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blance que l'ancien pont se trouvait en face de la rue Saint-Quentin, c'est que les Romains, qui faisaient tout avec grandeur et régularité, n'auraient pas sans nécessité détourné la communication entre la Grand' Rue, qui allait de la porte de l'Ouest à celle de l'Est, et le château de Croicy, monument des Romains, première résidence des rois de France qui devint plus tard la célèbre abbaye de Saint-Médard.

En outre, la rue Saint-Christophe et la grande chaussée d'Amiens faisaient aussi prolongement à cette même rue et au pont.

Tout cela formait donc une même ligne droite, passant au centre de la ville.

M. le capitaine Maquet lit à son tour les trois notes suivantes, qui sont le résultat d'observations par lui faites au cours des manoeuvres militaires de 1912 dans la région.

I. Peintures murales de l'église de Jumigny. En passant à Jumigny vers le milieu du mois de septembre dernier, il m'a été donné de constater la disparition totale des peintures murales du XIIe siècle qui, d'après Fleury, devaient exister dans l'église de cette localité. Il est très regrettable qu'elles aient été recouvertes d'un grossier badigeon, car c'est une perte réelle pour l'archéologie.

Ed. Fleury, dans son ouvrage sur les Antiquités et Monuments du département de l'Aisne, T. III, p. 98, nous fait connaître que cette décoration polychrôme comprenait :

1o Une frise qui décorait la partie supérieure de la muraille et touchait au plafond;

2o Une série de panneaux reproduisant des scènes de la Vie des Saints: l'un d'eux entre autres représentait Saint Martin à cheval partageant son manteau à l'aide de son épée et en donnant une partie à un pauvre.

Ces panneaux, au nombre de huit entre les fenêtres des murs latéraux et de trois au-dessus du portail étaient séparés les uns des autres par des arcades ornées de rinceaux. Ceux de la frise cherchaient à représenter, par des animaux fantastiques, les sept péchés capitaux et les vertus contraires. C'était là une manifestation de ce symbolisme dont l'architecture romane nous a donné tant d'exemples; la disparition de ces peintures est donc bien une perte véritable.

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II. Restauration de l'oratoire de Sainte-Berthe. J'ai vu de même, en traversant Filain, que l'oratoire de Sainte Berthe (dont notre collègue, M. Bouchel, a rappelé le pélerinage dans une communication qui figure au Bulletin de 1899) avait été restauré de telle sorte que les sculptures des chapiteaux ressemblent à un affreux kerbschnitt. L'indécision dans le dessin, l'impureté des lignes qui étaient la caractéristique de l'époque et constituaient pour cet oratoire un brevet d'authenticité, ont complètement disparu pour faire place à une sculpture d'une netteté désespérante.

On doit également regretter que la restauration de cette chapelle ait été ainsi faite en dehors de toute direction compétente, car elle ne peut que contribuer à égarer les visiteurs et à les faire douter de son ancienneté.

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Souvenir de 1814 à La Ville-aux-Bois. J'ai eu

enfin l'occasion de découvrir dans le village de la Ville-aux-Bois, du canton de Neufchâtel-sur-Aisne, une inscription curieuse rappelant l'occupation du territoire français en 1814 et plus particulièrement la région comprise entre Laon et la rivière d'Aisne, avant et après les batailles de Craonne et de Laon.

Cette inscription, peu connue des habitants du village eux-mêmes, est gravée sur une pierre enchassée dans le mur de la propriété de Mme Vomarne, située à la sortie Nord de la localité sur le chemin de Corbeny.

Elle est ainsi libellée textuellement :

« Les Cosaques ont bivaqués icy et sur le terroir, au « nombre de plus de 150 mille depuis le 12 mars jusqu'au « 22, 1814 ».

« Nous avons été bien malheureux ».

« LOBJOY. >>

En vue d'identifier le nom du signataire, j'ai recherché dans les archives de la commune, et je l'y ai retrouvé de la même écriture et avec le même paraphe au registre des délibérations du Conseil Municipal de 1816. Ce M. Lobjoy était instituteur à La Ville-aux-Bois et remplissait en même temps les fonctions de Secrétaire de la Mairie. Cette inscription est donc bien de l'époque.

En fin de séance le tome XVII de la 3 série du Bulletin de la Société, correspondant à l'année 1910, est distribué aux Membres présents.

La séance est levée à 5 heures.

Le Président,

LECER.

Le Secrétaire général,

HENNEQUIN.

Séance du 2 Décembre 1912

Présidence de M. FIRINO, Vice-Président

M. Firino présente les excuses de M. Lecer, président, qu'une indisposition empêche d'assister à la séance de ce jour; puis le procès-verbal de la séance du 4 novembre est lu et adopté.

Il est ensuite donné connaissance aux Membres présents de la circulaire ministérielle et du programme concernant le 51 Congrès des Sociétés savantes de France, qui se tiendra à Grenoble en mai 1913.

Parmi les articles d'histoire locale récemment publiés, un Membre signale: 1° « La cause de Bruyères» et 2 « Frédégonde à Braine», parus dans l'Argus Soissonnais, les 19 et 23 octobre et le 30 novembre derniers. Certaines assertions du second de ces articles sont mises en doute dans une lettre de M. Plateau, ancien président de la Société, dont il est donné lecture; mais cette réfutation est ellemême, par endroits, jugée contestable par quelques Membres présents. Article et lettre seront conjointement déposés aux Archives de la Société.

A titre de renseignement bibliographique utile, M. Firino signale le tome 1er du Gallia Typograbhica ou Répertoire biographique et chronologique de tous les Imprimeurs de France jusqu'à la Révolution, dans lequel l'auteur de cet intéressant travail, M. Lepreux, a consacré un chapitre au département de l'Aisne. Après quelques généralités et l'indication des ouvrages qui ont déjà traité la question, il nous

donne la liste des Imprimeurs de Laon, Saint-Quentin et Soissons et ensuite une notice sur chacun de ces imprimeurs. M. Lepreux transcrit aussi un curieux arrêt du Conseil d'Etat du Roi en date du 20 juillet 1740, arrêt rendu sur une requête présentée par Charles Courtois contre la Veuve Waroquier qui attentait, disait-il, à son privilège.

D'après M. Lequeux, le premier imprimeur de Soissons, Nicolas Asseline aurait commencé à exercer en 1669.

M. Vauvillé fait passer sous les yeux des Membres présents une statuette en bronze, de l'époque galloromaine, trouvée il y a plus de 20 ans, par M. Auguste Delaporte, au lieudit du cadastre « La Pointe Saint-Jean », à environ 50 mètres, vers le Nord, de la fausse Crise, ou bras de rivière servant de décharge au moulin de la Place.

Cette pièce appartenant à M. Armand Delaporte de Saint-Médard, représente Mercure imberbe, jeune, nu et debout. Il incline légèrement la tête à droite, ses cheveux sont frisés et courts, les tempes sont ornées de petits ailerons (1). La main droite, tendue en avant, tient la bourse. Le manteau (ou chlamyde), qui est posée sur l'épaule gauche, descend derrière le dos et vient s'enrouler sur le bras gauche.

M. Vauvillé rappelle qu'en 1899, au même lieudit près du boulevard de Jeanne d'Arc, à peu de distance de la découverte du Mercure, lors des déblais exécutés pour la construction de la maison de M. Paul

(1) La position de ce dieu est à peu près celle des figures 317 et 324 du Catalogue des bronzes antiques de la Bibliothèque nationale, par MM Babelon et Blanchet.

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