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» rendre à Crook (*) un nez & des oreil

les? Les pierreries de la pâle Hippia peu» vent elles lui donner des couleurs ? Les pal» pitations intérieures que ressent Fulvie, font» elles foulagées par la boucle de diamans » qui attache fa ceinture? Tous ces valets gá»lonnés, ô vieux Narfes ! qui fuivent tes pas, » guériffent-ils ton fang impur....? » Encore, fi une partie de ces richeffes étoit versée dans le fein des malheureux!.......» Mais Bond) mau» dit les pauvres, & les hait cordialement. Le » grave Gilbert a pour maxime, que tout » indigent eft un coquin ou un fot. Dieu, die "Blunt, les yeux élevés vers le ciel, ne fau»roit aimer le miférable qu'il fait mourir de faim, » & il refufe pieufement de l'affister : mais un » bon évêque, plus indulgent, croit que Dieu » veille fur eux, & les laiffe aux foins de la » Providence. «

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Des richeffes cachées, dit le poëte anglois, ainsi que des insectes, n'attendent que des aîles pour s'envoler dans leur faifon. Un avare,

fame & flétri pat tous les vices. Il mourut en Ecoffe en 1731, à l'âge de 62 ans, laiffant une fortune im mense. La populace arracha presque fon corps du cercueil, & jetta des chiens morts avec lui dans fa fosse.

(*) Japhet Crook fut condamné à perdre fon mez & fes oreilles, pour avoir forgé en fon nom, les titres d'une terre, fur laquelle il emprunta plufieurs milliers de livres sterlings. Par d'autres moyens femblables, il acquit des biens confidérables dont il jouit paisiblement en prifon, jufqu'à la morte

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n'eft

qui feche au milieu de fes tréfors
qu'un économe qui thefaurife pour le public
c'eft un réservoir deftiné, cette année, à rete
nir & à refferrer les eaux; l'année fuivante
c'est une fource qu'un héritier prodigue fait
couler fans mefure, pour défaltérer le peuple. A
Fappui de cette réflexion, Pope trace le dou
ble portrait de l'avare & du diffipateur. « Le
» vieux Corta déshonora par fon avarice fa
» fortune & fa naiffance. Sa cuifine, où l'on
» avoit oublié l'ufage barbare de la broche,
le difputoit en froideur avec les grottes de
fon jardin; fa cour, remplie de jeunes or
ties, & fes foffés couverts de creffon, four
niffoient fa table de foupes & de falades,
» qui ne lui coûtoient rien. Si Cotta vivoit
» de légumes, ce n'étoit au refte que ce qu'a-
» voient fait avant lui les bramines, les phi-
»lofophes & les faints. Fêter le riche, c'eût
» été une dépente de prodigue; & il fe feroit
» bien gardé de fouftraire le pauvre au foin-
» de la providence. Son vieux château reffem-
bloit à une chartreufe folitaire; le filence
», régnoit au-dehors, le jeûne au-dedans : ni
» danses ni tambourins n'en faifoient retentir
» les lambris; & la cloche qui fonne le dîné,
» n'invita jamais perfonne à s'y trouver. -Ses

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vaffaux regardoient en foupirant des tours » que la fumée n'obscurciffoit jamais ; &, fai"fant violence à leurs haquenées, ils prenoient

triftement une autre route. Le voyageur, » égaré dans la forêt pendant la nuit, maudiffoit l'avare qui épargnoit fa lumiere, & re

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périodique. On y trouve plufieurs traits d'imagination, dans le goût de ceux dont le Spectateur eft égayé, qui renferment une critique ingénieufe des mœurs & des ridicules du fiecle. Telle eft, par exemple, une lettre adreffée au Mentor moderne par un homme qui prend le titre de médecin des fous. Son objet n'eft pas de leur rendre la raifon; au contraire, par le moyen de fon élixir, il fe propofe de les entretenir dans leur folie. Pour prouver l'ef ficacité de fon remede, il entre dans le détail des cures merveilleufes qu'il a opérées.

