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vit la suite étouffer dans son sein les germes par des richesses et de la grandeur. Le gouvernement municipal commença à être adopté dans quelques villes de la Pologne, en 1250, sous le règne de Boleslas-le-Chaste. Ce prince accorda d'abord à la ville de Cracovie, et peu de temps après, à plusieurs autres encore, des priviléges semblables à ceux dont jouissaient les cités allemandes. Ce corps de droit est connu en Pologne sous la dénomination de jus magdeburgicum et teutonicum. Dans le treizième siècle et dans les siècles suivans, le roi et les grands barons bâtirent quelques villes, auxquelles ils garantirent les priviléges municipaux en ces termes « trans» fero hanc villam ex jure polonico in jus teu» tonicum. » Les bienfaits de ces nouvelles innovations ne tardèrent pas à se faire sentir par un accroissement rapide de population et de richesses. Les bourgeois des villes libres acquirent un tel degré d'importance et de considération, qu'ils donnaient leur approbation aux traités de paix et d'alliance, et qu'ils avaient des députés dans les assemblées nationales : un gentilhomme n'était pas dégradé pour s'être fait recevoir d'un corps municipal, et un bourgeois était apte aux charges d'officiers de la couronne, Un traité conclu par Casimir-le-Grand, avec le chancelier de l'ordre teutonique, fut non-seu¬

lement signé par le roi et les principaux seigneurs du royaume, mais encore par les bourgeois de Cracovie, de Posen, de Sendomir et des autres cités; et sous le règne du même monarque Wiernesk, bourgmestre de Cracovie, fut sousmaréchal du trésor de la couronne.

Les bourgeois jouirent de grands priviléges sous le règne des princes de la maison de Jagellon, ainsi que le témoignent plusieurs actes de Sigismond 1.er et de son fils Sigismond Auguste. Pendant le règne du premier, les nobles entreprirent d'exclure de la diète les députés de Cracovie; mais le monarque, non-seulement confirma le droit de cette cité, de députer à la diète, décida que les députés des villes libres seraient incorporés dans la classe des nobles (*).

mais encore,

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(*) L'institution des cités avait fait faire des progrès bien plus rapides au commerce en Allemagne qu'en Pologue: dans les villes hanséatiques, de simples particuliers jouissaient de fortunes immenses. Bucholz en cite plusieurs, et rapporte entr'autres, que : « Lorsque Joachim 1.er vint >> recevoir l'hommage de la ville de Francfort, un habitant » de cette ville, nommé De Belkow, marcha à côté de son » cheval, au milieu des boues, chaussé de bottes de velours, » ornées de perles superbes. Ce Belkow et ses frères se ...» donnaient un autre plaisir aussi cher que singulier: ils » allaient caracoler avec leurs chevaux sur le marché de la

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Depuis que le trône fut devenu tout à fait électif, les droits et les priviléges des bourgeois souffrirent des atteintes continuelles; à l'élection de chaque souverain ils perdaient le droit d'acheter des terres, excepté à une petite distance de leur ville, ou d'avoir des députés à la diète ils cessèrent enfin de participer au pouvoir législatif: la principale cause de cette exclusion, fut que les bourgeois n'étaient pas tenus de marcher à la guerre, mais seulement de fournir des armes et des chariots. Ils étaient en butte aux mépris de la belliqueuse noblesse, qui, suivant l'esprit de l'arrogance féodale, pensait que le métier des armes était le seul digne d'occuper un gentilhomme, 'que tout autre était déshonorant pour ceux qui l'exerçaient, et qu'ainsi, tout homme qui ne portait pas les armes était indigne, de participer à l'administration des affaires publiques.

Les cités conservèrent cependant une portion considérable de leur ancienne liberté; et jusqu'à la chute de la république, ils jouirent des

» faïence, où ils brisaient tout, et donnaient ensuite le » double du prix ; puis ils menaient leurs chevaux échauf»fés à la cave municipale, plutôt qu'à l'abreuvoir, et les » lavaient avec de la malvoisie. »

(Tome III, page 349.):

priviléges suivans: ils nonimaient leurs bourgmestres; ils réglaient leur administration intérieure, et ils avaient leurs cours de justice particulière, dans lesquelles on jugeait sans appel. Un bourgeois plaignant contre un gentilhomme, était obligé de suivre sa cause dans les cours de justice appartenant à la noblesse, où le jugement définitif était prononcé. Quand il était défendeur, il devait être cité devant les magistrats de sa propre ville; on ne pouvait appeler qu'au roi dans son tribunal des assesseurs, du jugement prononcé. C'est à ces exemptions de la juridiction des nobles, bien qu'elles n'aient eu lieu que pour certaines causes, que les bourgeois durent le degré d'indépendance qu'ils ont conservé; et, sans ces priviléges, ils fussent bientôt retombés dans leur état de vasselage. 4°. Les paysans, en Pologne, étaient serfs ou esclaves; et la valeur d'une terre n'était pas estimée selon son étendue, mais d'après le nombre de paysans qu'elle contenait. Ces infortunés étaient vendus par un seigneur à un autre, comme des bestiaux.

Ces paysans n'étaient cependant pas tous dans un même état de servitude; avant le partage, ils étaient divisés en deux classes, 1°. les Allemands, et 2°. les indigènes.

J. Sous le règne de Boleslas - le-Chaste, et

plus encore sous celui de Casimir-le-Grand, un grand nombre d'Allemands vint s'établir en Pologne. Le gouvernement accorda à ces étrangers, qui étaient habitués à vivre sous l'empire des lois germaniques (lois infiniment plus douces.que celles de la plupart des autres nàtions de l'Europe ne l'étaient alors), des priviléges dont ne jouissaient pas généralement les paysans polonais. Le bienfait de ces priviléges s'est constamment aperçu depuis dans leur économie domestique. Leurs villages étaient mieux bâtis et leurs champs mieux cultivés que ceux qui appartenaient aux naturels du pays; ils possédaient une plus grande quantité de bestiaux, payaient leurs redevances à leurs seigneurs avec plus d'exactitude, et comparativement avec les autres, ils étaient plus polices.

2o. L'esclavage des paysans polonais est trèsancien, et fut toujours extrêmement rigoureux. Dès le temps de Casimir-le-Grand, un seigneur pouvait faire mourir impunément un esclave, et quand celui-ci ne laissait pas d'enfans, le seigneur était son héritier et s'emparait de ses effets. En 1347, Casimir prescrivit une amende pour le meurtre d'un paysan, et ordonna qu'à l'avenir, à défaut de postérité, les collatéraux seraient mis en possession de l'héritage. Le même souverain arrêta qu'un paysan serait apte à porter les armes

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