ci, où il ne faut pas moins » de génie & d'imagination que dans les autres ce qui me le feroit croire, c'est » que les peuples de ces contrées, ancien»nement Grecs, confervent encore un » chant parfait, & qui a très-peu de rap"port avec le chant de la nouvelle Mufique » Italienne.

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J'ai examiné plufieurs de leurs airs ; »il feroit à défirer pour la perfection » de l'Art, que les nouveaux Maîtres de "Mufique Italienne imitaffent ee goût fim"ple & fubljine, cette mélodie fans prétention, pleine d'expreflion & de naturel & quia je, ne fais quoi d'antique, " & refpire le bon & le vrai goût

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! J'ai fait à ce fujet une remarque, qu ne me laiffe prefque aucun doute fur la véritable origine de la Mufique Italienne. En examinant les airs du peuple des provinces de Naples, j'ai trouvé qu'ils "avoient beaucoup de rapport, & même alde reffemblance avec ceux que chantent

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les Payfans des canipagnes de Marfeille, » qui coume Naples, eft une Colonie Grecque. La compofition des uns & des "autres de ces airs eft abfolument la mê me, & ne paroît différer, quand on

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les entend fans les lire, que par la » différente manière de chanter , qui » chez les Provençaux, eft groffière & barbare, & dans les peuples des provinces de Naples a une fineffe, une "grace, une délicateffe dans les modula» tion's, prefque inimitable. Je penfe » donc que l'ancienne Mufique Italienne » n'eft qué la Mufique Grecque régénéréo ».

Je laiffe ces idées à difcuter à ceux qui font en état de les apprécier, & je me contente, par amour pour l'Antiquité, de défirer qu'elles foient vraies. En voici fur les hôpitaux qui ne me paroiffent pas jus

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Les hôpitaux (à Gênes) font des pa"lais conftruits & décorés avec la plus gran» de magnificence; que d'humanité dans "ce luxe qu'il eft beau de faire oublier; même un inftant, la mifère, quand on ne peut pas entièrement la foulager! elle fe fair là au moins illufion perd le fouvenir d'elle même. Cette illu fon, en adouciffant les bleffures de l'ame, guérit fouvent le corps. Que j'aime ce luxe que je le refpecte fi j'étois Souveraine, la maifon des pauvres feroit le plus beau de mes Palais.

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Je ferois, je l'avoue, tout le contraires on trouveroit tout dans les hôpitaux, excepté le luxe. Pourquoi rappeler le fuperAu à ceux qui ne doivent même le né

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