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Mirabeau en s'abstenant, de profiter de la permission qu'il avoit obtenue de s'absenter: après 15 mois de travaux assidus, il eût été bien doux pour lui de revoir ses compatriotes, de terrasser par sa présence les instigateurs des troubles qui affligeoient sa patrie. Sans doute comme autrefois il fût revenu de ces belles contrées avec une triple couronne civique.

La société des amis de la constitution que Mirabeau présidoit alors avec cette noblesse et cette dignité dont il a donné des preuves pendant sa présidénce à l'assemblée nationale, alarmée de ce départ, vota de lui porter les témoignages du regret et de la douleur qu'elle ressentoit en le voyant abandonner l'arêne constitutionnelle.

Mirabeau sensible à cette démarche dictée par l'amour sincère du patriotisme, promit de ne point partir, et il tint parole.

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tiques fonctionnaires publics et membres de l'assemblée nationale, pour prêter leur serment, devoit expirer à une heure.

Au moment de l'expiration du délai M. l'abbé Grégoire qui, le premier, avoit donné l'exemple du respect pour la loi, monta à la tribune pour expliquer co que l'assemblée avoit entendu par le serment qu'elle avoit prescrit : jurer d'être fidèles, d'obéir, de procurer l'obéissance à la loi, voilà ce qu'elle exigeoit, et il ne pensoit pas que ce serment pût effrayer les con

sciences.

Il sembloit à Mirabeau que pour avoir un assentiment général, la doctrine exposée par M. l'abbé Grégoire, devoit être exprimée avec plus de clarté et de simplicité. « L'assemblée, dit-il, n'a jamais pu penser qu'elle avoit le droit d'obliger à faire serment de telle chose; elle a pu déclarer le refus d'un serment incompatible avec telles fonctions. Nul ne remplira telles fonctions, qu'il n'ait prêté tel serment, vous êtes maître de le dire. Pourvu que vous regardiez comme démissionnaire ; celui qui refuse de prêter ce serment; en effet, à l'instant même de ce refus, il n'est

plus fonctionnaire public. Je ne serois pas monté à la tribune pour donner cette explication, si on ne lisoit sur les murs des carrefours une affiche inconstitutionnelle, inique ;on y déclare perturbateurs du repos public les ecclésiastiques quine prêteront pas le serment que vous avez décrété. L'assemblée n'a jamais permis, elle n'a jamais pu permettre une telle affiche. Celui qui, après avoir prêté le serment d'obéir à la loi, n'obéiroit point à la loi, seroit criminel, et perturbateur du repos public. Celui qui s'obstineroit à ne pas prêter le serment, et à conserver l'exercice de ses fonctions, seroit également criminel et perturbateur du repos public; mais celui qui se résigne, et qui dit : je ne peux prêter le serment, et je donne ma démission, n'est certainement pas coupable. (Toute la partie gauche applaudit ). C'est donc par une étrange erreur que ces affiches ont été placardées. La force publique doit réparer cette erreur. Avant de faire cette observation à laquelle j'attache quelqu'importance, j'ai dit dans quel sens je concevois l'explication donnée par le bon citoyen, par l'ecclé

siastique respectable qui a parlé avant moi. Dans ce sens j'y donne mon assentiment; dans tout autre elle n'offriroit qu'une restriction mentale, et il seroit aussi indigne de ce membre de la proposer, que de l'assemblée de la tolérer. ( On applaudit ) ».

M. Bailly expliqua que cette erreur venoit des bureaux du garde-des-sceaux, qu'à peine ce ministre s'en étoit apperçu, il avoit donné des ordres pour faire changer les affiches.

Deux motions, faites par M. Barnave, excitèrent de vifs et tumultueux débats. Par la première, il demandoit que le président interpellât les ecclésiastiques membres de l'assemblée qui n'avoient pas prêté le serment civique, pour qu'ils eussent à le prêter. Il demandoit par la seconde que, dans le cas où il s'en trouveroit qui ne voulussent pas le prêter, le président se retirât par-devers le roi pour le prier de mettre à exécution le décret du 27 novembre et de faire procéder à la nomination des évêchés vacans par les formes constitutionnelles.

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M. Lucas proposa en amendement d'ins

crire séparément les noms des absens, de ceux qui prêteroient le serment de ceux qui refuseroient de le prêter.

Mirabeau demanda la question préalable sur cet amendement ; il pensoit qu'il étoit impossible de prévoir par, un décret qu'il y auroit des refusans: qu'on ne pouvoit supposer après les explications simples, les invitations charitables que l'on venoit d'entendre, que des ecclésiastiques, que des ministres de paix voulussent secouer sur leur patrie les torches de la discorde.

M. Lucas retira son amendement.

La première motion de M. Barnave fut mise aux voix et décrétée. Pour l'exécuter on commença par l'appel nominal, mais l'assemblée reconnut que le mode de l'interpellation générale étoit préférable.

Plusieurs ecclésiastiques parurent à la tribune, quelques-uns prêtèrent le serment exigé purement et simplement. D'autres le prêtèrent; mais avec des restrictions.

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Le président avoit répondu à un des curés qui vouloit faire des réserves, que l'assemblée n'avoit pas entendu toucherau spirituel.

M. Cazalès saisit cette occasion pour

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