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la durée du siège, avait commandé la 1re batterie bis du 8me d'artillerie, la seule batterie de l'armée active qui ait participé à la défense de la place. Ce rapport, daté de Paris le 1er Juillet 1871, c'est-à-dire 8 mois 1/2 après la reddition, est signé du Capitaine. La raison pour laquelle il a été écrit si tard est que le capitaine de Monery, blessé grièvement le 2me jour du bombardement, transporté à l'hôpital, maintenu dans la place, comme prisonnier de guerre, à la capitulation, rendu à la liberté seulement au cours de l'armistice qui a précédé la signature de la paix et à la suite d'un échange de prisonniers, incorporé à l'armée du Nord, n'a pu reprendre contact avec son ancien chef de service qu'après la répression de l'insurrection de Paris.

Ces deux rapports, bien qu'ayant à mentionner parfois les mêmes faits sont, dans leur ensemble, assez dissemblables pour qu'il y ait intérêt à les publier tous les deux in-extenso. En effet, les auteurs de ces deux documents, quoique appartenant à la même arme, occupaient des fonctions fort différentes : le commandant Roques-Salvaza approchant de près le Commandant de la place connaissait mieux l'ensemble des opérations que le Capitaine, et ce dernier, n'ayant écrit son rapport que 8 mois 1/2 après le siége, avait pu tirer profit de nombreux renseignements généraux sur l'ensemble de la campagne, renseignements qu'avaient ignorés les assiégés. Du reste, - pour apprécier sûrement des faits historiques, il est bon de recueillir les sentiments de plusieurs témoins.

Enfin le 3me document est une copie de la partie de l'Historique du 15me de Ligne se rapportant au rôle du dépôt de ce régiment au cours de la Campagne de

1870. Le dépôt du 15me de Ligne, nous le savons, a fait partie de la garnison de Soissons pendant toute la durée du siège.

L'Historique du 15me a été publié peu de temps après la guerre de 1870, mais les exemplaires de cet ouvrage ne se trouvent plus dans le commerce. M. le colonel Roca, commandant aujourd'hui le régiment, a bien voulu me faire adresser une copie de la partie de l'historique qui m'intéressait, et M. le lieutenant Banal, du même régiment, chargé de l'envoi, a eu la gracieuseté d'y joindre la copie du journal de marche et des opérations du dépôt, pièce qui avait servi à la rédaction de l'historique du régiment. Je cite ce détail pour indiquer le bon accueil qu'a reçu ma demande.

Malheureusement le journal du dépôt du 15me est bien incomplet: des événements très importants, auxquels ce dépôt a collaboré, y sont omis tandis que certains détails d'une valeur médiocre y sont longuement développés. Il en résulte naturellement que la partie de l'historique du régiment qui en est extraite ne nous donne pas toute satisfaction. A quoi attribuer cette fâcheuse particularité? Probablement au désordre qu'a provoqué dans la place le bombardement intensif des derniers jours du siège, désordre qui a également occasionné la perte des archives du Commandant Roques Salvaza et du Capitaine de Monery. Ces deux officiers sont arrivés à reconstituer rapidement la liste des faits saillants accomplis dans leurs services, de manière à pouvoir établir leurs rapports personnels et leurs propositions de récompenses en faveur de leurs subordonnés. Au dépôt du 15me, le Major Denis, très grièvement blessé le 24 septembre, gisait encore sur son

lit d'hôpital lors de la capitulation, le capitaine-tréso rier qui avait pris le commandement provisoire du dépôt partait en captivité. A quel moment le journal disparu a-t-il été refait de mémoire? Qui en a été chargé ? L'officier rédacteur de l'historique ne le dit pas il s'est contenté de rendre plus correct, au point de vue littéraire, l'exposé du journal.

