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sous la foi desquelles il a été contracté des alliances, elles ne conservent d'effet que dans un degré et par une seule mutation; toute extension au-delà d'un degré étant révoquée et abolie. »

Les plus vifs applaudissemens se renouvelèrent à la fin de cette lecture qui termina la séance.

Nous n'aurions pas assez fait si, après avoir rappelé les regrets de l'assemblée nationale, nous ne présentions pas la patrie en deuil, nous ne retracions ces honneurs funèbres rendus à la mémoire du grand homme que nous pleurons tous. La douleur a besoin d'être nourrie : c'est donc avec confiance que nous enveloppons de crêpes le portrait de Mirabeau. Sous ce costume lugubre, la patrie reconnoissante va poser sur son front la couronne civique.

3 Avril. Une députation des sections de Paris fut introduite à la barre. Consternée de la perte que la nation venoit de faire, et voulant rendre un hommage d'estime et de reconnoissance aux mânes de Mirabeau, elle présenta le vœu qu'il fût inhumé au champ de la Fédération, sous L'autel de la patrie.

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On applaudit à cette belle idée.

De nouvelles vues vont être offertes c'est le département de Paris qui en fait hommage.

M. la Rochefoucault, à la tête d'une dé putation, s'exprima ainsi :

« L'administration du département de Paris a compté, pendant quelques jours, M. de Mirabeau au nombre de ses membres. C'est à ce titre que, vêtus de deuil, nous venons parler de lui aux représentans de la nation, et leur apporter l'hommage du vœu que nous formons pour que l'ère de la liberté françoise soit l'époque d'un hommage rendu à la gloire des hommes qui auront bien mérité de la patrie. Nous allons vous lire, si vous le permettez, l'extrait de la délibération du directoire. »

M. Pastoret, procureur-général-syndic, lut l'arrêté du directoire de département. Cette pièce est ainsi conçue:

Extrait des registres du directoire de département.

M. le procureur - général - syndic a dit: « Messieurs, huit jours se sont à peine

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écoulés depuis qu'assis au milieu de nous, Mirabeau présentoit, avec son éloquence énergique, les moyens de régénérer l'empire, la tranquillité publique; et déja Mirabeau n'est plus. »

«Quand la mort frappa cet Américain illustre dont le nom rappelle à la fois tout ce que le génie a de plus vaste, la liberté de plus actif, la vertu de plus auguste, l'orateur françois, dans la tribune nationale, provoqua le deuil de la France et de l'univers. Vous venez de lui rendre le même hommage d'estime et de douleur; mais cet hommage, messieurs, ne vous acquitte pas entièrement. >>

pu

« Au milieu des justes regrets causés par une mort qui, dans ce moment, peut être considérée comme une calamité blique, le seul moyen de distraire sa pensée est de chercher, dans ce malheur même, une grande leçon pour la postérité. »

« Les larmes que fait couler la perte d'un grand homme ne doivent pas être des larmes stériles. Plusieurs peuples anciens renfermèrent dans des monumens séparés leurs prêtres et leurs héros. Cette espèce de culte qu'ils rendoient à la piété et au

courage, rendons-le aujourd'hui à l'amour du bonheur et de la liberté des hommes. Que le temple de la religion devienne le temple de la patrie. Que la tombe d'un grand homme devienne l'autel de la liberté. »

« On sait qu'une nation voisine recueille religieusement, dans l'un de ses temples les citoyens dont la mémoire est consacrée par la reconnoissance publique. Pourquoi la France n'adopteroit-elle pas ce sublime exemple ? Pourquoi leurs funérailles ne deviendroient-elles pas une dépense nationale ? »

<< Mais ce vou, nous ne pouvons que l'ex primer; c'est à nos représentans, à ceux que nous avons si justement chargés du soin de nos loix et du soin de notre bonheur, à lui imprimer un caractère auguste. Hâtonsnous donc de le leur présenter; et qu'un. décret solemnel apprenne à l'univers que. la France consacre enfin, aux amis du peuple, les monumens que l'on élevoit autrefois au hazard de la naissance ou des combats. >>

Le procureur- général - syndic entendu, le directoire arrête qu'il sera fait une dépu

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tation à l'assemblée nationale pour de-
mander :

1o. Qu'il soit décrété que le nouvel édi-
fice de Ste.-Géneviève soit destiné à rece-
voir les cendres des grands hommes, à
dater de l'époque de notre liberté.

2°. Que l'assemblée nationale seule puisse juger à quels hommes cet honneur sera dé. cerné.

3o. Qu'Honoré Riquetti de Mirabeau en
soit jugé digne.

*4°. Que les exceptions, qui pourroient
avoir lieu pour quelques grands hommes
morts avant la révolution, tels
que Des-
cartes, Voltaire et J. J. Rousseau, ne puis-
sent être faites que par l'assemblée nationale.

5°. Que le directoire du département de
Paris soit chargé de mettre promptement
la nouvelle église de Ste.-Geneviève en état
de remplir sa nouvelle destination; et d'ins-
crire au-dessus du fronton: Aux grands
hommes la patrie reconnoissante.

Cette adresse fut vivement applaudie, et la réponse du président ajouta à l'impression qu'elle avoit faite.

«Lorsque l'assemblée nationale, dit-il, entendoit la voie éloquente de Mirabeau pro

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