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gers, et l'on aura de fortes barrières», «Or, montrer qu'en grande partie le délit cessera c'est répondre certaine ment à l'objection tirée de la nécessité des peines. Cette objection, d'ailleurs poussée trop loin, seroit commune aux traites; et faut-il donc aussi renoncer aux produits des traites? Il est évident que, par une contravention tout-à-la-fois moins fréquente, moins facile et moins nuisible, les simples amendes payables avec contrainte par corps, suffiront ».

<< Enfin, n'oublions jamais le point d'où nous sommes partis dans cette discussion, c'est que le comité avoue qu'il a besoin d'un impôt sur le tabac. Si, pour discuter cette assertion il étoit encore temps de refondre tous les plans du comité, et de remonter à d'autres principes, peutêtre et probablement ne serois-je pas de son avis; et certes, il n'y a que la nécessité la mieux démontrée qui puisse justifier la prohibition de tel commerce et de telle culture. Mais je n'ai été appelé à partir que des bases du comité. Qu'il déclare que la situation de nos finances nous permet de nous passer de ces 30 millions,

provenans de la consommation du tabac; qu'il déclare sur-tout que tous les autres impôts seront plus équitables, et tout polémique entre nous cessera. Je ne craindrai plus alors que la culture soit libre " étant bien assuré que presque personne ne cultivera, et que nos relations avec l'Amérique septentrionale ne seront point anéan

ties >>.

PRÉSIDENCE DE MIRABEAU,

Du 30 janvier au 14 février 1791.

Mirabeau président!....Nous ne dirons point que c'étoit un honneur qui lui étoit dû; mais nous oserons dire que l'assemblée nationale s'est honorée en lui déférantcette place. Si quelques personnes étrangères à la tactique qui écarta aussi long temps Mirabeau du fauteuil, s'étonnoient de la hardiesse de notre opinion, nous leur répondrions : ou vous regardez la présidence comme le prix des services rendus à la révolution, ou bien vous pensez que tout membre doit y être indifféremment appelé : dans le premier ças, nous n'avons pas besoin de prouver

.

que le nom de Mirabeau devroit se lire en tête de la liste des membres qui ont été élevés à la présidence; dans le second cas, nous aurions lieu de nous étonner encore

que Mirabeau n'ait été que le quarantequatrième président.

Séance du jeudi soir 3 février. Une députation des auteurs lyriques, admise à la barre, demanda d'être autorisée à présenter au comité de constitution des règlemens analogues à ceux que les peintres et les sculpteurs lui avoient soumis.

Mirabeau répondit en qualité de président. « Tous les beaux arts sont une propriété publique. Tous ont des rapports avec les mœurs des citoyens, avec cette éducation générale quichange les peuplades d'hommes en corps de nation. La musique a long-temps conduit les armées à la victoire; des camps elle a passé dans les temples, des temples. dans les palais des rois, de ces palais sur nos théâtres, de nos théâtres dans nos fêtes civiques, et peut-être elle donna tout leur empire aux premières loix des sociétés naissantes. Cet art fondé sur la régularité des mouvemens si sensible dans toutes les parties de l'univers, mais principalement

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dans les êtres animés chez lesquels tout s'exécute avec ritlime, et dont le penchant à la mélodie se manifeste dans tous leurs goûts; cet art n'est qu'une imitation de l'harmonie de la nature; et lorsqu'il peint les passions, il a pour modèl. le cœur hu main, que le législateur doit étu·lier encore sous ce point de vue ar-là sans doute se trouvent les motifs de toutes les institutions sociales. L'assemblée prendra votre demande en considération; elle vous permet d'assister à sa séance. (On applaudit)».

: (

de

5 Février au soir. - L'assemblée venoit de rendre un décret qui comprend les prédicateurs au rang des fonctionnaires publics, et les assujettit par conséquent à prêter le serment civique, lorsque M. Folleville demanda s'il seroit permis d'établir suivre privément dans sa maison, parmi ses domestiques, la religion catholique. "M. le président le rappela à l'ordre pour avoir avancé une proposition également inconstitutionnelle et injurieuse à l'assemblée.

Les applaudissernens de la partie gauche et de toutes les tribunes irritèrent M. Du

val, qui demanda à prouver que M. le président avoit eu tort de rappeler M. Fol

leville à l'ordre. Mais l'assemblée décida le contraire.

M. Régnier qui, précedemment avoit rapporté l'affaire relative aux troubles de la ville d'Haguenau, avoit été dénoncé par la municipalité de cette ville', comme prévaricateur. M. Voidel, chargé du rapport sur cette dénonciation, proposa un projet de décret qui tendoit à justifier M. Régnier des imputations qui lui avoient été faites : et comme M. Régnier demandoit la parole, Mirabeau lui dit : « Monsieur, ne nous ôtez pas le plaisir d'avoir rendu justice à votre droiture, sans vous avoir entendu ». Le projet de décret fut unanimement adopté.

Malgré cette justification honorable, on eut la hardiesse de faire distribuer (le 7) dans les bureaux mêmes de l'assemblée un libelle contre M. Régnier. M. le président en ayant été prévenu, prit les ordres de l'assemblée. « Comme représentant de la nation, dit-il, j'ai opposé le plus froid dédain à toutes ces productions de la calomnie; comme votre président je ne crois pas devoir souffrir qu'un de vos membres soit exposé sous vos yeux à ces outrages >>

L'assemblée ordonna que cotte distri bution seroit arrêtée sur le champ.

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