Je puis ajouter à ce motif celui d'une juste reconnoissance des obligations que j'ai à VOTRE EXCELLENCE & qui ne me permet pas de laiffer paffer cette occafion d'en rendre le Public temoin, ainfi que du refpect, avec le quel je fuis,

MONSIEUR,

DE VOTRE EXCELLENCE,

Le très-humble & trèsobeiffant Serviteur,

ROUSSE T.

PRE

PREFACE.

J

Ai tant de preuves de l'inutilité des Préfaces, & du foin que l'on a aujourd'hui de s'épargner la peine de les lire, que j'aurois volontiers publié ce Recueil, fans cet ornement de venu fuperflu. Mais on m'a réprefenté que fi livre avoit befoin d'une Préface, c'étoit un Recueil, puifque l'Auteur étoit obligé d'informer le Public, & le Public avoit intérêt de favoir quelle conduite l'Auteur a gardée dans fa Collection. Il y a peut être encore d'autres raifons qui pouroient prouver la néceffité d'une Préface celle de la lire, ainfi nous nous conformerons à l'Ufage.

L'Hiftoire nous ofre des Siécles entiers où il ne s'eft point fait tant de Traitez & de Conventions que nous en avons vû conclure depuis dix ans; & les Politiques ont remarqué qu'affez fouvent cette multiplicité de Conventions & d'Alliances annonce quelque Guerre; ceux qui manquent d'une

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con

confiance reciproque ne font pas éloignez d'être Ennemis; nous avons vu cette vérité fur le point d'être confirmée; & après tant de Traitez, fi la Guerre, fur le point d'éclater, a été fufpenduë; la bonne intelligence mutuelle en a tant foufert, que toutes les Puiances font naturellement convenu qu'elle ne pouvoit être rétablie folidement que par un Traité de Paix générale.

Tous les Traitez particuliers, toutes les Conventions, les conditions de toutes les Alliances faites depuis dix ans contiennent & les prétenfions des parties, & leurs Grièfs, & leurs ftipulations, & les promeffes qu'el les fe font faites. Tous ces Actes font donc autant de Piéces Préliminaires d'un Traité général, où tous ces Intérêts doivent être reglez; ils ne peuvent l'être qu'en prénant connoiffance des engagemens, des plaintes, des conditions, des Griefs renfermez dans toutes ces pièces antecedentes; ainfi un Recueil de toutes ces pièces doit faire partie des Inftructions des Miniftres qui feront chargez de cette Importante Negocia tion. Voilà ce qu'on leur ofre ici, ce n'eft point tout; on y a joint plufieurs pièces autentiques & originales également nécessaires & intéreffantes.

Mais ce n'eft pas une collection Séche comme celle des Traitez de Paix; on a joint toutes

toutes ces Pièces par une Narration Hiftorıque, qui explique en peu de mots les circonftances qui y ont donné occafion; fou vent cette connoiffance donne autant de lumiére que les Actes mêmes. J'ai aparté dans ce Recit Hiflorique toute l'exactitude, toute la précision, & toute l'impartialité poffible. Si je parois faire pancher la balance en quelques rencontres, c'eft, ou parce que j'ai cru en confcience trouver le Droit de ce côté, ou parce que ce font quelques affaires, fur lefquelles mes Souverains fe font expliquez; or à l'égard de ces derniéres, on peut bien juger que j'ai dû m'expliquer comme eux puifqu'il ne me conviendroit pas de les con tredire; ainfi à ce dernier égard on ne doit pas m'accufer de partialité, c'est une déference, c'est une foumission légitime & indifpenfable.

Je n'etalerai pas ici les avantages des Recueils en général, & de celui-ci en particulier, je n'ai aucun Droit d'exiger du Public qu'il m'en croye fur ma parole: c'est à lui à examiner & à en porter fon jugement. Il fufit de lui faire remarquer qu'il trouve içi en un corps tant de Pièces intereffantes que l'on a fouvent de la peine à garder détachées. Outre cela ce n'eft ici que le commencement d'un plus grand Ouvrage,puifque le quatriéme Volume & les fuivans contiendront une Collec

tion auffi hiftorique des Actes, des Negocia tions, des Conferences, & du Traité qui va fe conclurre à Cambray, à moins que l'on ne change encore le lieu du Congrès.

Pendant que l'on imprimoit cet Ouvrage, nous avons reçû quelques Pièces intéressantes & néceffaires qui n'ont pu être placées dans leur ordre, c'eft ce qui nous a obligé de les renvoyer par manière de Suplement à la fin de chaque Volume. Nous croyons n'avoir ou◄ blié aucune Pièce importante, & qui faffe au fujet. Néanmoins on pourra trouver qu'il nous en manque deux, concluës dans le cours de l'année 1727. La prémure eft le Traité d'Alliance figné à Coppenhague par les Miniftres de France & de la Grande-Bretagne, & qui ftipule les Subfides que ces deux Couronnes payeront à Sa Majesté Danoife; & le Traité conclu à Londres par le Comte Dehn, par lequelle Duc de Wolfenbuttel promet un certain nombre de Troupes moyennant certain Subfide. Nous n'avons épargné ni peines ni foins pour avoir ces deux Traitez, mais inutilement; ainfi nous ferons obligez de les mettre dans le Suplement du quatrième Volume.