Page images
PDF
EPUB

bre de notes qui accompagnent ces fabliaux & qui font relatives, tantôt aux loix & aux ufages de notre antique chevalerie, tantôt à une foule de détails qui tiennent aux mœurs & à la vie privée des premiers François. L'auteur a eu foin d'indiquer auffi, à la fin de chaque conte, les nombreuses imitations qui en ont été faites par divers écrivains étrangers, Espagnols, Anglois, & fur-tout Italiens: ces remarques affurent nos titres d'aîneffe littéraire, & prouvent, comme l'auteur l'a avancé, que le conte eft né en France, & que c'est de nos poëtes que toutes les nations voisines ont reçu ce genre agréable.

(Mercure de France; Journal de littérature, des fciences & des arts; Affiches & annonces de Paris. )

LA vraie maniere d'apprendre une langue quelconque, vivante ou morte, par le moyen de la langue françoife; ouvrage divifé en plufieurs parties 19. Grammaire françoife, à l'ufage des dames, fervant de bafe à toutes les autres langues; 2°. Grammaire italienne; 3o. Grammaire latine; 4o. Grammaire angloife; 5°. Grammaire allemande; 6o. Grammaire, &c. &c. lere. partie. A Paris, chez Morin, 1779. Prix, broché, 1 livre 10 fols.

Cet ouvrage eft du petit nombre de ceux

Et

qui ont pour objet l'intérêt, trop fouvent négligé, de l'utilité publique, & que, par cette raison, il importe de faire connoître. Il n'y a perfonne qui ne convienne de la néceffité de fubftituer une méthode plus rapide, à la lenteur de la méthode ufitée dans les écoles publiques inftituées pour l'inftruction de la jeuneffe en effet, ces enfans qu'on jette dans les colleges prefqu'au fortir du berceau, qu'ontils appris à l'âge où ils deviennent des hommes? Rien, finon quelques mots d'une langue étrangere que la plupart favent mal & vont bientôt oublier. Si l'on réfléchit de combien peu de connoiffances le tems qui nous entraîne permet à l'efprit humain de s'enrichir, il faut

avouer qu'on ne peut abufer plus crueliement de l'enfance, & l'on ne peut s'empêcher de regretter la perte irréparable de ces premieres années, dont la nature elle-même a voulu nous indiquer l'ufage, en donnant à l'enfant une vive curiofité pour tous les objets, & en lui faifant préfent du tréfor de la mémoire, pour en conferver les images. C'eft cette curiofité utile qu'il faut irriter & fatisfaire, en lui préfentant fans ceffe des objets variés; c'est surtout cette mémoire, cette faculté précieuse qui nous abandonne fi-tôt, dont il faut mettre à profit les courtes faveurs; c'eft elle qui doit fertilifer l'efprit, pendant que les idées dorment, pour ainfi dire, encore, développer leurs germes & les multiplier. Sous ce double rapport, l'éducation qu'on donne dans les colleges, paroît peu répondre aux intentions de la nature; les dégoûts inféparables d'une étude de dix ans, dont le seul fruit est une connoiffance fuperficielle de la langue latine, l'ariditė des leçons, & le retour monotone des mêmes exercices ne font guere propres qu'à fatiguer l'efprit, & à émouffer fon activité; la mémoire furchargée de mots nen eft pas plus riche; la marche de l'entendement eft arrêtée : l'enfant occupé d'une feule chofe n'a pu rien comparer; & après s'être traîné d'année en année dans la pouffiere des claffes; il en fort enfin fans avoir appris à parler, ni à penser, & n'en remporte que l'ignorance & le dégoût. Ces réflexions paroiffent avoir vivement frappé l'au teur de cet ouvrage; laiffons-le parler lui-mê

[ocr errors]

me.» Parens peu expérimentés, voulez-vous » favoir la raifon pour laquelle vos enfans font » fi peu de progrès, & fe dégoûrent fi prorp» tement d'une étude qui leur paroît longue » & difficile? La voici c'eft que, pour les » instruire, on leur parle un langage inintelli»gible. On leur met entre les mains des gram» maires favantes à la vérité, mais longues, » & au-deffus de leur portée, qu'ils apprennent » par cœur, fans les entendre. On les charge de regles & d'exceptions qui les rebutent; » on les gronde quand ils les appliquent mal, & l'on parvient à leur faire haïr un travail » qui ne devroit que les amufer & les diver» tir. «

L'auteur va plus loin: il croit trouver la caufe de cette averfion que les enfans ont généralement pour l'étude, dans la mauvaise méthode qu'on emploie pour leur enfeigner à lire. Comme cette idée eft liée à son systême de grammaire, & que d'ailleurs elle eft neuve, elle mérite qu'on s'y arrête.

On ne foupçonnoit pas une nouvelle maniere d'apprendre à lire aux enfans, fans leur parler de lettres & de fyllabes. L'auteur l'a imaginée, & c'eft le titre qu'il donne à un traité fur ce fujer, qui forme un article très-court, & qu'il a fait imprimer à la tête de fa grammaire uni-, verfelle. Selon lui, on a pris jufqu'ici le contrepied de ce qu'il falloit faire pour enfeigner aux enfans la vraie maniere de lire. On les tourmente long-tems pour leur faire connoître & retenir un grand nombre de lettres, de

fyllabes & de fons, où ils ne doivent rien comprendre, parce que ces élémens ne portent avec eux aucune idée qui les attache & qui les amufe, tandis qu'on pourroit les inftruire, en les divertiffant. Lorfque vous voulez faire connoître un objet à un enfant, par exemple, un oiseau, l'auteur demande fi vous préfentez féparément à cet enfant un bec, des ailes, des pattes & des plumes. Non vous le lui montrez, & vous dites: voilà un oifeau. Ses yeux le voient, il fuffit; & lorsqu'il le reverra, il vous dira que c'eft un oiseau, parce que l'idée & le nom de l'objet qu'il a vu pour la premiere fois, fe font gravés en même-tems dans fon cerveau & dans fa mémoire. Voilà, ajoute l'ingénieux anonyme, comme les enfans apprennent à parler auprès de leurs nourrices & de leurs gouvernantes. Pourquoi ne pas faire la même chofe pour leur apprendre à lire? Il veut qu'on éloigne d'eux les alphabets & tous les livres, & qu'on les amufe avec des mots entiers, qu'ils retiendront plus aifément & avec plus de plaifir que les lettres & les fyllabes imprimées. Il observe, à l'appui de fon systême, qu'en lifant, nous ne lifons que des mots & des phrases entieres, & non pas des lettres & des fyllabes, de même qu'en chantant, on faifit tout-à-la-fois des mefures entieres, & non pas de fimples notes. Nous obferverons auffi que ce fyftême nous ramene à la maniere hiéroglyphique des - Egyptiens ou à l'alphabet chinois, dont les lettres, comme on fait, font auffi nombreuses

« PreviousContinue »