1/10-1927 V.I Ε DE GRES SE T. JEAN EAN-BAPTISTE-LOUIS GRESSET, né à Amiens , en 1709 , étoit fils d'un Conseiller du Roi, Commissaire-Enquêteur et Examinateur au Bailliage de la même Ville, qui en fut aussi Échevin , et d'une descendante du célebre Physicien Rohault. - La famille de GRESSET est originaire d’Angleterre , et elle vint, dans le siecle dernier, s'allier en France, aux meilleures familles Bourgeoises d'Amiens. GRESSET fit ses humanités chez les Jésuites de cette Ville , qui frappés des grandes espé. rances qu'il donnoit ; voulurent l'attacher à leur Société. Composée , en grande partie , de Gens-deLettres , tous les jeunes gens dont cette Société avoit dirigé l'éducation et qui montroient quelques heureuses dispositions, étoient sollicités à s'unir à elle. Sans avoir de vocation, GRESSET ne montra point d'abord de répugnance pour la vie monastique ; et à seize ans il commença son noviciat. Après l'avoir fini, il vint à Paris achever ses études ; puis il alla successivement professer les humanités à Moulins, à Tours, à Rouen et à la Fleche. Né Poëte, il employoit tous ses momens de loisir à cultiver la Poésie , pour laquelle il se sentoit un penchant irrésistible ; et, depuis 1730 jusques en 1735, il publia plusieurs Pieces de vers , telles que des Epîtres, des Odes et son charmant Poëme de Veri-Vert. Ce Poëme fut traduit , en vers latins, par un anonyme , et M. Raux , Émailleur , le mit en figure et en action. M. Bertin , Ministre et Secrétaire d'État , ayant les Manufactures Royales dans son département , fit faire , depuis, à celle de Porcelaine de Seve, un cabaret à café dont toutes les tasses et soucoupes, élégamment peintes et dorées , représentent l'histoire de VertVert, et les divers attributs des autres Ouvrages de GRESSET, à qui il envoya ce cabaret , en présent. GRESSET appeloit ce cabaret l'édition de ses Euvres, faite à Seve. Veri - Vert suscita quelques tracasseries à GRESSET de la part des Religieuses qu'il avoit si bien peintes dans cet agréable Ouvrage, er lui attira des désagrémens dans sa Société, qui le déterminerent à s'en séparer. Il rentra dans le monde , et vint se fixer, pour quelque tems, à Paris. Depuis cette époque, entiérement livré aux Lettres , on sait combien il se distingua parmi le petit nombre de Poëtes vraiment dignes de ce nom. Ses productions firent les délices des gens de goût; et toutes celles qu'il a rendues publiques sont si généralement connues, elles ont été jusqu'à présent l'objet d'une prédilection si universelle que nous n'en pourrions rien dire d'avantageux qui ne fût infiniment au-dessous de ce que les Lecteurs en pensent. La plupart des Ouvrages de GRISSET furent imprimnés séparément, à mesure qu'il les composoit , dans les Journaux du tems ; puis une grande partie fut recueillie, de son vivant, es |