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dans une proposition qui en contient plusieurs autres, une motion d'ajournement. (Il s'élève des murmures dans la partie supérieure de la partie gauche. ) Il ne suffit pas de compliquer deux ou trois propositions et de les développer.... ( Ces mêmes murmures recommencent. ) Silence aux 30 voix.... Il ne suffit pas, dis-je, dis-je, d'amalgamer deux ou trois propositions, et de les revêtir du nom d'ajournement, pour obtenir pour elles un ajournement pur et simple. L'ordre du jour vaut bien, je crois, la motion de M. Vernier, à laquelle, si l'assemblée veut l'adopter, je fais cet amendement : « Qu'il soit décrété que d'ici à l'expid'atration de l'ajournement, il n'y aura pas trouppement.» (Une grande partie de l'assemblée applaudit. Le reste murmure.)

Après de vifs débats pour savoir s'il y avoit lieu ou non à délibérer sur la proposition de M. Vernier, l'assemblée décida qu'il y avoit lieu à délibérer, et la proposion fut adoptée.

Mardi soir, premier mars. Une députation du département de Paris fut admise à la barre, Plusieurs des représentans de

la nation la composoient. Elle avoit choisi mirabeau pour son organe.

Mirabeau. « Le corps électoral du département de Paris a terminé ses élections et l'administration s'est organisée; nous sommes les enfans de la loi; c'est au législateur que nous devons notre premier hommage. »

Il est maintenant complet ce système général d'administration, qui, sur toute la surface de l'empire, donne des interprètes aux pétitions du peuple, des organes aux loix, des fonctionnaires au pouvoir exécutif, des mandataires à chaque département et à chaque cité, des intermédiaires à la collection des citoyens. Pendant quelques instans, au milieu de l'appareil d'une grande création, et quand toutes les institutions. anciennes renversées n'offroient plus que les ruines de 20 siècles, la France ne pouvoit que présenter l'image d'un véritable cahos, il disparoît; un ordre durable lui succède, les postes sont fixés, les places remplies, les droits déterminés. Nous avons échappé à cette mort qui atteint les empires comme les individus. Vous n'avez pas seulement reculé la durée de notre

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société politique; vous avez recréé son existence; c'est au sein même de la tempête qui alloit l'engloutir, que vous avez refait à neuf le vaisseau de l'état. Il peut maintenant sans péril se frayer une nouvelle route à de grandes destinées. »

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Nous partageons comme François, la gloire de vos travaux, mais comme officiers publics, nous ne devons nous occuper que de nos fonctions. »

« Le corps législatif et le monarque sont les représentans du peuple, et nous, nous n'en sommes que les mandataires. Le monarque est l'exécuteur de la loi : nous sommes les organes du monarque dans cette exécution. Ces différens rapports déterminent tous nos devoirs. »

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« Nous ne pouvons point exprimer la volonté du peuple ; nous ne pouvons que vous transmettre ses besoins ses vœux, ses espérances. Comme la lumière se répand d'un seul foyer sur l'univers, la loi sortant toute formée du corps législatif et du monarque, ne trouve plus que des sujets : nous la recevons du chef de l'empire; et en la faisant exécuter, nous devons les premiers l'exemple de l'obéissance. »

« Nous placerons sur-tout, au nombre de nos devoirs, nos soins pour la tranquillité publique. De tous les débris des anciennes institutions et des anciens abus s'est formée une lie infecte, un levain corrupteur, que des hommes pervers remuent sans cesse pour en développer tous les poisons. Ce sont les factieux qui, pour renverser la constitution, persuadent au peuple qu'il doit agir par lui même, comme s'il étoit sans loix, sans magistrats. Nous démasquerons ces coupables ennemis de son repos, et nous apprendrons au peuple que si la plus importante de nos fonctions est de veiller à sa sûreté, son poste est celui du travail, secondé par la paix de l'industrie active et des vertus domestiques et sociales. >>

La réponse du président manifestoit les mêmes desirs du retour de l'ordre et de la paix.

L'assemblée applaudit à plusieurs reprises, et ordonna l'impression de l'adresse et de la réponse. »

➜ Mars. — Plusieurs propositions furent faites sur les vicaires qui forment le conseil des évêques, sur ceux qui desservent les

églises auprès des curés, et sur la préfé rence à accorder à ceux qui ont été supprimés, pour les places vacantes.

« En général, dit Mirabeau, nous nous occupons prodigieusement trop du clergé, nous ne devrions nous occuper d'autre chose dans ce moment que de lui faire payer ses pensions, et de le laisser dormir en paix. ».

L'assemblée passa à l'ordre du jour.

Séance du soir, 3 mars. - M. l'abbé Gouttes, au nom des comités des finances et de mendicité, présenta en forme de décret, le projet de tontine viagère et d'amortissement de M. Lafarge, dont l'examen avoit été renvoyé (le 30 novembre 1790) à ces comités.

Ce projet avoit paru aux comités offrir aux ouvriers et aux hommes laborieux l'avantage de pouvoir placer les petites économies de l'âge, du travail, et le moyen de s'assurer, pour leur vieillesse, de quoi vivre dans le repos.

Mirabeau appuya ce projet, et cependant il proposa quelques changemens; voici sous quel rapport il le considéra.

« Vos comités trouvent une foule d'avan

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