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Voilà de plaifans Républicains! La liberté & le courage font pour eux ce qu'eft la vertu & la chafteté pour les » courtifanes. Mais favez-vous où on trou» ve la force, la hardieffe & la grandeur républicaine fur la toile & dans le marbre. On pourroit prefque dire que les Artiftes ont été ici les vrais Républicains, puifqu'ils ont fu donner une forte de gloie à cette République, en élevant » dans la Capitale des monumens de magnificence, qui, joints au merveilleux de "fa-fituation, en font la plus étonnante ville du monde. Ainfi le génie a fait » pour l'orgueil te qu'il auroit dû faire » pour le bonheur, & la verru; mais il a fait ces prodiges en parlant à l'ame les fens. Ge langage fur tout eft bien éloquent dans les temples; le marbre » & la toile y refpirent; leur expreffion communique à l'ame l'enthoufiafme qui l'a produite. Les Italiens ont bien "raifon d'être dévots; leurs temples fone » fi impofans, fi magnifiques, les fens font fi heureux, que l'on devient dévot fans s'en appercevoir. Le pauvre y va » au moins oublier fa chaumière, & fe "diftraire de fa mifère, en contemplant "des chef-d'œuvres dont fes fens lui donnent la propriété.

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Le mérite de la diction eft toujours trèsremarquable chez un Auteur qui n'écrit pas BA

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dans fon idiome naturel; mais il l'eft id d'autant plus qu'on y diftingue des nuan ces d'une fingulière delicateffe. J'ai vu ce » matin le palais du Roi, il n'a guère » l'air royal; c'eft un grand édifice fans aucune décoration extérieure, & qui a l'air ancien fans avoir l'air antique « Voilà ce qu'on appelle un fynonyme par faitement indiqué. Ce qui a l'air ancien ne montre que l'ouvrage du temps; ce qui a l'air antique montre celui de l'Art qui imité la belle Nature & le bon goût de l'any tiquité. Il faut pardonner à la critique de he pas manquer une occafion d'inftruire fans cela je me ferois bien gardé de définis ce que Mde. la P. de G. laiffe fi agréable ment à deviner. Elle laiffe percer de temps en temps fa prédilection pour fa Patrie, & fans doute on ne lui en fera pas un reproche, Voici un paffage bien contraire à de vieux préjugés trop répandus fur l'ef pèce d'efclavage où l'on a fuppofé longtemps que les Italiennes étoient condamnées, préjugés détruits aujourd'hui, il est vrai, foit que les voyageurs ayent été mieux inftruits, foit que les mœurs ayent changé. L'Italie eft la patrie des femmes; c'eft là qu'elles font chéries & refpectées, que la loi les protège, les favorife, & » que les hommes, loin d'exercer fur elles un empire dur & tyrannique, baifent les chaînes avec lefquelles nous les "lions".

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Ceux qui ont pris à la lettre ce qu'on a répété fi fouvent, que la France étoit le paradis des femmes, feront un peu étonnés de ce que dit ici Mde. la P. de G***. Il eft pourtant très vrai qu'il n'y a point de pays en Europe où les femme foient en effet plus généralement libres & heureufes qu'en Italie. L'Auteur ne traite pas trop bien celles de Paris, ni la fociété de cette capitale.

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Pourquoi cette Nation Françoife f » aimable & fi brillante, a-t-elle changé de "caractère? Que je regrette fa franchise, fa loyauté, la gaîté, & même fa frivo »lité qu'elle a abandonnée pour une philofophie adolefcente qui ne va point au bonheur, & pour une raifon qui les empêche de rire! On devient gauche lorfque l'on quitte fon naturel; & leur efprit à préfent n'eft plus qu'une raison " ornée. Quel dommage!

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Si une femme ouvre la bouche, au » lieu de répandre des fleurs & des graces, au lieu d'une narration où régneroit l'ai"mable défordre de l'imagination c'eft » une description méthodique froide > " qui ne vous montre ni les chofes ni les hommes, tableau dont les figures mamquent de vie & de couleur ; le fentiment meurt en fortant de leur bouche & leur imagination éteinte fait de l'efprit un perfonnage aufli grave, auffi

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férieux

que la raifon. Peignent elles les plaifirs champêtres, ou les horreurs d'un » naufrage, ce font les mêmes couleurs » les mêmes nuances, les mêmes ombres; » leurs accens, leurs yeux, leurs geftes, » l'inflexion de leur voix, & leurs expref » fions ne changent ni ne varient avec le fujet; on croiroit, à les veir, que c'est toujours la même chofe qu'elles racontent. Leur organifation eft pen délicate. » J'ai même trouvé en elles notre fexe un pen effacé leur phyfionomie a du carác tère, mais ce n'eft pas celui des femmes. Ce font des rraits fortement deflinés mais peu délicats; la vivacité est dans leurs yeux, l'expreffion du fentiment y manque; elles ont la voix forte mais elles cachent ce défaut en parlant bas. Sans cet artifice on croiroit quelquefois entendre la voix d'un homme; elles font en général grandes, bien fai»tes, fveltes, & poffèdent par excellence » l'art de s'embellir & celui des Graces.

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Elles ne m'ont pourtant pas paru coquer»tes il m'a femblé , au contraire, voir dans leurs yeux qu'elles regardent la coquetterie comme une perte de temps. Quelques-unes ont auffi, comme certains Philofophes, leur athéifine; elles ne croient plus à l'amour, & n'ayant pas le coeur de leur Amant à étudier, elles étudient le corps humain. Cette fcience » a pour elles quelque chofe de plus réel;

» le défaut ou le dégoût de la fenfibilité » fait courir aux objets phyfiques.

D'abord, qu'est-ce donc que l'efprit, fi ce n'eft pas la raifon ornée ? & puis, toutes ces qualifications générales font par elles mêmes très-fufpectes d'injuftice. En fuppofant que l'Auteur ait toujours bien obfervé, il s'enfuivroit feulement que tel étoit le plus grand nombre des femmes qu'elle a rencontrées, & cela même n'est guère croyable, vu l'efpèce de fociété qu'elle devoir voir, & qui devoit être en général la mieux élevée. Ce qu'elle dit de leur voix forte ne tient-il pas à ce à ce que l'accent de la langue Italienné et plus doux que celui de la nôtre? Tous les reproches contenus dans cet article font à peu près ceux que Rouffeau énonçoit bien plus durement dans fon Héloïfe; je ne les crois pas deftitués de tout fondement, mais fort exas gérés. Il eft vrai que les Françoises ont communément plus de vivacité que de douceur mais il eft rare que parmi celles qui ont reçu de l'éducation & ce font celles-là qu'il faut juger), cette vivacité aille jusqu'à la dureté. Plufieurs ont un fon de voix fi doux qu'on ne croit pas qu'il foit poffible de tromper avec un tel parler; il eft un de leurs plus grands charmes, & malheureu fement c'est un des grands moyens de tromper mieux. Quant à leur manière froide le raconter ou de décrire,jene comprends riem

de

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