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DU CENSEUR.

Nous a

FRANC E.

PARIS, 23-30 septembre 1814.

ous avons commis, dans notre dernier Bulletin, une erreur que nous devons réparer dans celui-ci. Nous avons désigné M. le baron de Pommereul comme l'auteur de l'instruction pour les imprimeurs, dont nous avons fait l'analyse. Nous nous sommes trompés en cela; cette instruction est du 23 juin 1810, et M. de Pommereul n'a été nommé à la direction générale de la librairie qu'en 1811. Elle appartient donc à M. le comte Portalis nous nous empressons de le déclarer ici, afin que M. le comte ne soit pas plus long-temps frustré de l'honneur que lui fait une œuvre si pleine d'idées libé

rales.

Le projet de loi destiné à faire considérer les Belges comme étrangers, et à leur rendre même la qualité de Français plus difficile à acquérir qu'aux étrangers vient d'être adopté par la chambre des députés,'à la grande édification, sans doute, des puissances étrangères pour qui cette loi semble avoir été faite, mais au grand scandale de beaucoup de Français, qui cherchent vainement quel motif on peut avoir eu pour repousser du sein de la France et traiter plus rigoureusement que les peuples avec lesquels nous avons été long-temps en guerre, des hommes qui, depuis vingt ans, versent leur sang pour notre défense, contribuent à notre gloire, aliBull.-N°. 12.

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mentent notre trésor, et nous donnent les plus grandes preuves d'attachement ; des hommes qui, depuis vingt ans, sont nos compatriotes, auxquels nos lois assuraient ce titre, qui parlent notre langue, qui ont adopté nos mœurs, nos usages, nos habitudes, et qui désiraient, en grand nombre, demeurer nos frères, et continuer d'offrir à notre patrie le tribut de leurs fortunes, de leurs talens, de leur industrie et de leur amour. Toutes ces considérations pouvaient faire désirer au Gouvernement anglais que la France résistât à leurs vœux, et les traitât en ennemis, afin que notre injustice les aigrît et les détachât de nous : mais plus les Anglais étaient intéressés à nous faire commettre cette faute, plus nous devions l'éviter; et il est bien humiliant pour nous d'avoir ainsi sacrifié la justice et nos intérêts à la politique du cabinet de Saint-James. Au reste, le tort que l'on vient de contracter envers les Belges n'est nullement celui de la nation; et quelque rigoureuse que soit la mesure qui vient d'être prise à leur égard, nous sommes bien certains qu'elle ne leur inspirera pas le moindre doute sur les sentimens d'affection et d'estime que la France leur

conserve.

(Paragraphe supprimé par la censure.)

(Lignes supprimées par la censure.)

-Un Dieu, un Roi, une foi, une loi; telle est la devise que M. le maire de Lyon a fait inscrire sur l'une des portes de cette ville, à l'occasion de la visite que M. le comte d'Artois vient, tout récemment, de faire aux Lyonnais. Cette inscription avait déjà existé autrefois sur la même porte; et M. le maire, en l'y faisant reparaître, a voulu sans doute faire entendre au prince qu'il avait envie de flatter, que depuis le rẹtour de son auguste famille, les Français étaient revenus aux anciennes maximes de la monarchie. En cela, M. le maire de Lyon n'a pas mieux interprété le sens et l'effet de la restauration, que ne l'avaient interprêté, dans une autre circonstance, MM, les marguilliers de Paris, et que ne l'interprètent tous les jours cette foule de courtisans ambitieux qui voudraient que le retour à l'ordre ne fût que le retour à tous les abus dont ils profitaient autrefois. Le rétablissement des Bourbons sur le trône de France, n'est nullement le rétablissement de l'ancienne monarchie : c'est une vérité qu'on ne saurait trop rappeler, parce qu'on ne cesse de la mécon naître. La monarchie française vient d'être reconstituée sur des bases toutes nouvelles : le Roi n'est plus investi des mêmes pouvoirs; il n'exerce point la puissance législative. Placer son autorité avant celle des lois, comme le fait M. le maire de Lyon, dans sa devise, c'est donc évidemment renverser l'ordre actuellement établi dans

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