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RÉIMPRESSION

DE

L'ANCIEN MONITEUR.

TOME HUITIÈME.

PARIS. TYPOGRAPHIE DE HENRI PLON,

IMPRIMEUR DE L'EMPEREUR.

Rue Garancière, 8.

RÉIMPRESSION

DE

L'ANCIEN MONITEUR

SEULE HISTOIRE AUTHENTIQUE ET INALTÉRÉE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE

DEPUIS LA RÉUNION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX JUSQU'AU CONSULAT

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ÉDITION ORNÉE DE VIGNETTES, REPRODUCTION DES GRAVURES DU TEMPS.

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No 91.

GAZETTE NATIONALE OU LE MONITEUR UNIVERSEL.

Vendredi 1er AVRIL 1791.

POLITIQUE.

ALLEMAGNE.

De Vienne, le 14 mars. — Il est arrivé ici, dans la nuit du 12, un courrier de Schistow. Ces courriers font toujours événement, tant on attache d'importance à savoir si nous aurons enfin la paix, ou si la guerre continuera. Rien d'assuré ne transpire des dernières dépêches. On doute que la Porte veuille s'engager dans une troisième campa gne. D'une part les dispositions de la Russie sont formida bles; de l'autre les alliés de la Porte sont trop patients. Cependant le Grand-Seigneur fait ses préparatifs avec toute l'activité dont ses sujets sont capables; mais il est, dit-on, facile de comprendre qu'en attendant que ses alliés agissent de bonne foi S. H. songe moins à attaquer qu'à se défendre. Les recrues sont promptement ordonnées et lentement faites. Les ordres donnés pour la flotte ont été exécutés avec plus de promptitude: les désastres de ce côté ont moins frappé l'esprit des peuples.

Quant à notre médiation pour la paix entre la Russie et les Ottomans, elle serait plus active si nous n'étions véritablement que médiateurs. Nous sommes trop partie intéressée dans cette affaire pour y aller si vite. Si l'Angleterre voulait consentir que la médiation, plus conforme à nos succès dans la guerre, nous allouât Choczim, Belgrade et ses dépendances, et peut-être encore quelques districts dans la Valachie et la Croatie turque, alors, nous-mêmes étant aussi débonnaires en faveur de l'impératrice de Russie, les choses iraient sans obstacles, et il ne faudrait pas douter qu'une paix très-prochaine ne reculât le projet ténébreux d'un second partage, lequel exige beaucoup plus de soins et entraîne d'énormes difficultés.

Hier l'empereur, accompagné de l'archiduc palatin, est allé à Presbourg. S. M. s'est rendue à l'assemblée des états et leur a remis les articles ratifiés. Elle est revenue ici dans la nuit, et cette après-midi elle est partie pour l'Italie, accompagnée de la reine de Naples, du grand-duc et de la grande-duchesse de Toscane, et de l'archiduc palatin.

Le 7 de ce mois, l'archiduc Ferdinand a été proclamé à Florence grand-duc de Toscane. Une lettre de l'empereur, adressée au président du conseil de régence, a précédé l'ordre de la proclamation. Cette lettre est conçue en ces

termes :

Par un acte fait à Vienne le 29 juillet 1790, ayant cédé la souveraineté de la Toscane à mon fils, l'archiduc Ferdinand, et mon gouvernement finissant le jour même de la publication de cet acte, j'ai cru qu'il était de mon devoir, comme de la justice, de donner au militaire, à la noblesse, à la bourgeoisie, à la classe des employés, aux chefs des départements, nommément au conseil de régence, et enfin à toute la nation et à tout le peuple de Toscane, un témoignage public de ma sensibilité, de ma reconnaissance et de ma gratitude pour l'attachement qu'ils ont montré à ma personne, ainsi que pour le zèle, l'empressement et la bonne volonté avec lesquels les employés et tout le public ont constamment contribué et concouru au succès de tout ce qui a été entrepris sous mon gouverne ment. Je me flatte que les effets auront convaincu tout le monde que, bien loin d'avoir eu des fins secondaires et des vues particulières, je n'ai eu pour objet, dans toutes les peines que je me suis données, que le bien public et l'accomplissement de mes devoirs. Il est vrai que j'ai été récompensé de mes soins par le zèle et l'empressement du ministère et du public, qui se sont intéressés au succès de mes opérations. C'est ce qui me donne lieu d'espérer que mon fils, auquel je n'ai pas négligé d'inspirer les mêmes sentiments, trouvera dans tous les ordres cet attachement, cet amour et cette docilité qui forment le caractère de la nation. »

