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nales ne sont pas conservées (1). La disposition de ce plastron rappelle un peu celle figurée par M. Seunes pour son S. Bouillei, mais elle est plus complètement alterne et méridosternienne; elle place mon oursin bien près des vrais Cardiaster.

Ce travail était terminé lorsque le hasard a fait tomber entre mes mains un échantillon complet d'une très rare espèce, le Cardiaster tenuiporus Cotteau du Sénonien de Saint-Paterne.

L'échantillon que j'ai sous les yeux correspond absolument aux figures et descriptions données par M. Cotteau dans ses Echinides de la Sarthe (p. 312, pl. LII, fig. 5, 6), mais il est beaucoup plus complet et on reconnaît immédiatement que l'espèce est munie d'un fasciole marginal distinct qui fait le tour complet de l'oursin; le péristome large, subcirculaire, s'ouvre à une certaine distance du bord et est dépourvu de lèvre saillante; la face postérieure relativement haute est tronquée, mais sans area sous-anal excavé comme celui des Hemipneustes. Cet oursin est évidemment très différent du Cardiaster tenuiporus adéte de la Dordogne, et c'est avec raison que, séparant les deux types, j'avais donné à ce dernier le nom d'Hemipneustes Cotteaui (Lambert in Peron. Noles pour l'histoire du Terrain de craie, p. 275).

L'espèce de la Sarthe par sa forme générale et les caractères de sa face inférieure serait plutôt voisine du C. transversus Cotteau de la craie du Sud-Ouest ; elle ne peut cependant être confondue avec lui et s'en distingue à première vue par son sommet plus excentrique en avant, ses ambulacres bien plus étroits, plus effilés vers l'apex et dont les postérieurs offrent une structure très différente, avec zones porifères plus longues, semblables à celles des ambulacres antérieurs pairs et composées de branches hétérogènes. Chez le C. transversus les ambulacres postérieurs sont larges, courts et formés de branches homogènes. Pour plus de précision je dirai que chez le C. tenuiporus les pores de I. a. sont bien visibles et les externes plus allongés que les internes, tandis que ceux de I. b. sont microscopiques, les internes arrondis aussi bien que les externes. Au contraire chez C. transversus, les pores de I. a. sont semblables a ceux de I. b. et dans les deux

(1) L'échantillon examiné permet de reconnaître, sous un grossissement médiocre, la structure intime des plaques du plastron, formées d'un réseau calcaire à mailles larges et disposées en faisceaux qui s'irradient du centre de la plaque vers son pourtour externe. Il est intéressant de comparer cette structure avec celle analogue signalée par M. Gregory chez son Cystechinus crassus. (Quat. journ., nov. 1889. vol. XLV, p. 640 et 643, fig. 3).

branches les internes sont moins allongés et moins développés que les externes. Enfin, autant qu'on en peut juger sur l'échantillon que m'a donné M. Arnaud, le plastron du c. transversus m'a paru composé de plaques complètement alternes.

Le plastron du C. tenuiporus présente une structure particulière et fort intéressante: le labrum très large, mais très réduit en hauteur, s'avance peu sur le péristome et ses extrémités prolongées en pointes de croissant s'étendent surtout du côté de l'ambulacre V. La grande sternale 2 paraissant seule en contact avec lui semble s'étendre d'un bord à l'autre de l'aire 5 et forme une partie importante du plastron. Les autres sternales, 2, 3', 3 et les épisternales 4, 4 à peu près semblables, cunéiformes, alternent, sans atteindre respectivement le bord opposé de l'aire impaire.

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FIGURE 21.

Fig. 21.

Plastron du Cardiaster tenuiporus Cotteau du Sénonien de Saint-Paterne, de ma collection, grossi trois fois, montrant la disposition cunéiforme des plaques. La portion de suture pointillée entre 2' et 2 est peu nette. La partie du labrum qui s'avance sur le péristome P. est légèrement mutilée.

Ce plastron, très différent de celui des Cardiaster précédemment examinés, offre un caractère archaïque prononcé et rappelle celui des Holaster néocomiens.

Le prolongement du labrum à la rencontre de la plaque 2, la disposition cunéiforme des autres sternales indiquent d'ailleurs

des rapports avec le plastron d'Hemipneustes (Spatagoïdes) striatoradiatus Leske. (Voir Lovén, On Pourtalésia, p. 92). L'espèce fasciolée de la Sarthe peut être considérée comme un intermédiaire entre les plus anciens types méridosterniens et l'adète Hemipneustes. La structure du plastron est ici encore en relation avec les caractères ambulacraires, l'alternance incomplète des plaques sternales correspondant avec un faible développement des zones porifères, dont la plupart sont composées de pores arrondis. Ce plastron était surtout intéressant à signaler parce qu'il nous montre, à une même époque, dans le groupe cyclodesmien des Cardiaster deux formes déjà nettement individualisées : l'une précédemment étudiée, avec plaques sternales complètement alternes, l'autre avec disposition cunéiforme bien différente et dont les relations phyllogéniques avec Holaster semblent plus étroites.

