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dele. Grand exemple de modestie, qu'il faut d'autant plus louer qu'il sera peu suivi en pareil

cas.

Pendant la quinzaine d'années que GRESSET est resté à Paris, il avoit fait quelques petits voyages à Amiens, pour y voir sa famille. Dans un de ces voyages, il étoit devenu amoureux d'une Demoiselle Galland, fille d'un Négociant de cette Ville, qui en avoit été Maire, et de la même famille qu'Antoine Galland, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Professeur au Collége Royal, et célebre par sa connoissance profonde des Langues Orientales et par sa traduction des Contes Arabes des Mille et une Nuits.

Cette Demoiselle étoit d'un grand mérite, et joignoit à beaucoup d'esprit un caractere doux et enjoué. GRESSET demanda et obtint sa main. La bénédiction nuptiale leur fut donnée, le 22 Février 1751, par l'Évêque d'Amiens, qui jusqu'à sa mort, arrivée trois ans avant celle de GRESSET, l'honora de l'amitié la plus intime et la plus constante.

Une grande conformité de caractere et de goûts les attacha facilement l'un à l'autre. Ils

étoient tous les deux fort gais. Ils aimoient les Contes plaisans et les Épigrammes ; et ils avoient beaucoup de talent pour en faire. GRESSET a composé seul des milliers de Contes, qui étoient autant de petits Poëmes, variés à l'infini, et plus de dix mille Epigrammes, dans le nombre desquelles il y en avoit quelques-unes où le Marquis de Chauvelin avoit en quelque part; mais rien n'en a été conservé, et ces petits Ouvrages ne sont connus que des personnes qui les ont entendu réciter dans les sociétés dont ils faisoient les délices.

L'Évêque d'Amiens étoit le seul qui fût en état de lutter contre GRESSET dans le genre du Conte. Ils se trouvoient souvent ensemble chez le Duc de Chaulnes, avec lequel ils étoient fort liés, et ils y faisoient assaut à cette sorte d'escrime, pendant cinq à six heures de suite. On oublioit le dîner ou le souper pour les entendre. Ils excitoient dans tout le monde un rire qui alloit quelquefois jusqu'à la convulsion. GRESSET avoit surtout une facilité incroyable. Depuis l'âge de trente ans, il écrivoit currente calamo, en vers comme en prose.

Avec tant de moyens de briller dans le monde,

et d'y paroître supérieur au grand nombre, personne ne s'y montra jamais ni plus simple, ni plus modeste que lui. Il cherchoit toujours à se mettre à la portée de chacun et à le faire valoir, autant qu'il lui étoit possible, même à ses propres dépens: aussi, s'occupant moins de lui que des autres, loin que son esprit et ses talens effarouchassent la multitude, et qu'il fût jalousé par personne, il étoit généralement aimé.

Il jouissoit, surtout, de ce bonheur au milieu d'une famille nombreuse, qu'il chérissoit ; mais, de tous ceux qui la composoient, ce fut une de ses sœurs, qui a épousé M. Marié de Toulle, de Foucaucourt, Chevalier de SaintLouis et Capitaine-Commandant au Régiment de Grammont Cavalerie, qu'il aima le plus, et dont il fut le plus chéri. C'est cette tendre sœur qui vint lui donner ses soins pendant une maladie longue et dangereuse qu'il eut à Paris, et à la. quelle il adressa ensuite sa belle Epître sur sa convalescence.

Madame de Toulle étoit digne, en tout, de cette préférence. Elle réunissoit à toutes les vertus et aux qualités d'un esprit vif et juste et d'un cœur

étoient tous les deux fort gais. Ils aimoier Contes plaisans et les Épigrammes ; et ils av beaucoup de talent pour en faire. GRESS composé seul des milliers de Contes, qui ét autant de petits Poëmes, variés à l'infini, e de dix mille Epigrammes, dans le nombr quelles il y en avoit quelques-unes où le M: de Chauvelin avoit en quelque part; ma n'en a été conservé, et ces petits Ouvrag sont connus que des personnes qui les or tendu réciter dans les sociétés dont ils fai les délices.

L'Évêque d'Amiens étoit le seul qui état de lutter contre GRESSET dans le gel Conte. Ils se trouvoient souvent ensemble le Duc de Chaulnes, avec lequel ils é fort liés, et ils y faisoient assaut à cett d'escrime, pendant cinq à six heures de On oublioit le dîner ou le souper pour !

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et d'y paroître supérieur au grand nombre, personne ne s'y montra jamais ni plus simple, ni plus modeste que lui. Il cherchoit toujours à se mettre à la portée de chacun et à le faire valoir, autant qu'il lui étoit possible, même à ses propres dépens: aussi, s'occupant moins de lui que des autres, loin que son esprit et ses talens effarouchassent la multitude, et qu'il fût jalousé par personne, il étoit généralement aimé.

Il jouissoit, surtout, de ce bonheur au milieu d'une famille nombreuse, qu'il chérissoit ; mais, de tous ceux qui la composoient, ce fut une de ses sœurs, qui a épousé M. Marié de Toulle, de Foucaucourt, Chevalier de SaintLouis et Capitaine-Commandant au Régiment de Grammont Cavalerie, qu'il aima le plus, et dont il fut le plus chéri. C'est cette tendre sœur qui vint lui donner ses soins pendant une maladie longue et dangereuse qu'il eut à Paris, et à la quelle il adressa ensuite sa belle Epitre sur sa convalescence.

Madame de Toulle étoit digne, en tout, de cette préférence. Elle réunissoit à toutes les vertus et aux qualités d'un esprit vif et juste et d'un cœur

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