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manière de faire; bientôt il revenait à la charge avec une nouvelle vigueur de là le développement considérable de ses Manuscrits.

En outre des articles non admis par le bureau, M. Laurendeau présenta toutefois certaines études intéressantes qui furent acceptées et insérées en bonne place dans les volumes de notre Bulletin, comme elles le méritaient.

Quand M. Laurendeau quitta la Société, à la fin de l'année 1875, en raison des fatigues de l'âge qui l'empêchaient d'assister utilement aux séances, il crut devoir laisser à ses collègues, comme souvenir, un dessin de son prédécesseur, le peintre Hoyer. Ce geste aimable et les mots d'adieu que lui adressèrent ses collègues, prouvent que la lutte scientifique, si passionnée qu'elle ait été, ne laissa subsister de part et d'autre que des sentiments d'estime.

Cela dit, j'en arrive maintenant à mon compterendu du premier volume manuscrit laissé par notre ancien collègue :

A) Ce volume commence par une dissertation de 27 pages dont voici le résumé :

Leroux, dans son Histoire de Soissons, éditée en 1839, émet une opinion sur la succession des diverses enceintes qui ont entouré notre vieille cité à travers les âges. En 1853, M. de Laprairie, dans une étude publiée au Bulletin (Ire série, tome VII), fut d'un avis différent, que M. Leroux réfuta dans une étude spéciale. M de Laprairie répliqua (Bulletin, Ire série, tome x1). C'est alors qu'à son tour M. Laurendeau entra en lice pour combattre à la fois

les deux systèmes des historiens précédents. Son exposé fait en séance n'a pas eu les honneurs de l'impression. Un second mémoire suivit, sans plus de succès; puis un autre... On trouve seulement au Bulletin de 1862 (1re série, tome xvi), dans un procès-verbal, quelques lignes concernant la campagne de M. Laurendeau, mais sans aucun commentaire. Ce procès-verbal annonce en même temps les découvertes que venait de faire ce collègue zélé, relativement aux traces de voies romaines relevées dans la plaine Nord de Soissons.

B Le mémoire suivant (12 pages) est une critique assez vive de l'opinion de M. de Laprairie (1re série, tome VII, page 213), qui a cru reconnaître dans les restes d'une arcade de la maison de Mademoiselle Viet, (aujourd'hui partie Est du Séminaire actuel), l'ancienne porte de la ville dénommée << Porte aux Anes ». Les preuves données par M. Laurendeau me paraissent irrécusables. Le Bulletin est muet sur cette protestation de M. Laurendeau.

C) Vient ensuite un Rapport de 26 pages relatif, à des découvertes faites peu de temps auparavant au cours d'un travail de terrassement exécuté à l'Ouest du chemin de Presles, non loin du coude que fait cette route; nous dirions aujourd'hui un peu à l'Ouest de la pointe Sud de la Place du Lieutenant Pillot. C'était d'abord le reste d'une chaussée romaine qui, sur une longueur de 50 mètres se dirigeait vers l'Ouest, c'est-à-dire parallèlement à la route de Compiègne, puis, un peu plus loin, à

l'Ouest, un amas de grosses pierres régulièrement taillées, disposées de façon à figurer un fossé à section triangulaire de 250 de largeur et 1m de profondeur. M. Laurendeau croit voir dans ces pierres un reste de fortification. Il s'en inquiéta peu, mais la trace de la chaussée romaine le préoccupait davantage en raison de l'étude spéciale qu'il avait précédemment entreprise, et que nous avons déjà mentionnée, concernant les nivellements des voies. ou rues anciennes relevées par lui dans la plaine bordant la lisière Nord de la ville. Il avait déjà relevé vingt traces de chemins de l'époque romaine et il se demandait si la découverte nouvelle ne constituait pas un 21 élément du relevé général qu'il projetait d'établir. Il fit donc une enquête à ce sujet et il examina successivement toutes les directions des voies romaines ou autres signalées dans cette région. et auxquelles pourrait se rattacher le bout de chaussée mis à jour.

