Page images
PDF
EPUB

corps de Riquetti Mirabeau sera déposé à côté des cendres de Descartes dans le caveau de l'ancienne église de Sainte-Geneviève. »

L'assemblée adopta avec transport le projet de décret présenté par le comité.

Vers le milieu de la séance, le président avoit annoncé que le convoi de M. Mirabeau seroit prêt à partir à quatre heures. L'assemblée décida qu'elle s'y rendroit en corps.

On n'a rien vu de plus exact et de plus précis que la description du convoi funéraire insérée dans le moniteur de Paris, 5 avril 1791. Nous croyons ne pouvoir mieux servir le lecteur que de la rapporter.

<<< Tous les citoyens, toutes les sociétés et clubs patriotiques se sont empressés de jeter des fleurs sur la tombe de Mirabeau, la société des amis de la constitution a arrêtét dimanche, 1o. d'assister en corps à ses obsèques; 2°. de porter le deuil huit jours 3. de le reprendre périodiquement chaque année le 2 avril; 4.. de faire exécuter en marbre le buste de cet homme célèbre, au bas duquel on lira ces paroles mémorables qu'il prononça le jour de la séance royale:

allez dire à ceux qui vous envoient que nos sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n'en sortirons que par la puissance des bayonnettes. »

« La pompe funèbre de Mirabeau a eu lieu lundi 4. Jamais cérémonie ne fut plus majestueuse. A 5 heures le cortége a commencé à se former : un détachement de la cavalerie nationale parisienne ouvroit la marche; après la cavalerie venoit une députation des sapeurs et canonniers des 60 bataillons; sur les côtés on voyoit marcher une députation des invalides, composée des soldats les plus estropiés. Une députation des 60 bataillons de la garde nationale parisienne marchoit sur seize de hauteur précédée del'état-major, à la tête duquel étoit M. Lafayette: les cent-suisses et les gardes de la prévôté de l'hôtel précédoient la musique de la garde nationale; un roulement lugubre de tambours et les sons déchirans des intrumens funèbres répandoient dans l'ame une terreur religieuse : tout le monde observoit un silence profond. »

«Le clergé précédoit le corps ; le cercueil devoit être conduit dans un corbillard ; mais le bataillon de la Grange-Batelière, dont

Mirabeau étoit commandant, a voulu se charger de ce poids glorieux : le corps, entouré de gardes nationaux, les armes basses, étoit porté alternativement par 16 citoyens soldats. Le drapeau du même bataillon flottoit sur le cercueil. Une couronne civique remplaçoit les attributs féodaux qu'on portoit autrefois dans les cérémonies funèbres de quelques individus. Après le deuil venoit l'assemblée nationale, escortée par le bataillon des vétérans, et par celui des enfans. Les électeurs, les députés des 48 sections, le département, la municipalité, les juges des tribunaux de Paris, les officiers municipaux de divers lieux circonvoisins , la société des amis de la constitution, les ministres du roi, la société de 1789, toutes les sociétés fraternelles et tous les clubs patriotiques de Paris suivoient l'assemblée nationale. La marche étoit fermée par un détachement considérable d'infanterie et de cavalerie. Ce cortége, qui remplissoit un espace de plus d'une lieue, marchoit dans le plus grand ordre, au milieu d'une double haie de gardes nationaux, et d'une foule innombrable de citoyens de tout sexe et de tout

Age. La tristesse étoit peinte sur tous les visages; beaucoup de personnes pleuroient, et tous éprouvoient la douleur profonde qu'inspire une grande perte publique. >>

« Après trois heures d'une marche religieusement silencieuse, on est arrivé à SaintEustache. Le temple étoit entièrement tendu de noir. Un sarcophage étoit élevé au milieu du chœur. Après les prières usitées, M. Cérutti a prononcé un discours dans lequel il a considéré Mirabeau comme politique et comme législateur. En rappelant ses vertus civiques et les services rendus à la patrie, l'orateur a falt verser des larmes à tous ses auditeurs. Après ce discours, le cortége s'est de nouveau mis en marche pour se rendre à Sainte-Geneviève. Le même ordre, le même silence ont régné On est arrivé à minuit, et le corps de Mirabeau a été déposé auprès de celui de Descartes. Il y restera jusqu'à ce que la nouvelle église, dont l'assemblée nationale a ordonné l'achèvement, soit en état de recevoir les cendres des hommes qui seront jugés dignes de cet honneur.»

Fin du tome quatrième et dernier.

TABLE

DES MATIÈRES

CONTENUES DANS CE QUATRIÈME VOLUME.

MIRABEAU exprime son indignation
contre les obstacles apportés par les mem-
bres du côté droit à ce que le pavillon blanc
soit remplacé par le pavillon aux cou
leurs nationales dans notre Marine, p. a

qu'il dit au sujet de M. Guillermy qui

l'avoit traité de scélérat et d'assassin, 8

Principes de Mirabeau relativement à la
portion d'Imposition que
doivent suppor-

*ter les rentes viagères et constituées sur

0 le Trésor public,

« PreviousContinue »