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réclamèrent leurs nonces formèrent une scission et faillirent causer une guerre civile ; heureusement on la prévint par des négociations, et on parvint à ramener les mécontens, en leur accordant ce qu'ils demandaient. Sous le règne du dernier roi, les diètes furent constamment te→ nues à Varsovie, sans que les Lithuaniens fissent aucune réclamation; des affaires plus importantes commandaient alors tout leur intérêt.

DANTZICK est située à l'embouchure de la Vis tule, et était la capitale de la Prusse Polonaise. Cette ville était le siége d'un évêché, et possédait une université qui n'eut jamais que peu de renommée. Dantzick est célèbre dans l'histoire à plusieurs titres, et particulièrement pour avoir été anciennement la première des villes anséatiques. Elle est à six milles de la Mer Baltique. C'est une grande et belle ville très-peuplée ; ses maisons ont la plupart cinq étages, et plusieurs de ses rues sont plantées de châtaigniers. Elle a un bon port, et c'est encore une des villes les plus commerçantes du nord de l'Europe, bien que sa prospérité ait beaucoup diminué depuis le temps où l'illustre président de Thou la célébrait dans son Historia sui temporis, publiée en 1607. Dantzick était une république sous la protection du roi et de la république de Pologne;

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ses magistrats et la plus grande partie de ses habitans étaient luthériens; cependant les catholiques romains et les calvinistes y étaient également tolérés. La ville est encore riche et elle le fut bien davantage. On y trouvait vingt-six paroisses, plusieurs couvens et des hôpitaux. On évaluait la totalité des habitans à deux cent mille; mais les dernières approximations annoncent une diminution considérable dans la population de cette ville et de son territoire. C'était par Dantzick que se faisait une grande partie de l'exportation des blés de la Pologne.

M. le docteur Busching assure qu'il résulte de ses recherches historiques que, dès l'année 997, Dantzick était une ville très-commerçante et non un misérable village, comme quelques autres l'ont pensé.

Ses habitans ont souvent changé de maîtres, et se sont mis plusieurs fois sous la protection des Anglais et des Hollandais; mais, dans tous les temps, ils ont montré un grand attachement pour les Polonais; peut-être ́aussi ont-ils dû préférer à tout autre appui, celui d'un peuple qui semblait ne devoir jamais pouvoir être le rival de son commerce. Quoique très-fortifiée, cette ville était défendue par cent cinquante pièces de canon; elle est entourée d'éminences qui l'empêcheraient de soutenir un siége fait selon les règles de l'art. En

1734, ses habitans montrèrent, envers le roi Stanislas, un attachement et une fidélité inébranlables, nou-seulement pendant que les Russes, ses ennemis, étaient à leur porte, mais encore après qu'ils se furent rendus maîtres de leur ville.

La raison pour laquelle les villes de Dantzick, de Thorn et d'Elbing jouissaient de privileges civils et religieux beaucoup plus considérables que ceux qui avaient été accordés aux autres provinces polonaises, est que ces villes se mirent. volontairement sous la protection de la répu blique, et qu'elles ne consentirent à associer leur. puissance à la sienne qu'à des conditions qu'elles fixèrent, et dont la plupart ont été maintenues tant qu'elles furent sous la dépendance de la Pologne.

Le roi de Prusse (Frédéric II), lors de sa prise de possession des villes de Dantzick et Thorn, déclara qu'il conserverait les priviléges dont elles jouissaient : malgré cette déclaration, et peu de temps après l'avoir signée, le monarque prussien s'empara du territoire dépendant de Dantzick, sous prétexte qu'il faisait intégralement partie de la Pologne prussienne. Il usa de divers. autres prétextes pour s'approprier les revenus provenant des droits imposés par la ville aux vaisseaux qui entraient et sortaient de son port. Il établit un bureau de douanes dans ce port,

et imposa, sur toutes les importations et exportations de marchandises, les taxes les plus exorbitantes. Pour compléter ce système d'oppres sion, des bureaux de douanes furent établis à chaque porte de la ville, afin que personne n'en pût sortir sans avoir été fouillé de la manière la plus scrupuleuse; tel est le traitement que Dantzick a reçu du roi de Prusse, malgré qu'il

y ait bien peu de villes qui soient nominative

ment comprises dans un plus grand nombre de traités, et dont les droits aient été plus fréquemment assurés et garantis par autant de potentats. En 1784, il la fit bloquer par ses trou pes; la médiation de la tzarine de Russie et celle du roi de Pologne les firent retirer, et une négociation s'ouvrit à ce sujet à Varsovie. Les députés conclurent, le 7 septembre de la même année, un traité par lequel, la place, les habitans et le commerce furent rétablis dans leurs droits respectifs; mais les conditions de ce traité furent souvent violées. La ville de Thorn a été aussi maltraitée que Dantzick par le cabinet de

Berlin.

Rang et Etat politique des Polonais.

Les habitans de la Pologne se divisaient en quatre classes, savoir: 1.° les nobles; 2.° le clergé; 3.° les bourgeois; et 4.° les paysans.

1. Les nobles étaient divisés en deux classes: les membres du sénat et l'ordre équestre. Quand nous parlerons du gouvernement qui était établi dans ce royaume, nous traiterons du pouvoir particulier dont jouissaient ces deux classes de noblesse. Le terme noble, toutefois, ne se prenait pas, en Pologne, absolument dans la même acception qu'on lui donnait chez la plupart des peuples de l'Europe. Dans le langage polonais, un noble était un individu qui possédait un fief, ou qui pouvait prouver que ses an→ cêtres en avaient possédé; qui ne se livrait à aucun trafic, et qui avait la liberté de choisir le lieu de sa résidence; ainsi toute personne, qui, sans être ecclésiastique, n'était ni bourgeois ni paysan, était noble. Les membres du corps de la noblesse étaient appelés collectivement l'ordre équestre, et individuellement nobles, gentilshommes, hommes libres ou possédant fiefs: toutes ces différentes dénominations étaient équivalentes.

Tous les nobles étaient égaux par la naissance, les titres et les honneurs étaient supposés ne rien pouvoir ajouter à la dignité d'un gentilhomme (*).

(*) La prééminence qui était attachée à quelques grands emplois, est appelée dans le Pacta Conventa d'Auguste III, jus æqualitatis inter cives regni.

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