Article 13 du Règlement intérieur. La Société, en admettant au Bulletin les articles communiqués par ses membres, n'entend ni er approuver le contenu, ni en prendre la responsabilité. LE CHEVALIER EON DE BEAUMONT La singulière et attirante figure que celle de ce Protée tonnerrois qui fut, pendant une partie de sa vie, M. le Chevalier, pendant l'autre, Mlle la Chevalière Eon de Beaumont! Tour à tour homme, femme (pour d'aucuns, même, tous les deux à la fois), agent secret, diplomate, soldat, écrivain, il joue tous les rôles, évolue à travers toutes les situations, toujours en haleine, toujours agissant, rire ou sarcasme aux lèvres, plume à la main, dague et casse-tête au poing. Parmi ceux qui se sont occupés de lui les uns l'ont glorifié, les autres l'ont flagellé. Lesquels croire? Ni ceux-ci, ni ceux-là peut-être..., à moins que des deux parts ils n'aient eu raison selon les cas. Le difficile est alors de faire le départ entre des jugements aussi opposés. Il n'est qu'un moyen d'y parvenir, - et nous l'emploierons c'est d'étudier sans parti pris et jour par jour, pour ainsi dire, ce caractère si complexe, si impressionnable et si passionné. Il est toutefois un point que l'on peut fixer sans plus attendre. La question tant débattue du vivant d'Eon, si l'on devait dire de sa personne il ou elle est résolue sans appel. Non, « cela ne fait pas un beau problème dans l'histoire », comme le prédisait Voltaire. Ce Chevalier qui paraît avoir gardé presque entière sa fleur de virginité, cette chevalière qui fumait, buvait et jurait comme un estafier allemand (1), ne fut ni « une Pucelle d'Orléans qui ne fut pas brûlée », ni même « une amphibie » (2). L'autopsie faite à Londres (1) Expression de Beaumarchais à propos de d'Eon. (2) Lettre de Voltaire au comte de Schomberg (2 novembre 1777). |