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1754, in fol. a pour objet les antiquités d'Her culanum. Ces tables de bronze plus anciennes de 300 ans, que la naiffance de J. C. ont été trouvées en 1732, dans un champ voifin du lieu où fut jadis la ville d'Héraclée, près du golfe de Tarente, & leurs deux morceaux fe trouvent réunis dans le mufeum de Portici.

Les IV premiers volumes des antiquités d'Herculanum, imprimés depuis 1757, ne coûtent ensemble à Naples qu'environ 9 fequins ou 9 ducats d'Hollande: prix qui n'eft pas exorbitant, puifque l'édition de chaque volume revient au roi à 16000 ducats. Le marquis Tanucci, premier-miniftre, favant en grec, préfide à l'ouvrage. Il a été profeffeur à Pife, & peut-être eft-il le premier profeffeur qui foit monté à un fi haut rang, &c.

XIX. LETTRE. Naples 18 août 1771. On ne favoit ce que c'étoit que les rouleaux découverts à Herculanum, les uns abfolument noirs & brûlés, & d'autres de couleur de café. M. Mazochi les reconnut pour des livres. Mais comment les développer & les lire ! Il appella en 1754 à fon fecours un habile moine, le pere Antonio Piaggio, natif de Gênes, alors employé comme écrivain dans la bibliotheque du Vatican. Ses effais réuffirent auffi-bien que ceux de fon éleve l'abbé Merli. Le travail eft lent, puifqu'enfemble ils n'ont encore pu venir à bout avec leurs machines de dérouler entiérement fix petits volumes en 17 ans. Le P. Piaggio tranfcrit fi exactement qu'on ne fauroit distinguer les caracteres originaux de

ceux qu'il a copiés; il imite parfaitement l'impreffion & l'écriture en toutes les langues. Il fait des cartes de géographie avec la plume qui ne different point de celles qui font gravées. Il deffine fur le champ un vifage d'un trait de plume fans lever la main de deffus le papier; il grave lui-même & peint auffi: il a inventé de teindre avec des fleurs & des racines dont le foleil ni l'eau n'effacent point les couleurs; il imprime plufieurs couleurs en même tems avec le même cuivre; il applique des lettres d'or auffi belles que celles des ancien manufcrits & de notre Ulphilas; il colore le cry(tal de maniere qu'il reffemble aux pierres précieuses. Ses appointemens font de 30 ducats de Naples par mois, deux ducats & demi de Naples valant un ducat d'Hollande. L'abbé Merli n'en reçoit que neuf. M. Mazochi (*) n'étant plus en état de déchiffrer les manufcrits, à caufe de fon grand âge, il a fait agréer du roi pour lui fuccéder dans ce travail, M. le profeffeur Ignarra, un des plus favans hommes de Naples, auteur du livre de Palaftrá Neapolitanâ, à Naples, 1770, in-4to. de 331 pag. Quand le roi d'Espagne regnoit à Naples, il fe plaignoit, s'il se paffoit une semaine fans qu'on apportât quel que chofe de nouveau dans fon museum; le roi d'aujourd'hui n'a pas autant de goût pour les antiquités : c'est pourquoi il fe passe à préfent des mois & davantage fans qu'on l'enri

(*) Mort le 12 septembre 1771, âgé de 87 ans,

chiffe d'aucun morceau précieux. Cependant l feroit facile d'employer les galériens oififs aux fouilles. Ils font en grand nombre à Naples, parce qu'on y condamne rarement à mort.

XX. LETTRE. Naples 3 Septembre 1771. » Les livres & les auteurs Napolitains ont été peu connus jufqu'ici en Suede. Outre les œuvres de Mazochi & les antiquités d'Herculanum, j'ai vu une phyfique en 9 vol. in-8vo. du pere de la Torre, à préfent bibliothécaire du roi, qui a auffi compofé un livre italien, nouvellement traduit en françois, fur le Véfuve. M. Moccia a mis au jour des lettres latines, & un dictionnaire de quantités grecques; M. Diodati une differtation de chrifto græcè loquente; M. Martelli fa Theca Calamaria, & fon ouvrage des premiers habitans de Cumes; Jean-Baptiste Vico un livre intitulé, Principia fcientiæ nova, derniere édition, Naples, 1744; & un autre auparavant en 1720, de univerfi juris uno principio & fine uno, qu'on prétend avoir été imité dé fort près par Montefquieu, dans l'Esprit des loix; M. Carducci, Delicia Tarentina; M. Pratilli des obfervations fur la voie Appienne ; M. Serao, médecin de la reine, fur la tarentule, l'hiftoire de l'incendie du Véfuve de 1737, & opufculi de fifico argumento. &c. «

