Mais lui, comme il n'est plus qu'une froide statue, tout nettement, refusé l'entrevue. Il a, Moi, qui ne suis point fait à de telles rigueurs, monde, Si le cœur vous en dit.... HAMILTON, l'interrompant. Va, fais qu'on te réponde; Instruis-toi de leurs noms.... Mais est-il averti? DUMON T. Oui, j'ai fait annoncer que vous êtes ici. Il promene ici-près sa rêverie austere. De ses meilleurs amis éviter l'entretien, Tout fuir, jusqu'aux plaisirs ? Tout cela n'étoit rien! HAMILTON.. Mais que peut-il avoir? Quelle seroit la cause.... DUMONT, l'interrompant. Il seroit trop heureux s'il avoit quelque chose ! HAMILTON. De ce voyage, au moins, dit-il quelque sujet ? Bon parle-t-il encor! se taire est sa folie. Voilà ce qui m'afflige, et non sans fondement! Grave dans ses travers, tranquille en sa manie, Il n'auroit autrefois reçu qu'avec transport J SCENE II. SIDNEY, HAMILTON. HAMILTON. 'AI voulu le premier vous faire compliment, Ami. C'étoit trop peu qu'écrire simplement; Et je viens vous marquer, dans l'ardeur la plus vive, Je vais vous avouer, avec cette franchise Que j'aurois mieux aimé, je vous le dis sans fard, HAMILTON, l'interrompant. Je vous laisserois seul dans vos tristes forêts? Je ne vous conçois pas ! Cet emploi qu'on vous donne, Pour en remercier, vous demande en personne, Quoi! restez-vous ici ? SIDNEY. Je ne vous cache pas Que, dégoûté du monde, ennuyé du fracas, Fatigué de la Cour, excédé de la Ville, HAMILTON. Mais enfin, au moment où vous êtes placé, Et, sur quelques motifs que votre goût se fonde, Ces spectacles d'humeur, qu'on soutient rarement. Pour s'éloigner du bruit, pour trouver le repos, Mais, parlez-moi plus vrai; d'où vous vient ce dessein? Quel chagrin avez-vous ? SIDNEY. Moi, je n'ai nul chagrin, Nul sujet d'en avoir ! IIA MILTON. C'est donc misantropie? Prévenez, croyez-moi, cette sombre manie! SIDNEY. Je ne hais point les hommes. Ami, je ne suis point de ces esprits outrés, De leurs contemporains ennemis déclarés, Qui ne trouvant ni vrai, ni raison, ni droiture, Meurent, en médisant de toute la nature. Les hommes ne sont point dignes de ce mépris. Il en est de pervers; mais, dans tous les pays Où l'ardeur de m'instruire a conduit ma jeunesse, J'ai connu des vertus, j'ai trouvé la sagesse; J'ai trouvé des raisons d'aimer l'humanité, De respecter les noeuds de la société, Et n'ai jamais connu ces plaisirs détestables D'offenser, d'affliger, de hair mes semblables. HAMILTON. Pourquoi donc à les fuir étes-vous obstiné? SIDNEY. Qu'auricz-vous fait, vous même ? Aux ennuis con damné, Accablé du fardeau d'une tristesse extrême, Réduit au sort affreux d'être à charge à moi-même, J'épargne aux yeux d'autrui l'objet fastidieux D'homme ennuyé par-tout, et par-tout ennuyeux. |