Si l'on applique pour les formes abyssales récemment découvertes les principes de classification basés sur les caractères tirés de l'examen du plastron et de l'apex, on groupera les divers genres de Spatangides d'une façon beaucoup plus heureuse que ne l'ont fait ceux qui se sont arrêtés à la formule porifère. La présence d'un seule pore par plaque ambulacraire au lieu de deux a certainement, au premier abord, une importance taxonomique considérable; elle en perd cependant beaucoup quand on se rappelle combien ce caractère est variable. L'existence de pores doubles par chaque assule ambulacraire est la règle pour presque tous les Échinides secondaires (1). Mais beaucoup de Spatangides plus récents commencent à s'y soustraire chez eux la formule porifère varie le zygopores restent doubles près de l'apex, vers l'extrémité postérieure du test et le plus souvent au voisinage du péristome; les autres s'atrophient et deviennent simples. C'est ce qu'il est facile d'observer chez Echinocardium, Lovenia, Brissopsis, Homolampas, Aceste, etc. Au contraire, les pores, plus ou moins développés, sont toujours doubles chez Micraster, Schizaster et chez les Hemiaster crétacés. On ne peut cependant attacher à cette atrophie à laquelle échappent certaines espèces d'un même genre (2) une importance capitale.

Le fait que l'atrophie porifère, constatée à l'ambitus, se produit chez certaines formes abyssales jusqu'à l'apex, perd ainsi la

(1) Excepté Hemipneustes.

(2) Ainsi Hemiaster gibbosus serait uniporifère à l'ambitus bien que les Hemiaster crétacés soient pourvus de pores doubles sur toute l'étendue des ambulacres.

valeur absolue que lui attribuait M. Pomel (Genera p. 39) et M. Duncan me paraît avoir avec raison relégué ce caractère au second plan.

La division primordiale de tous les Spatangides est pour moi celle qui les sépare en Amphisterniens et Méridos terniens. A ces derniers appartiennent encore certaines formes uniporifières et adètes comme Urechinus, Cystechinus et Calymne.

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FIGURE 22.

Plastron du Offaster hemisphæricus Lambert, grossi trois fois, d'après le type de l'espèce provenant de la craie M. à Belemnitella quadrata de Sens. (Voir p. 79). La grande sternale 2' prend une forme géométrique et un développement considérable; l'épisternale 3' affecte une disposition analogue à celle de la petite sternale 2 et l'épisternale 3 passe en fonction de préanale A. P. Axe antéro-postérieur.

FIGURE 23.

Plastron méridosternien du Urechinus Naresianus Al. Agassiz des grandes profondeurs océaniques (1200 à 1800 brasses) d'après Lovén (On Pourtalesia, pl. 21, fig. 239). La grande sternale 2' revêt une forme régulièrement géométrique; la petite sternale 2 ne se distingue plus de l'épisternale 3' que par son bord externe polygonal; l'épisternale 3 est définitivement transformée en préanale.

La disposition générale de ce plastron est la même que celui du 0. hemisphæricus en le supposant modifié par un redressement de son axe. - Comparer aussi avec Holaster nodulosus, fig. 14.

Le plastron d'Urechinus Naresianus A. Agassiz offre d'ailleurs un caractère assez spécial dû au grand développement et à la régularité géométrique de la sternale 2', qui se termine en double

biseau postérieurement, tandis que les plaques suivantes 2, 3', toutes deux également en contact avec la grande sternale, prennent la forme des épisternales d'Amphisterniens. La sternale 2 perd ainsi une partie de son importance dans la constitution du plastron et l'épisternale 3 passe en fonction de préanale. Cette disposition rappelle vaguement celle du plastron de l'Echinocorys vulgaris et davantage celle de l'Offaster hemisphæricus. Cependant chez ce dernier la grande sternale 2' est moins régulièrement tronquée en arrière, et surtout la sternale 2 atteignant presque le bord opposé de l'aire, 3' n'est plus en contact avec 2' que par son angle adoral externe. Enfin, chez les genres crétacés, les plaques sont plus ou moins cunéiformes et il y a toujours plusieurs préanales qui prennent part au plastron, tandis que chez Urechinus, en raison du grand développement de la sternale 2, l'épisternale 3 termine la série des plaques de la face inférieure de l'aire 5. Il y a là une disposition relative d'un caractère essentiellement moderne, rappelant un peu ce qui se passe chez les amphister niens des mers actuelles, et qui ne permet pas de confondre les Méridosterniens philobathes, apétalés, à plaques uniporifères avec leurs précurseurs crétacés subpétalés, à plaques biporifères.

Quant aux Apétalés uniporifères Amphisterniens, à apex compact, composés des genres Genicopalagus et Palæotropus, ils forment un petit groupe qui rappelle le faciès des Physaster de la craie comme Cystechinus rappelle celui d'Echinocorys. Les genres à pores doubles dans la partie pétaloïde de l'ambulacre, comme Erope, semblent d'ailleurs diminuer encore la distance qui sépare Physaster de Palæotropus. Il y a là un petit groupe de Spatangidæ qui comprendra : 1o Les genres anciens subpétalés, comme Physaster à fasciole inconnu (1), Coraster et Ornithaster prymnadètes, Ovulaster prymnodesmien, la plupart originairement placés à tort parmi les Ananchitide dans le voisinage d'Offaster. — 2o Quelques formes récentes à plaques ambulacraires encore partiellement biporifères et apex toujours ethmophractien, comme Erope prymnadète et 3o des types abyssaux, apétalés, uniporifères tels que Palæotropus prymnodesniien et l'adète GenicopatɅ

gus.

Entre ce dernier groupe de Spatangide et celui des Ananchitidæ apétalés, uniporifères s'intercalera naturellement la petite famille si singulière des Pourtalesidæ apétalés, uniporifères (2) à

(1) On devra peut-être réunir aux espèces de Physaster l'Offaster globulosus de Loriol du Sénonien de Camerino.

(2) Les pores sont encore doubles près de l'apex dans l'ambulacre impair chez P. Jeffreysi. (On Pourtalesia, pl. V. fig. 27).

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