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couter, certes, cette soirée donnera une ample matière aux vertueux écrivains de la noble école des impartiaux, pour dire redire et répandre que nous consumons le temps et la confiance de nos commettans dans les vaines et hideuses contentions de notre irrascibilité. Certes, aujourd'hui encore, on pourra s'écrier que l'assemblée nationale est entièrement désorganisée ; qu'elle n'a plus ni calme, ni règle, ni respect d'elle-même. Mais ne sont-ce donc pas évidemment les coupables qui sont ici les accusateurs ? N'est-ce pas leurs délits qu'ils nous imputent ? >>

<«< Messieurs, il est temps de le reconnoître, et la déclaration n'en sauroit être trop solemnelle; votre longue indulgence, cette indulgence née, comme je l'ai dit tant de fois, du sentiment de votre force, cette indulgence seroit coupable et fatale si elle n'avoit point un terme. La chose publique est vraiement en danger, et le succès de vos travaux entièrement impossible, si vous perdez de vue que vous êtes tenus également de respecter et de faire respecter la loi; si vous ne faites pas une exemple

dans cette assemblée; si pour ordonner le royaume vous ne commencez par vous ordonner vous-mêmes. Vous devez établir dans l'empire l'obéissance aux autorités légitimes, et vous ne réprimez pas dans votre sein une poignée d'insolens conspirateurs! Ah! c'est pour leur propre salut que j'invoque votre sévérité ; car si la lettre de vos règlemens et l'esprit de vos loix, si la voix paisible de votre président et l'indignation des spectateurs, si les méconten temens des bons citoyens et notre propre insurrection ne peuvent leur en imposer, s'ils se font un point d'honneur d'encourir nos censures, une religion de désobéir à la majorité, qui doit régir toute société, sans quoi l'association est dissoute, n'arrivera-t-il pas infailliblement que le peuple ressentira enfin l'injure faite à ses représentans ? Et des mouvemens impétueux et terribles, mais justes vengeances des catastrophes en tout sens redoutables, n'annonceront-ils pas que sa volonté doit toujours, a dû toujours être respectée? Les insensés ! 'ils nous reprochent nos appels au peuple. Eh! n'est-il donc pas heureux pour euxmêmes que la terreur des mouvemens

populaires contienne encore ceux qui méconnoissent toute loi, toute raison, toute convenance ? »>

« Messieurs, on se flatteroit en vain de faire long-temps respecter ce qui est méprisable; et rien n'est plus méprisable que le désordre. On nous accuse de favoriser l'anarchie, comme si notre honneur, notre gloire, notre sûreté n'étoient pas uniquement dans le rétablissement de l'ordre! Mais qu'est-ce-que l'anarchie si ce n'est le mépris de la loi ; et comment sera - t- elle l'objet de la vénération publique, la loi qui émane d'un foyer de tumulte et de scandale? Comment obéira-t-il à la loi, le peuple dont les législateurs foulent sans cesse aux pieds les premières règles de la discipline sociale ? »

S'adressant au côté droit...« Savez-vous ce que l'on a dit ce matin à l'un des prin cipaux chefs de la force publique, qui devant la maison de M. Castries, parloit du respect dû à la loi ? Ecoutez la réponse du peuple dans son énergique simplicité. Pourquoi les députés ne la respectent - ils pas ? Dites, dites, qu'est-ce que le plus furieux d'entre vous auroit pu répliquer

Si vous rappelez tout ce qui est coupable, pesez donc aussi tout ce qui excuse. Savezvous que ce peuple dans son ressentiment contre l'homme qu'il regarde comme l'ennemi d'un de ses plus utiles amis, savezvous qu'au milieu de la destruction, nul n'osera dire la dilapidation, des effets de cette maison proscrite, le peuple s'est religieusement arrêté devant l'image du monarque ; que le portrait du chef de la nation, de l'exécuteur suprême de la loi, a été, dans ces momens d'une fureur généreuse, l'objet de sa vénération et de ses soins persévérans ? Savez-vous que ce peuple irrité a montré à madame Castries, respectable par son âge, intéressante par son malheur, la plus tendre sollicitude, les égards les plus affectueux ? Savez-vous que ce peuple, en quittant cette maison, qu'il venoit de détruire avec une sorte d'ordre et de calme, a voulu que chaque individu vidât ses poches, et constatât ainsi que nulle bassesse n'avoit souillé une vengeance qu'il croyoit juste ».

« Voilà, voilà de l'honneur, du vérirable honneur, que les préjugés des gladiateurs et leurs rits atroces ne produiront jamais.

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Voilà quel est le peuple, violent, mais exorable; excessif, mais généreux; voilà le peuple, même en insurrection, lorsqu'une constitution libre l'a réndu à sa dignité naturelle, et qu'il croit sa liberté blessée. Ceux qui le jugent autrement le méconnoissent et le calomnient; et quand ses serviteurs, ses amis, ses frères, qui ne se sont voués à sa défense que parce qu'ils l'honorent profondément, repoussent ces blasphêmes que l'on profère à chaque instant dans cette assemblée contre lui, ils obéissent à leur premier devoir, ils remplissent une de leurs plus saintes fonctions >>.

<< Nous avons trop tardé ; ne souffrez pas

que le temps que nous a emporté ce cou pable débat passe pour la puérile explosion d'une colère oiseuse et stérile; faites dans votre sein un exemple qui démontre que Votre respect pour la loi n'est ni tied, ni simulé qu'enfin M. Roi soit conduit en prison.m

*t ༣༥ Après quelques amendemens proposés et écartés, il fut décidé que M. Roi se rendroit à l'abbaye St.-Germain, pour trois jours. 20 Nov. au soir. L'ordre du jour étoit la discussion de l'affaire d'Avignon.

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