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»Par-dessus tout cela, je te dirai que je ne me porte pas bien, et que j'aurais besoin de quinze jours de repos pour retourner au travail avec plus de force.

› Je t'observerai encore que la société populaire n'est composée que des administrateurs au nombre de cent cinquante : le comité de salut public va recevoir une belle adresse; mais j'aimerais mieux des effets que des paroles: tous ces patriotes se réunissent à présent pour combattre le rapport de Fouché, qui a dit de grandes vérités. Je leur observai, il y a quelques jours, qu'il valait bien mieux s'attacher à bien administrer, et à faire le bonheur du peuple, que de s'occuper à réfuter des écrits, et que c'était la meilleure réponse à faire pour détruire tout soupçon et terminer toute querelle particulière, qui n'est vraiment qu'une querelle de ménage. Signé REVERCHON. »

Le même au même.

« Le 23 germinal (12 avril).

» Au nom du salut de la patrie, il faut que le comité de salut public, que la Convention nationale prennent dans la minute une mesure assurée pour que les représentans du peuple à CommuneAffranchie obtiennent cette force imposante et morale dont ils ont besoin pour arrêter les abominables projets des prétendus patriotes qui nous trompent chaque jour. Les chefs sont à Paris ; nous avons déjà saisi les correspondans, d'après les avis que nous avons reçus du comité de sûreté générale de la Convention.

› Nous sommes entourés de voleurs, de scélérats, qui, sous le nom d'amis de Châlier, veulent tout écraser et envahir. Nous faisons passer au comité de sûreté générale et au comité de salut public toutes les pièces à l'appui. Mettez-vous plus que jamais en garde contre les prétendus patriotes lyonnais qui veulent égarer l'opinion publique jusqu'au sein des Jacobins, pour couvrir leur scélératesse, qu'ils veulent rejeter sur les patriotes des autres départemens. Chaque jour ils me font menacer. Je ne crains pas

leurs poignards, parce que la masse du peuple ne veut bien, et se soumettre à la volonté du gouvernement.

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que le

» Nous travaillons avec la plus grande activité à préparer tout pour réorganiser et faire marcher le gouvernement révolutionnaire.. Prends communication de tout, soit de Fouché, soit du comité de salut public et du comité de sûreté générale, et tu verras quelle trame ourdie se suivait sous le nom des amis de Châlier. Nous veillerons jour et nuit, et nous viendrons à bout de tout.

> Tous les meneurs, ici, dont les chefs sont à Paris, disent continuellement : « Nous sommes souverains, et nous ne nous laisserons pas mener, et si nous avions des armes, nous aurions bientôt chassé tous ces brigands armés. › — Voilà les propos qu'ils tiennent. Mais leur rage est impuissante, et nous sauverons le peuple, malgré ces brigands, qui ne se disent patriotes que pour égorger leurs frères et acquérir des richesses. Je ne finirais jamais de te faire le tableau affligeant de tous ces gueux-là. Plus nous allons en avant, plus on découvre leur scélératesse. Signé REVERCHON.

Le même au même.

« 29 germinal (18 avril).

Tu verras la lettre que nous écrivons au comité de salut public.

› Je te recommande surtout de veiller à ces prétendus amis de Châlier, qui sont à Paris, à qui l'argent ne manque pas pour calomnier et pour tout empoisonner. J'ai vérifié une partie des dénonciations dont on a fait un si grand étalage au comité de salut public, concernant quelques membres de la commission temporaire quelques-unes avaient quelque fondement, et sur celles qui m'avaient paru graves, et après examen de leurs procès-verbaux, j'ai vu que les effets qu'on disait spoliés étaient versés dans la caisse du receveur de la Monnaie, et que, dans la commission temporaire ambulante, les membres de cette commis

T. XXXII.

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sion n'ont pu opérer que d'après les renseignemens que leur donnaient les patriotes lyonnais qui les accompagnaient dans leur mission, et que ces mêmes Lyonnais savaient, dans quelques circonstances, mettre à profit pour eux. Ah! mon ami, le système que tu as vu commencer sous tes yeux, de vendre la justice, de faire un commerce infâme de dénonciations, pour tenir sous les séquestres au moins quatre mille ménages dont les gardiens dilapident tout, d'accord avec les administrateurs qui soutiennent cette anarchie, les conduirait à se dévorer comme des monstres.

» Tous ces meneurs, dont les chefs sont à Paris, maintiennent, par leur correspondance, cette conduite criminelle.

J'ai su faire la distinction des braves citoyens patriotes vertueux et vraiment républicains, que nous conserverons.

» Je travaille, sans relâche, à former les tableaux pour organiser toutes les autorités constituées, et faire marcher le gouver nement révolutionnaire, et sous peu de jours tout sera fait. Nous déjouerons toutes les conspirations, et nous assurerons à cette malheureuse partie du peuple, indigente et abandonnée, du pain et du travail.