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Deuxième année de la Liberté.

aux états les réponses du roi son père; elles portent, relativement aux établissements des chancelleries de Transylvanie et d'Illyrie, que l'établissement particulier de la première n'était, d'après le diplôme de Léopold Ier, en aucune manière contraire aux lois fondamentales, et que l'établissement de l'autre ne sera autre chose que ce qu'était, sous Marie-Thérèse, la députation illyrienne, sans porter préjudice aux juridictions de la chancellerie et des autres tribunaux de Hongrie. Quant aux autres réclamations qui étaient purement de forme, S. M. a consenti aux changements proposés.

Les états ont arrêté de former pour l'armée six mille recrues; la conscription militaire cessera à l'avenir, et on établira un autre mode de compléter les régiments hongrois.

Le droit d'indigénat a été accordé au référendaire d'Etat le baron de Spielmann.

Dans les instructions que les états ont remises au comte d'Esterhazy, leur député au congrès de Schistow, on lui a enjoint de ne consentir à rien qui puisse blesser la dignité du roi et du royaume, de rejeter toute proposition qui pourrait être contraire aux droits et aux intérêts du royaume, et de veiller avec attention aux stipulations des affaires commerciales.

De Prague, le 16 mars. — On renouvellera ici un an. cien jeu chevaleresque lors du couronnement du roi : c'est un tournois tel qu'il a été en usage anciennement. Le maréchal et les autres officiers du tournoi sont nommés; le premier est le vieux prince Adam d'Anersperg; les chevaliers joûteurs seront au nombre de seize : le local a été choisi au pied de la montagne de Cistzka.

PRUSSE.

Notre cabinet est très-occupé De Berlin, le 15 mars. de ses nombreux rapports et de la variété de ses correspondances. Les dispositions de guerre se continuent; on est habitué ici juger de tout par là seulement : tout était autrefois militaire dans nos mœurs politiques et dans l'esprit du gouvernement. Le ministre qui travaille aujourd'hui d'après d'autres principes n'est guère contrarié par ce qu'on appelle l'opinion publique. On n'en sait pas si long. C'est donc à la cour uniquement que notre ministre éprouve des difficultés et sent des épines... Le roi a repris de la gaîté en revoyant M. de Bischoffwerder. Il est agréablement occupé à jouer la comédie. Sa Majesté doit se rendre le 21 à Potsdam, où il restera jusqu'à l'époque des revues.

Les chirurgiens des hôpitaux de l'armée dans la Prusse ont obtenu la permission de rester à Berlin jusqu'au mois de mai.

M. le comte de Bruchl, qui, par ordre de la cour, a quitté son poste à celle de Munich, est attendu ici incessamment.

PAYS-BAS.

De Bruxelles, le 25 mars. — - Les écoles publiques ont repris vigueur. Les études latines, auxquelles on attache une grande importance, vont être surveillées par deux ecclésiastiques, M. l'abbé Mann, secrétaire perpétuel de l'Académie, et le Père Janssens, Augustin. Les professeurs qui, pour la plupart, ont été occupés, dans le temps des troubles, à faire des pamphlets, reprennent leurs fonctions ordinaires.

On commence à se récrier contre la déclaration du général Bender. La ville de Gand réclame les priviléges nationaux contre une loi qui ordonne qu'un citoyen sera exécuté sans jugement; mais cette réclamation n'est point un acte du magistrat, c'est un ressentiment de l'opinion publique. Le maréchal Beaulieu est arrivé le 20 de ce mois dans la petite ville de Sodogne. Les habitants lui ont donné une fête dont les officiers de hussards en garnison dans cet endroit ont fait les honneurs.

Les états de Brabant seront convoqués pour le 4 avril. 1

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