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tyle, à la force & à la précision. On nous annonce deux nouvelles verfions en vers de ce chef-d'œuvre des mufes angloises, l'une de M. l'abbé de Lille, qui a fait fes preuves; l'autre de M. Fontanès, dont les effais ont donné des efpérances.

Effai fur la vie humaine, petit poëme moral, moins connu & moins digne de l'être que l'ES fai fur l'homme. On n'y trouve ni deffein, ni marche, ni liaisons; c'eft un recueil de maximes vagues, de déclamations ufées fur les foibleffes & les paffions attachées à la condition humaine.

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Trois heures après mariage. C'est une comé die où plutôt une véritable farce qui eft peu connue, & fur laquelle nous entrerons dans quelque détail. L'auteur la fit en fociété avec le docteur Arbuthnot; mais comme ils ne voulurent, ni l'un ni l'autre, s'exposer à la malignité de la critique & aux farcafmes des mauvais plaifans, ils la firent jouer fous le nom de Gay, poëte comique & leur ami commun. Le fujet de ce drame eft le mariage d'un vieux médecin, avec une espece de courtifanne adroite, dans laquelle ce bon-homme s'imagine retrouver une feconde Lucrece. Mais il ne l'a pas plutôt épousée, qu'il découvre fon libertinage & routes fes liaisons galantes, fuffifamment conftatées par un enfant que la justice le force d'adopter. Quoique cette farce foit peu digne de la célébrité de fes auteurs, elle offre cependant quelques fcenes d'un comique agréable; telles que celles de Phabé Clinket, niece du

médecin, perfonnage épifodique & bel esprit; calqué en grande partie fur les Femmes favantes de notre divin Moliere. Nous allons mettre nos lecteurs à portée de juger du mérite de cette imitation. Le médecin Fofile vient d'amener dans fa maifon fa nouvelle époufe, avec la quelle il s'entretient, lorfque Clinket entre, fuivie d'une fervante qui porte un pupître fur fon dos. Clinket écrit; fa coëffe eft tachée d'encre, & fes plumes font piquées dans fes cheveux.

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LA SERVANTE.

J'aimerois autant porter la curiofité dans les tues: ah! que le dos me fait mal!

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CLINK E T.

Qu'est-ce que le travail du dos comparé à celui de la cervelle? Pécore, fcandale des mufes! Tu m'as fait perdre une penfée qui vaut un in-folio.

LA SERVANTE.

N'ai-je pas déja attrapé un retréciffement de nerfs à lever vos grands livres ? & je ne fuis plus bonne à rien.

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CLIN.KET.

Appelle les des in-folio & non des grands livres, monftre d'impropriété. Mais, patience, je me fouviendrai que je t'ai promis trois billets aux représentations de ma nouvelle tragédie.

LA SERVANTE

Il n'y a pas là de quoi faire empefer mes

cornettes.

CLINKET.

CLINK E T.

Deftructrice du favoir, infecte plus pernicieux que les vers de bibliotheque, tu me fais perdre patience fouviens-toi de mon ode, dont tu enveloppas une chandelle, de cette épigramme dont tu fis un cornet à tabac, & de l'indigne ufage auquel tu proftituas mon hymne à Apollon. Créature immonde ! lis-moi les derniers vers que j'ai fais fur le déluge, & prononce-les comme je te l'ai appris.

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LA SERVANTE, lifant avec affectation.

»Enflée d'une hydropifie, la nature eft lan» guiffante, puis expire par un copieux diabe

» tès. «

C LINK E T.

en

Un moment j'enfante. "Les mers, » mugiffant, pénetrent dans les forêts; & les » baleines fe perchent fur les chênes «... mu» giffant, murmurant, fiflant; non les mers. »en fureur pénetrent dans les forêts; baleines, » perchez-vous! Quels feftins pour les poiffons !... » Les dauphins, affamés vont dévorer le rof» biff.... 6

FOSSILE, qui s'avance avec fa femme qu'il fait paffer pour une de fes amies.

Ma niece, hélas ! ma niece! ô Melpomene, déeffe de la tragédie, fufpends tes influences pour un moment, & fouffre que ma niece me parle raison. Voici une dame de mes amies; la circonftance où elle fe trouve, l'oblige de prendre un afyle dans ma maifon : ayez pour elle tous les égards poffibles, & faites préparer le thé.

Tome 11.

B

CLINKET.

Madame, excufez cette absence : les efprits animaux ont déferté les avenues de mon cerveau, pour contempler une belle idée. Je ne pouvois forcer ces rodeurs à revenir à leur pofte, pour mouvoir ces parties du corps qui expriment la civilité, &c.

Dans une autre fcene, Phoebé Clinket, qui a fait une tragédie que fon amour-propre follicite de produire au grand jour, engage un certain Plotwell, l'un des galans de la femme de fon cher oncle, à la préfenter aux comédiens, & à s'en déclarer l'auteur. Le jour eft pris pour faire lecture de cette piece à quelques comédiens, auxquels eft afsocié fir Tre mendus, le plus grand critique de l'Angleterre, perfonnage que Pope avoit plufieurs raifons pour rendre très-ridicule. Sir Tremendus débute par gémir fur la corruption du goût qui s'eft introduite dans la littérature angloise.

CLINK E T.

Sir Tremendus a bien raifon, nos tragédies ne font que de faftueufes rapfodies, qui n'excitent ni terreur ni pitié.

SIR TREMEN DU S.

Les fujets des drames modernes font auffi mal choifis que... que....

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PLOT WELL.

Les héros de leurs dédicaces.

SIR TREMEND U S.

L'intrigue eft auffi platte.... platte...

1

PLOTWELL.

Que celle des mauvais poëtes contre les nou

velles pieces,

SIR TREMENDUS.

Les épisodes font auffi mal avec le fond du fujet.... PLOTW EL L.

Qu'une robe noire avec un jupon couleur de rofe.

SIR TREMEND US

Les fentimens font fi délicats...

PLOT WELL.

Que femblables à de la crême fouettée, ils fe diffipent avant qu'on les goûte.

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Le ftyle eft fi bas que.... que....

PLOT WELL.

Que les fpectateurs indulgens font forcés de le prendre pour fimplicité.

LE PREMIER ACTEUR.

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SIR TREMEND U S.

Il n'avoit pas de jugement.

LE

SECOND

2

ACTEUR.

Le fameux Ben Johnsen !

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