› Oui, mon ami, tous ces énergumènes ne voulaient la République que pour eux. Environ trois mille devaient partager toute la fortune lyonnaise; ils voulaient se soustraire à la surveillance et à l'unité de la République : ils se sont mis à découvert et se découvrent à chaque pas.

Ils se sont plaints que l'on incarcérait les patriotes! eh bien! aucun ne l'a été. On a destitué des municipaux qui avaient été peu fidèles. Deux mandats d'arrêt seuls ont été lancés et non exécutés contre les nommés Castaing et Jacob, et sont du nombre de ceux qui se sont réunis à Achard, à Paris.

› Tant que je resterai ici, jusqu'à ce que le comité de salut public me rappelle, je travaillerai à assurer le bonheur public, à démasquer les fripons et les scélérats réunis aux étrangers dont ils sont les instrumens. Nulle affection, nulle considération par

ticulière, ne pourront me faire dévier. Je ferai mon devoir, et ma récompense sera dans mon cœur.

Je suis bien mécontent de Daumale; il n'est pas franc. Tout en convenant des torts de ces Lyonnais, il les suit et les conseille. Je ne le comprends pas; mais nous le veillons et le prévenons tous les jours: je crains que son ambition ne le perde. Il nous avait dit que tous les meubles qui étaient dans son appartement lui appartenaient. Point du tout, chacun est venu faire sa déclaration des réquisitions qu'il avait données pour les avoir. Nous réglerons le tout au premier jour. Nous lui avons accordé près de 5,000 livres d'indemnité pour sa détention, y compris ses appointemens de commis, quoique faisant un journal. Meaulle a toutes les pièces qui justifieront de tous ces objets.

Il faut que le règne de la probité et de la justice soit dans cette malheureuse commune.

» Signé REVERCHON. »

Le même au même.

« Du 7 floréal (26 avril).

» Voici plusieurs lettres que je t'ai écrites, ainsi que le brave Laporte, et je pense que tu ne les a pas reçues.

» Je t'assure que tu as été trompé par ceux qui ont couru à Paris pour calomnier. Ils ont surpris la religion du comité.

› Tu les connaissais comme moi; ce sont de vrais intrigans qui ne veulent que la domination pour couvrir leurs dilapidations et détruire le commerce qui pouvait faire exister la masse du peuple, qu'ils ont totalement oublié ; ils ne s'en servent que pour assouvir leurs passions particulières, en dépensant les trésors de la République pour maintenir ce même peuple dans l'oisiveté, par l'entretien de dix-huit mille, au lieu de quatre mille qui doivent être employés aux travaux publics; maintiennent plus de deux mille séquestres pour conserver deux mille gardiens à cinq livres par jour, sans les dilapidations qu'ils commettent chaque jour des administrateurs et municipes qui ne font rien, dont la

majeure partie n'a pas la moindre connaissance d'administration; ne s'occupant absolument que de leurs vils intérêts, qu'ils couvrent toujours du nom de patriotes persécutés et d'amis de Châlier, pendant que Châlier en avait si peu, parce que ce martyr de la liberté ne s'occupait que de l'intérêt général de la République, et que ce grand nombre de prétendus amis n'étaient occupés que de leur propres intérêts et de leurs vengeances particulières.

› Je te le répète, tous ceux qui ont été incarcérés et qui ont été persécutés par les aristocrates doivent être récompensés; ils le seront s'ils n'ont pas de l'aisance : la Convention nationale a prononcé.

» Mais ces mêmes patriotes, dont plusieurs sont inculpés par des preuves certaines que nous vous ferons passer, doivent-ils rester en place? Et ceux qui n'ont aucune aptitude dans les administrations peuvent-ils être conservés? je ne le pense pas : ils doivent être indemnisés.

› A l'instant que Dupuis sera arrivé, il verra tout par luimême.

» Il n'y a aucun patriote arrêté, si ce n'est ceux qui sont désignés dans une lettre interceptée, venant de Coppet en Suisse, qui donne le fil des intrigues avec l'étranger, que nous a fait passer le comité de sûreté générale, puisque dans deux des prévenus qui se disaient de Combes, frères, il y en a un qui est anglais; le commissaire Chevalier Segueux, commissaire des guerres à Carouge, etc.; se disant tous patriotes persécutés, et amis de Châlier. Eh bien! tous ces individus avaient tous des places dans les comités de surveillance et de travaux publics. Nous renverrons le tout aux comités de surveillance et de salut public. . . .

» Je puis t'assurer que, si on nous eût laissés finir l'opération commencée, tout était terminé dans un mois, car la masse voulait le bien; mais elle est subjugée. Il faut que tu viennes terminer cette opération, ou je désespère du salut de cette cité. Signé RE

VERCHON.

P. S. » Oui, mon ami, il y a ici un grand nombre de patriotes

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