Si nous avions long-tems à rêver dans ce gîte, SIDNEY. Une table, une plume. Dumont lui approche une table, sur laquelle il y a tout ce qu'il faut pour écrire.) SIDNEY, seul, s'asseyant près de la table. DEPUIS EPUIS qu'à ce parti mon esprit s'est rangé, Du poids de mes ennuis je me sens soulage. Nulle chaîne, en effet, n'arrête une ame ferme ; Et les maux ne sont rien quand on en voit le terme... (Il se met à écrire,) (Après avoir écrit quelques lignes. ) O vous que j'adorai, dont j'aurois toujours dû Vous verrez que mon cœur regretta nos liens ! Il ne trahira point les soins dont ma tendresse Le charge, en expirant, dans ces traits que je laisse. (Il continue d'écrire.) SCENE V I. DUM O. N T, SIDNEY. DUMONT. MA requête, Monsieur, touchant notre retour, (A quoi vous répondrez, on ne sait pas le jour) (Il met les lettres sur la table.) (A part.) M'avoit fait oublier ce paquet.... Il envoie, Sans doute, un homme à Londre; usons de cette voie. (Il prend une plume qu'il taille.) SIDNEY, écrivant. Que vas-tu faire? DUMONT. Moi? mes dépêches. Parbleu ! Il faut mander, du moins, que je suis en ce licu. Croyez-vous qu'on n'ait point aussi ses connoissances? SIDNEY. Console-toi, demain Londres te reverra. DUMONT. Vous me ressuscitez! j'étois mort sans cela! SIDNEY, continuant d'écrire. Tu ne te fais donc point au pays où nous sommes ? DUMONT. Moi j'aime les pays où l'on trouve des hommes, Je me trouvois à Londre aussi-bien qu'à Paris. Ma foi nous faisons bien de partir promptement SIDNEY. Tu pars; je reste, moi. DUMONT. Quel chagrin vous inspire Ce changement d'humeur, cette haine de tout, Il est piquant pour moi, qui n'ai point de querelles, Parce que vous boudez, ou qu'on vous a quitté! SIDNEY, sans l'écouter. Chez Milord Hamilton tu porteras ma lettre. DUMONT. C'est de lui le paquet qu'on vient de me remettre. Sur l'adresse, du moins, je l'imagine ainsi. SIDNEY. Comment! par quel hasard me sait-il donc ici ? Il lit bas une des lettres du paquet, et laisse les autres sans les ouvrir.) (Après avoir lu.) Il me mande qu'il vient; mais j'ai quelques affaires Que je voudrois finir en ces lieux solitaires. Il faut, en te hâtant, l'empêcher de partir. DUMONT. DUMON T. Et vous laisser ici rêver, sécher, maigrir, Après les avoir lues toutes, et lui en présentant une.) SIDNEY, après avoir lu. Et j'ai ce Régiment.... DUMONT. Oui, Je ne me sens pas d'aise!... Allons, Monsieur, je vais préparer votre chaise. Sans doute, nous partons. Il faut remercier.... Mais quel est ce mysterę? Il est bien singulier Qu'après tant de desirs, de poursuites, d'attente, Obtenant, à la fin, l'objet qui vous contente, Vous paroissiez l'apprendre avec tant de froideur! SIDNEY, se remettant à écrire, Es-tu prêt à partir? J'ai fait. DUMONT. Sur mon honneur, Je reste confondu! Cet état insensible, Votre air froid, tout cela m'est incompréhensible; |