Page images
PDF
EPUB

au lieu de s'occuper de sa démence, et peutêtre s'il eût conservé quelque sang-froid m'auroit-il demandé lui-même pour son avocat. Je ne puis donc être suspecté d'un desir de vengeance en prenant la parole pour requérir de votre justice un jugement. En réfléchissant à ce qui vient de sepasser, j'ai compris qu'il ne convenoit pas à un représentant de la nation de se laisser aller au premier mouvement d'une fausse générosité, et que sacrifier la portion de respect qui lui est dû, comme membre de cette assemblée, ce seroit déserter son poste et son devoir. Ainsi, non seulement je ne propose plus, comme je l'avois fait, de passer à l'ordre du jour, mais je demande qu'on juge M. Guillermy oumoi;s'il est inno cent, je suis coupable, prononcez. Je ne puis que répéter que j'ai tenu un langage dont je m'honore, et je livre au mépris de la nation et de l'histoire ceux qui oseront m'imputer à crime mon discours »>.

L'assemblée, toujours disposée à adopter les mesures les moins sévères, condamna M. Guillermy aux arrêts pour trois jours.

23 Oct. Dans la discussion qui avoit eu lieu la veille sur la contribution person!

[ocr errors]

nelle, M. Lavenue avoit fait la motion' d'établir aussi cette contribution sur les rentes perpétuelles et viagères sur l'état. Il avoit été seulement arrêté que le comité d'imposition lui feroit, sous huitaine, le rapport de ses opérations relativement à ces espèces de rentes. Mais comme le procèsverbal annonçoit qu'il avoit été décrété que la motion de M. Lavenue seroit examinée par le comité, on demanda la réformation' du procès-verbal; et il fut décidé que le procès-verbal seroit rectifié.

Mirabeau attaqua la motion de M. Lavenue, comme injuste et déraisonnable en elle-même. Il demanda que le rapport en fut fait au plutôt, afin de ne pas laisser plus long-temps incertaine une question quí n'auroit pas dû en fare une. Il déclara d'avance qu'il soutiendroit de tout son pouvoir la théorie que l'assemblée avoit consacrée sur l'immunité absolue dont ces rentes devoient jouir.

Mirabeau développa ses principes sur cette dette sacrée dans un article du Moniteur ( 25 du mois d'octobre). Nous croyons qu'on nous saura gré de ce rapprochement.

Obligé de prendre les eaux de Barégés,

et saisissant pour cela les jours où la discussion me paroît la moins importante, J'étois hier absent de la séance. Jugez, Monsieur, de ma surprise, en lisant dans les feuilles du jour, qu'une proposition destructive des plus honorables déclarations de l'assemblée nationale avoit été renvoyée au comité d'imposition pour en rendre compte. J'ai laissé là mes eaux, et j'ai couru à l'assemblée, où j'ai trouvé le fait ainsi rappelé dans le procès-verbal. »

<<< Un membre de l'assemblée a demandé que le comité d'imposition fût chargé de faire, àjour fixe, un rapport à l'assembléenationale sur la portion d'imposition que doivent supporter les rentes viagères et constituées sur le trésor public: et l'assemblée a ordonné en conséquence que ce rapport lui seroit fait dans la huitaine ».

« J'ai demandé à prouver en trois minutes que cette proposition est tout à la fois indécente, répréhensible et destituée de

raison >>.

[ocr errors]

« Indécente, puisqu'il ne s'agit pas de moins que de démentir et d'effacer nos déclarations les plus solemnelles sur la foi publique ».

[ocr errors]

Répréhensible, en ce qu'elle est insidieuse et subreptice. Avant de savoir si l'assemblée nationale imposera les créanciers de l'état dans la matière même de leurs créances, il faut lui proposer d'expliquer ce qu'elle a entendu, non-seulement lorsqu'elle les a mis sous la sauve-garde de la loyauté françoise, mais lorsqu'elle a déclaré que, sous aucun prétexte, il ne seroit fait de réduction dans la dette publique: on atteste la déclaration des droits de l'homme, chacun doit payer suivant ses facultés ; et moi j'atteste que tout homme à droit de réclamer ce qui lui a été promis librement ».

que

« Destituée deraison sous deux rapports; dans le fait particulier et dans le fait géné ral. Dans le fait particulier, on propose à la nation d'acheter quelques millions au prix d'une infamie, et en tarissant la riche ressouce du crédit public. Dans le fait général, rien de plus absurde que d'imposer les capitaux prêtés à intérêt; c'est l'emprunteur et non le prêteur qui paie l'impôt comme en général les prêteurs sont des riches, l'impôt retombe sur les pauvres; et comme le pauvre ne peut jamais faire la Toi, il faut qu'il supporte l'impôt par les

t

privations les plus tristes pour lni, et les plus désastreuses pour la chose publique ». << Tel étoit le très-rapide apperçu des principales raisons pour lesquelles je demandois que, si l'on ne se déterminoit pas im. médiatement à ensevelir une telle proposition dans l'oubli du mépris, elle fût discutée très-incessamment; et je demandois avec d'autant plus d'instance qu'il est impossible de choisir un plus malheureux moment pour faire une proposition aussi flétrissante. Elle tend à renouveler toutes les alarmes des étrangers sur nos fonds publics. On sait que nous leur devons des sommes considérables, soit comme prêteurs à nous-mêmes, soit comme prêteurs à nos créanciers indigens: en sorte que ces alarmes occasionneroient des ventes forcées par la crainte, ct ensuite de nouvelles extractions de numéraire puisque l'on prétend que nous ne pouvons pas payer les étrangers en assignats »>.

« L'assemblée a cru qu'il falloit attendre pour ouvrir ce débat le jour indiqué au comité d'imposition. Et cependant, de peur que l'inconsidération ou l'ignorance ne missent en doute l'inviolable persévé

« PreviousContinue »