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HISTOIRE PARLEMENTAIRE

DE LA

RÉVOLUTION

FRANÇAISE.

DU 1" NOVEMBRE 1793 AU 7 MAI 1794. (suite. )

Nous allons esquisser rapidement les opérations militaires des armées de la République en novembre et décembre 1793.

Armée du Nord. Nous avons laissé le général Jourdan au moment où vainqueur à Watignies, et n'osant pas suivre les ennemis sur la rive gauche de la Sambre, il prenait position sur la rive droite. Bientôt après il se trouva renforcé par des troupes tirées du centre, et par le corps qui occupait la Flandre maritime. Cependant les moyens de se porter en avant dont il disposait ne lui inspirèrent pas assez de confiance. Il rentra dans les lignes d'où il avait marché à Watignies, et établit son quartier-général à Guise. L8 novembre ( 18 brumaire), le prince de Wirtemberg avec un corps de trente mille hommes détaché de la grande armée autrichienne, ayant tenté d'attaquer toute la ligne des poste en avant de Guise, fut repoussé partout après un combat long et douteux, que décidèrent plusieurs charges du cinquième régiment de hussards, arrivé vers la fin de la journée. Pour réparer cet échec, l'armée entière des alliés passa la Sambre

T. XXXI.

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à Charleroi, Thurin, Pont-sur-Sambre, campa à Beaumont, et s'avança ensuite sur le Castelet et Saint-Quentin, d'où ses partis firent contribuer les villages environnans; mais ce grand mouvement avait uniquement pour objet d'assurer l'établissement des quartiers d'hiver en arrière. Le prince de Cobourg, après avoir muni Condé, Valenciennes et le Quesnoi de nombreuses garnisons, iransféra son quartier-général à Mons, le prince Hoenlohe à Condé, le général Clairfait à Tournay, Les généraux Collorédo et Beaulieu occupaient les frontières du Luxembourg dans les Ardennes. L'armée anglaise et hanovrienne était dans la Flandre maritime, le quartier-général à Gand, et les Hollandais dans le pays de Liége. Le front de cette ligne de cantonnemers s'étendait de Namur à la mer. L'armée du général Jourdan fut divisée en trois corps : le premier, plus en force, vint occuper le camp de Cisoing en avant de Lille; un autre corps fut placé entre Bouchain et Cambrai; le troisième marcha vers Dunkerque pour y occuper les camps de Rosendael, en avant de la place, et de Hondtschoote, sur la droite. Tous ces corps furent tenus en activité. Le comité de salut public méditait une campagne d'hiver et l'invasion de la Belgique par la Flandre maritime. La rigueur de la saison ne ralentit donc pas beaucoup la guerre; et tous les lieux déjà signalés pendant cette campagne par des succès et des revers, furent encore, pendant les mois de novembre et de décembre, le théâtre de combats indécis et sans résultats importants. (Tableau hist., t. 2, p. 318, 319. )

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Armées combinées du Rhin et de la Moselle. Nous avons arrêté l'histoire des opérations de ces deux armées après l'essai de bombardement, tenté par les Prussiens contre la place de Laudau. Pichegru venait de prendre le commandemente l'armée du Rhin, et Hoche celui de l'armée de la Mosellé. Ni l'incendie de l'arsenal, ni les désastres causés par l'explosion du magasin de poudre, n'avaient pu déterminer le général Laubadère à rendre Landau aux Prussiens. Il leur avait renvoyé leur sommation. Ceux-ci ne songeaient maintenant qu'à renforcer les postes de communication entre l'Alsace et la ci-devant Lorraine allemande.

Le fort Vauban (fort Louis), ne fut pas aussi heureux que Landau. La tranchée y ayant été ouverte le 10 novembre (20 brumaire ), l'hôpital militaire situé dans le fort d'Alsace devint la proie des flammes; les 12 et 13 (22 et 23), une partie de la ville fut incendiée; le 14 (24), la capitulation fut dressée, et le 16 novembre ( 26 brumaire), la garnison française sortit dy du fort avec les honneurs de la guerre, mais prisonnière. Ce fut là le seul échec que la France éprouva sur ce point. La reprise des lignes de Weissembourg, et le déblocus de Landau signalèrent la fin de cette campagne. Nous en empruntons le récit à l'ouvrage plus haut cité, t. 2, p. 283 et suivantes.