Tout d'abord son attention fut attirée par le Chemin du Pied d'Argent. Ce chemin qui existe encore aujourd'hui sous le nom de Sente du Pied d'Argent, est un passage de 230 de largeur qui, partant de la route de Paris à 150m de son origine se dirige vers l'Ouest, c'est-à-dire vers le bout de chaussée en question. Il aboutirait aujourd'hui à l'angle Sud de la Place du Lieutenant Pillot s'il n'avait été récemment fermé à son extrémité Ouest. M. Laurendeau consulta les Archives Municipales et il y trouva, entre autres, un Procès-verbal daté de 1824, établi à l'occasion du classement de chemins, procès-verbal dans lequel le Chemin du Pied d'Argent

portait la désignation complémentaire suivante : « Ancien chemin de Soissons à Compiègne. Le témoignage d'un des propriétaires riverains de ce chemin, consigné au procès-verbal, déclare tenir d'une tradition de famille que ce chemin a été déplacé à une époque relativement récente mais indéterminée, que son entrée fut reportée fortement du côté du Midi et que l'ancien chemin rendu à la culture a complètement disparu. L'enquête de M. Laurendeau s'arrête forcément là (1) et notre tenace chercheur n'a plus qu'à examiner si, parmi les autres voies anciennes, il s'en trouve une à laquelle on puisse rattacher le bout de chaussée récemment découvert. Malgré la minutie de ses recherches, il n'en reconnaît aucun et il en conclut naturellement que le bout de chaussée appartient à l'ensemble de rues et chemins anciens dont il a précédemment relevé les traces.

M. Laurendeau constate avec regret dans son manuscrit que le rapport relatant ces faits présenté par lui en séance, n'a pas figuré au procès-verbal.

(1) Au cours de la lecture du présent compte-rendu, l'un de nos collègues, M. Batteux, signala que l'ancien chemin du Pied-d'Argent a été découvert par lui tout dernièrement, lors de la construction de la maison qu'il vient de faire bâtir sur la route de Paris, à une cinquantaine de mètres de l'entrée actuelle de la sente du Pied-d'Argent, c'est-à dire vis-à-vis l'axe de la rue de l'Echelle-du-Temple. Ce chemin se dirigeait bien vers l'Ouest. D'autre part, l'examen du croquis qui accompagne le rapport de M. Laurendeau indique que le bout de chaussée ancienne découvert à l'Ouest et près du Chemin de Presles, prolongé du côté est, c'est-à dire vers la ville, viendrait se confondre avec la rue de l'Echelledu-Temple en passant naturellement par la maison de M. Batteux. Nous voilà donc revenus, à 49 ans de distance, les collaborateurs de M. Laurendeau en prouvant que le bout de chaussée qui le préoccupait était la suite de l'antique chemin du Pied - d'Argent qui avait été également dénommé : Ancien chemin de Soissons à Compiègne.

D) Nous trouvons ensuite une courte étude de 12 pages renouvelant la querelle de l'emplacement de la Porte-aux-Anes. Nous n'en parlerions pas si, dans ce mémoire, M. Laurendeau ne nous faisait connaître des particularités concernant quelques immeubles de ce quartier et de certaines rues adjacentes. M. Suin avait déjà communiqué à la Société des renseignements de ce genre (1re série, tome xii, pages 72 et 73). Nous croyons devoir vous signaler, en les résumant, les citations de M. Laurendeau sur ces divers points.

La maison qui forme la partie Est du séminaire s'appelait l'Hôtel de Roye au moment du siège de 1414 par l'armée royale. Elle était alors occupée par un avocat nommé Oziel (ou Aussuel) Bassuel qui avait rempli un rôle important pendant la défense de la Place, fait pour lequel il fut mis à mort. Ses biens confisqués furent donnés aux frères Minimes (Cordeliers) que les travaux de défense exécutés autour de la Place avaient privés de leur couvent qui avait été

rasé.

Les Cordeliers obtinrent un peu plus tard le droit de s'établir rue des Febves (1435), sur l'emplacement qu'ils conservèrent jusqu'à la Révolution.

L'ancien Hôtel de Roye était devenu, à l'époque qui précéda la Révolution, l'Hôtel de Folleville.

Avant 1553, la rue Richebourg, qui aujourd'hui se termine en cul-de-sac, se prolongeait jusqu'aux remparts.

La rue Porte-aux-Anes conduisait aux BoulloirsNotre-Dame-des-Vignes. Une rue dite des Boulloirs existait alors, percée parallèlement à la rue de la

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