George Hemiftiche, écuyer, poëte, & membre d'une fameu fe fociété de beaux-efprits, » fut attaqué d'un violent accès d'hypocondrie "par la vue d'un parterre vuide à la troifieme » représentation d'une de fes pieces; le bruit

des fifflets l'avoit déja tellement effrayé aux » deux premieres repréfentations, que la feule » prononciation d'une lui paroiffoit infuppor» table. Je démêlai d'abord la caufe de fon in. » difpofition, & par une dofe de mon remede, »je le rétablis dans fon état naturel de folie. Il eft à préfent fi radicalement guéri, qu'il a » promis de donner une autre piece au théatre » l'hiver prochain.

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» Une prude de profeffion, qui m'a demandé en grace de ne la pas nommer, choquée » dans une compagnie par une phrase équivo» que, dont perfonne qu'elle n'avoit compris

le fens peu honnête, eut fur le champ un » friffon de modeftie. Je lui donnai d'abord » mon spécifique, qui, accompagné d'un éloge

adroit de la rare vertu de la dame, la plongea » auffi tôt dans une agréable rêverie fur le mé» rite de fa pudeur. La fermentation de fon » fang fe calma; & devenue tout-à-coup cha» ritable, elle regarda avec un air de bonté » le cavalier, qui, par un mot équivoque, avoir » fi fort allarmé fa chafteté...

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» Hilaria, maîtreffe coquette, ayant été n févérement réprimandée par une vieille fille, "fe trouvoit réduite à prendre un air grave n en compagnie, & à n'ofer faire aucun ufage » de fon éventail; en un mot, elle tomba dans » une fi profonde mélancolie, que deux ou trois n fois étant à l'églife, elle penfa avoir un ac » cès de dévotion. Je lui prefcrivis une dofe » honnête de libertés innocentes, & pour rendre » le remede plus efficace par un peu d'exercice, » je lui ordonnai celui des yeux & de l'éven, » tail. La recette eut tout le fuccès poffible. » La malade retrouva d'abord fes fouris fins,

.

& jetta des regards agaçans à la ronde. Pens » dant deux dimanches confécutifs on ne l'a pas » vue une feule fois à l'églife dans une pof >>ture attentive; c'eft ce que les marguilliers » font prêts d'attefter par ferment. &

Pieces diverfes. Les plus diftinguées font l'ode pour la fête de fainte Cécile, remplie de beautés vraiment lyriques, & cependant inférieure à celle de Dryden. La préface de l'édition de Shakespeare. Lorfque Pope fait fentir le mérite de cet ancien tragique, & développe fes beautés, c'est un homme de goût qui parle, quand il juftifie fes extravagances, c'est un Anglois

A l'égard de la Dunciade, c'eft un ouvrage tellement anglois, fi rempli d'allufions fatyriques perdues pour nous, & de personnages qui nous font abfolument étrangers, qu'il nous feroit' difficile d'affeoir un jugement fur le mérite intrinfeque de cette production. Ce qu'on peut afsurer, c'est qu'un poëme de quatre chants fort longs, dont le fond n'eft autre chofe que l'allégorie & la fatyre, eft néceffairement un peu froid. La Dunciade françoise, qui eft écrite avec élégance, & qui offre même des mor ceaux plaifans & des vers heureux, ferviroit encore à prouver ce principe. Il est trop dif ficile d'attacher & de plaire long-tems, en fais fant revenir fans ceffe les mêmes noms avec le même accompagnement d'injures & de farcafmes. Le plaifir de la malignité s'use très-vîte chez le lecteur, & la fatyre, pour avoir un fuccès conftant, ne doit guere être qu'épifodique. Son effet dépend. fur tout du cadre où elle eft enfermée & des bornes où elle eft circonfcrite; & c'eft pour cela que le pauvre Diable eft peut-être le chef-d'œuvre de ce genre.

Préface de l'Homere Anglois.

La Motte, bel-esprit ignorant, n'avoit vu que les défauts d'Homere, & n'avoit pas fenti fes: beautés. Madame Dacier, hériffée d'une doctrine pédantefque, admiroit tout dans le poëte qu'elle avoit traduit & commenté; Pope feul jugea Homere un homme de goût & de génie. Vivement affecté des beautés de l'Iliade, qu'il a fu exprimer plus heureufement qu'aucun tra

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