La nuit du 16 au 17 novembre (26 au 27 brumaire), seize cents hommes, commandés par le colonel prussien de Wartensleben, après s'être emparés de la ville de Bitsche, tentèrent d'escalader le château, furent vigoureusement repoussés par le général Barba, et se retirèrent avec perte de cinq cents hommes tués ou blessés, et d'une cinquantaine de prisonniers. Dès-lors le général Hoche s'était décidé à marcher sur Bitsche et à attaquer le général Kalckreuth sur la Saare. Son plan était de repasser cette rivière en présence des Prussiens, de suivre la crête des montagnes des Vosges, pour aller attaquer l'ennemi retranché sur les hauteurs de Kayserlautern, et descendre ensuite directement sur Landau. Dans le cas où l'attaque de Kayserlautern échouerait, il projetait de replier son centre sur sa droite, de traverser au nord-est de Bitsche la chaîne prolongée de montagnes qui n'auraient pu être prises à revers Kayserlautern, pendant que sur ce dernier point son aile gauche, partie de Saare-Louis ou Saare-Libre, tiendrait quelque temps en échec la masse principale des forces ennemies, qui y aurait été attirée.

› Le 17 novembre (27 brumaire), l'armée de la Moselle se mit en marche sur trois colonnes: celle de droite déboucha du côté de Saaralbe; celle de gauche par Saare-Louis; la troisième se dirigea sur Freudenberg. Le général français avait eu la sage précaution de retarder la marche de son centre jusqu'au mo

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ment où ses deux ailes purent le seconder. L'ennemi, étonné d'une entreprise aussi prompte et aussi vigoureuse, avait quitté son camp de Bischmisheim, devant Saarbruck, et s'était retiré sur les hauteurs de Bliescastel. Mais déjà le général Hoche avait passé la Blies, déjà il s'était emparé de Biesiegen et de Bliescastel, après avoir mis sept cents ennemis hors de combat. Dès-lors les Prussiens s'étaient décidés à se retirer, pendant la nuit, au camp de Schwartznacher, entre Hombourg et les Deux-Ponts, dans l'intention de prendre des quartiers d'hiver dans cette partie.

» Le mouvement rétrograde des Prussiens ayant laissé la droite des Autrichiens à découvert, les obligea bientôt à s'éloigner de Strasbourg. C'était indiquer au général Pichegru le moment d'entreprendre de son côté : il ne le laissa pas échapper. Le 18 novembre (28 brumaire), l'armée du Rhin attaqua sur tous les points; le général Desaix sur Wantzenau, et le général Ferino sur Hochfelden. Ces deux attaques avaient pour but d'occuper l'ennemi et de le contenir, pour favoriser les opérations de la gauche. Le général Burci avait fait partir dès le matin deux colonnes, l'une de Saverne, l'autre de la Petite-Pierre. La première avait marché sur les hauteurs de Bouxweiller, où l'ennemi avait fortifié son camp avec deux redoutes; la seconde, en marchant sur Ingweiller, en avait repoussé un corps de cavalerie, qui, repoussé encore d'une seconde position, avait été obligé de se replier sur Bouxweiller. Ce camp ayant été abandonné dans la nuit du 19 au 20 (29 au 50), les Français y étaient entrés le 20 novembre (30 brumaire) le matin, et y avaient pris une position intermédiaire entre ce lieu et Haguenau. Le 22 novembre (2 frimaire), Brumpt ayant été pris après un combat très-opiniâtre, les Français occupèrent Hoerdt et Wayersheim sur leur droite, Brumpt et Hochfelden, à leur centre; à leur gauche Bouxweiller et Ingweiller. Les alliés étaient derrière la Motter et la Zintzel, la droite à Guntershoffen, le centre à Schweickhausen et à la Maladrerie, en avant d'Haguenau ; la gauche à Druzenheim, et l'avant-garde à Dowendorff. Tout le front était bien fortifié,

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