Ces trois pièces ne constituent pas le dossier complet des documents officiels relatifs au siège de Soissons en 1870: il y manque les rapports du Commandant de la place, du Commandant du Génie, du Lieutenant-Colonel commandant les 2 bataillons de mobiles de l'Aisne, du Commandant des batteries de mobiles du Nord, etc. A quelle époque ces pièces, qui sont probablement déposées aux archives de la Guerre, seront-elles divulguées ? Nul ne le sait. Heureusement depuis 1870, un certain nombre de brochures, rédigées par des personnes ayant vécu à Soissons pendant le siège et dont plusieurs ont fait partie de la garnison, ont été publiées et permettent à chacun de nous de compléter, s'il le désire, ses connaissances personnelles sur cette partie si intéressante de notre histoire locale.

Ces diverses brochures ont pris le même titre : « Le Siège de Soissons en 1870 » elles sont toutes écrites avec une entière bonne foi et un excellent esprit. En voici la liste dans l'ordre chronologique de leur publication avec l'indication du nom de l'auteur: 1871. M'Collet, Secrétaire de la Mairie de Soissons. 1872.M B. Wolff, Lieutenant au 2 bataillon de mobiles de l'Aisne.

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Ces deux brochures, rédigées fort peu

de temps après le Siège, n'avaient pas laissé à leurs auteurs le recul suffisant pour leur permettre de bien voir l'ensemble des événements. Elles n'exposent guère que des faits ou des souvenirs personnels aussi ont-elles surtout un caractère anecdotique.

1892. Mr René Fossé d'Arcosse, ancien aspirant de marine, publiciste à Soissons, a eu le loisir, pendant les 21 années qui ont suivi la guerre, de recueillir nombre de renseignements oraux près des témoins de la défense, de prendre connaissance des écrits divers publiés, soit en France soit en Allemagne (1), sur la partie de la guerre qui intéressait principalement notre région. Il ne limita ses recherches ni aux opérations de la défense proprement dite ni même à l'ensemble des événements qui se sont passés à Soissons pendant cette période il a étendu ses investigations au dehors et il a fait, de son étude, une véritable page d'histoire des plus intéressantes.

1901. Mr Vincent s'annonce comme ancien maréchal des logis chef d'artillerie : à l'époque du siège il n'était pas encore gradé. Des circonstances particulières (2) l'ont mis alors en rapports avec le commandant Roques-Salvaza et avec d'autres officiers d'artillerie et ces relations se sont conti

(1) Entre autres de l'ouvrage du Major allemand Gärtner qui avait commandé l'artillerie de siège établie devant la Place. Cet ouvrage se trouve à la bibliothèque de Soissons, (Collection Périn) ainsi que la traduction qu'en a faite M' Louis d'Arcosse, frère de Mr René d’Arcosse.)

(2) Renseignements donnés par la famille du Commandant RoquesSalvaza.

nuées plus tard, de sorte que, quand il a entrepris d'écrire son livre, il a pu trouver chez ses anciens supérieurs des auxiliaires qui lui ont facilité les recherches. D'autre part, comme au cours du siège il avait su se trouver là où il y avait le plus à faire (sorties pendant le blocus et service du rempart sur le front d'attaque pendant le bombardement) il a pu émailler son exposé du récit émouvant d'actes qu'il avait vécus. Malheureusement son livre, édité à un trop petit nombre d'exemplaires, est épuisé depuis longtemps. Nous ne le possédons pas.

1906. -M l'abbé Leroux, curé de Sissy, était jeune diacre en 1870 et il a passé toute la durée du siège au grand séminaire de Soissons, s'en échappant de temps en temps soit pour remplir des fonctions sacerdotales, soit pour payer son tribut à la défense comme brancardier, soit encore par simple curiosité. Ses « Impressions et souvenirs », publiés si tardivement, ne nous apprennent rien de bien particulier au sujet de la défense de la place, mais ils n'en constituent pas moins un volume intéressant à consulter en raison de l'élégance de sa forme littéraire et de la justesse des observations de son auteur.

A la suite de ces divers ouvrages, je dois citer un cahier sur lequel notre compatriote, Mr Carpette, ancien artilleur volontaire du siège, a transcrit, pour nous, toute une liasse de notes qu'il avait prises au jour le jour pendant la durée du siège, notes écrites sans prétention, au hasard des circonstances et dans le but unique d'en conserver trace pour lui-même.

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