J.J. Rousseau et ses amies

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L. Chailley, 1896 - 305 pages
 

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Popular passages

Page 171 - Je n'avais pas fait vingt pas que les mêmes souvenirs et tous les accidents qui en étaient la suite revenaient m'assaillir sans qu'il me fût possible de m'en délivrer, et de quelque façon que je m'y sois pu prendre, je ne crois pas qu'il me soit jamais arrivé de faire seul ce trajet impunément.
Page 173 - ... les mouvements de mon cœur, un langage vraiment digne d'eux. Ce fut la première, et l'unique fois de ma vie; mais je fus sublime, si l'on peut nom-mer ainsi .tout ce que l'amour le plus tendre et le plus ardent peut porter d'aimable et de séduisant dans un cœur d'homme.
Page 102 - Madame la comtesse d'Houdetot approchait de la trentaine, et n'était point belle; son visage était marqué de la petite vérole; son teint manquait de finesse, elle avait la vue basse et les yeux un peu ronds : mais elle avait l'air jeune avec tout cela, et sa physionomie, à la fois vive et douce, était caressante. Elle avait une forêt de grands cheveux noirs, naturellement bouclés, qui lui tombaient au jarret...
Page 177 - ... les deux premières parties de la Julie, que je fis et mis au net durant cet hiver avec un plaisir inexprimable, employant pour cela le plus beau papier doré, de la poudre d'azur et d'argent pour sécher l'écriture, de la nompareille bleue pour coudre mes cahiers...
Page 49 - J'oserai le dire, qui ne sent que l'amour ne sent pas ce qu'il ya de plus doux dans la vie. Je connois un autre sentiment, moins impétueux peut-être. mais plus délicieux mille fois, qui quelquefois est joint à l'amour, et qui souvent en est séparé. Ce sentiment n'est pas non plus l'amitié seule; il est plus voluptueux, plus tendre...
Page 172 - Ce fut dans ce bosquet qu'assis avec elle sur un banc de gazon, sous un acacia tout chargé de fleurs, je trouvai, pour rendre les mouvements de mon cœur, un langage vraiment digne d'eux. Ce fut la première et l'unique fois de ma vie ; mais je fus sublime...
Page 213 - C'est à cet éclaircissement que Rousseau a donné le nom de perfidie. Dès qu'il apprit que j'avais fait pour lui un aveu qu'il n'avait pas fait , il jeta feu et flamme , m'accusant de l'avoir trahi. Je l'appris ; j'allai le trouver. — Que venez-vous faire ici? me demanda-t-il. — Je viens savoir, lui dis-je , si vous êtes fou ou méchant.
Page 6 - J'étais au milieu de ma seizième année. Sans être ce qu'on appelle un beau garçon, j'étais bien pris dans ma petite taille; j'avais un joli pied, une jambe fine, l'air dégagé , la physionomie animée , la bouche mignonne...
Page 169 - N'en as-tu pas pris possession ? Tu ne peux plus t'en dédire, et puisque je t'appartiens, malgré moi-même et malgré toi, laisse-moi du moins mériter de t'appartenir. Rappelle-toi ces temps de félicité qui, pour mon tourment, ne sortiront jamais de ma mémoire. Cette flamme invisible dont je reçus une seconde vie plus précieuse que la première, rendait à mon âme, ainsi qu'à mes sens, toute la vigueur de la jeunesse. L'ardeur de mes sentiments m...
Page 138 - Elle vint; je la vis: j'étais ivre d'amour sans objet : cette ivresse fascina mes yeux, cet objet se fixasur elle ; je vis ma Julie en Mme d'Houdetot, et bientôt je ne vis plus que Mme d'Houdetot, mais revêtue de toutes les perfections dont je venais d'orner l'idole de mon cœur.

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