» Le P. Fabricy, favant Dominicain, bibliothécaire de la Minerve, m'a demandé la permiffion de faire imprimer à Rome, à l'imprime rie de la Propagande, une longue lettre que je lui ai écrite en françois touchant le rare & peut-être unique manufcrit famaritain des livres

de Moïse en trois langues, que j'avois examiné dans la bibliotheque du prince Barberini à Rome. Je n'ai pu la lui refufer, ne fût-ce que pour la fingularité de voir imprimer à Rome un ouvrage fur la bible fait par un Luthérien. Cette lettre fera inférée dans fes titres primitifs de la révélation ou considérations critiques fur la pureté & l'intégrité du texte original des livres faints de l'ancien teftament. « (*).

XXI. LETTRE. 4 Septembre 1771. Un curieux de Portici a raffemblé dans fa maison un cabi net de toutes les efpeces de laves du Vésuve tant opaques que transparentes. Il en compte de 655 fortes, entre lefquelles certaines, fufceptibles de poli, imitent les rubis, les émeraudes, les faphirs; avec d'autres on fait des tabatieres, des tables: il vend de toutes ces laves à ceux qui defirent d'en acheter. Le Véfuve eft élevé de 1677 pieds françois au deffus du niveau de la mer, fa bouche est évafée comme une taffe à thé. Quelquefois il eft affez tranquille pour permettre d'approcher jusqu'au bord du goufre. M. Bjoernftahl y eft monté. Le pere de la Torre affure qu'il s'éteindra bientôt, comme d'autres anciens volcans. Ce favant bibliothécaire fait lui-même des microfcopes qui groffiffent prodigieufement les objets. Par leur

(*) Imprimées depuis à Rome, en 1772, en 2 vol, in-8vo. Il s'accorde fort bien avec les fentimens de Mrs. Haflencamp & Tychfen fur la bible de Kennicos, dons releve plusieurs fautes,

moyen il a découvert des objets imperceptibles avant lui. Il voit jusqu'à la transpiration des corps. Les particules de fang ne lui paroissent point des globules, mais des anneaux. Dès 1763, il a publié à Naples fes premieres obfervations en italien, fous le titre, Nuove offervazioni intorno la storia naturale del P. D. Giovanni Maria della Torre, in-8vo. de 172 pages. digne d'être traduit en plufieurs langues. Ses neuf vol. d'Elementa phyfica font en latin. Il doit faire imprimer en plufieurs volumes un recueil de fes nouvelles découvertes.

XXII. LETTRE. Concerne la grotte du chien; & autres lieux d'où fortent des exhalaisons méphitiques.

XXIII. LETTRE. Naples 18 feptembre 1771. La ville de Naples peut avoir environ 400,000 habitans. Le climat y amollit & y porte à l'oifiveté. Il y a des avis importans pour l'amélioration de la ville & du royaume dans un livre qui a pour titre : Naples, ce qu'il faut faire pour rendre ce royaume floriffant, Amfterdam, 1769, dont il s'eft fait encore au moins une édition en 1771. Un Napolitain compare fa nation à des ferpents dont les têtes & les queues font venimeufes, tandis que le reste du corps eft bon & eftimé dans les apothicaireries. Les favans y font peu récompensés. Le duc de Brunswick voyageant en Italie, il y a quatre ou cinq ans, difoit avoir remarqué que pour s'avancer, à Berlin il falloit être foldat; à Rome eccléfiaftique ou moine, & avocat à Naples. L'univerfité ne coûte au roi par an que

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