«MONSIEUR ET FRÈRE, » Nous avions jugé qu'il n'était pas néces>> saire d'entrer dans un commerce particulier >> de lettres avec votre majesté; cependant, >> pour faire plaisir à sa majesté suédoise, et >> afin qu'on ne nous impute pas que nous fai>> sons difficulté de satisfaire à son désir, nous >> vous félicitons, par celle-ci, de votre avene>> ment à la couronne, et vous souhaitons que >> vous trouviez dans votre patrie des sujets plus >> fidèles que ceux que nous y avons laissés. >> Tout le monde nous fera la justice de croire » que nous n'avons été payé que d'ingratitude >>> pour tous nos bienfaits, et que la plupart de >> nos sujets ne se sont appliqués qu'à avancer >> notre ruine. Nous souhaitons que vous ne >> soyez pas exposé à de pareils malheurs, vous >> remettant à la protection de Dieu. >>> Votre frère et voisin, >>> AUGUSTE, ROI ». A Dresden, le 8 avril 1707. Le roi Stanislas répondit à cette lettre : : << MONSIEUR ET FRÈRE, >> La correspondance de votre majesté est une >> nouvelle obligation que j'ai au roi de Suède. » Je suis sensible aux complimens que vous me >> faites sur mon avénement: j'espère que mes >> sujets n'auront point lieu de me manquer >> de fidélité, puisque j'observerai les lois du >> royaume. > STANISLAS, ROI DE POLOGNE. >>> Le tzar, indigné de ce que la paix avait été conclue entre Auguste et le roi de Suède, ordonna à ses troupes de ravager toutes les provinces polonaises dans lesquelles elles pourraient pénétrer. La ville de Lissa tomba au pouvoir de ces barbares, quila brûlèrent après en avoir mas sacré les habitans sans distinction d'âge ni de sexe. Les seuls ouvriers d'une manufacture de draps furent épargnés et conduits à Moscow. La Pologne, dont le gouvernement n'était pas assez fort pour en imposer aux factieux, voyait accroître les maux que lui causaient les troupes étrangères, par la révolte de tous les seigneurs assez puissans pour se faire un parti. Le plus redoutable d'entre eux était le comte Siniowski, grand-général de la couronne, qui avait été élevé à cette dignité par le roi Auguste II. Cet homme, qui avait de grands talens et une ambition plus grande encore, avait tenté de monter sur le trône, et ne reconnaissait ni Auguste, ni Stanislas; il avait eu l'art de retenir os es wirs a pins grande partie des troupes de a corne sus lene donner d'autre solde me a permission de püler impunément leur priore Jan Les devastacons causées par tous les chefs qui, comme Smowski, n'avaient que des brigaus sous Jeurs ordres: celles, non moins redoutacies, comsees par Finvasion des Russes, augmenterent de nombre des partisans de Stanissas. Tout ce que la Pologne renfermait encoredcammes qui avaient leur patrie, reconnot l'actorité du roi, et tit tous ses efforts pour Fafermir. Quelques chefs de parti, qui craignirent de succomber sous la puissance de Stanislas dont le gouvernement prenait chaque jour une auitude plus redoutable, déposèrent les armes; d'autres forent gagnés par sa clémence. La paix se serait entierement rétablie dans ce malheureux royaume, si un incident n'eût fait chanceler de nouveau le trône sur lequel Stanislas venait de s'asseoir. Charles XII, qui jusque-là n'avait eu que des succès, fut vaincu par le tzar Pierre, à la bataille de Pultawa, dans l'Ukraine. Il y perdit l'elite de son armée, et s'enfuit chez les Turcs avec le peu de soldats qui avaient échappé au fer des Moscovites. Auguste avait profité des deux années qui s'étaient écoulées depuis la conclusion du traité d'Alt-Raustadt, en 1707, pour recruter son armée : lors de la bataille de Pultawa où, par la défaite de Charles XII, le tzar Pierre l'avait délivré de la crainte d'un ennemi redoutable, il avait déjà des forces avec lesquelles il pouvait de nouveau tenter le sort des armes, et accabler le roi Stanislas qui n'avait à opposer à ses entreprises qu'une armée, dont les chefs divisés entre eux commandaient une multitude indisciplinée, que les derniers troubles avaient habituée à ravager plutôt qu'à combattre. Auguste II crut le moment favorable : il obtint du pape la publication d'une bulle qui relevait les Polonais du serment de fidélité qu'ils avaient prêté à Stanislas. Il se présenta alors avec son armée sur les frontières de la Pologne. Une foule de seigneurs vint se joindre à lui; d'autres, en plus grand nombre encore, se déclarèrent en sa faveur à Varsovie même. Stanislas, qui ne pouvait désormais se maintenir sur le trône qu'en versant des flots de sang, eut la générosité d'en descendre, et de remettre la couronne à son compétiteur, espérant, par ce noble sacrifice, rendre la paix à un peuple dont il n'avait pu faire le bonheur. CHAPITRE QUINZIÈME. SUITE DU RÈGNE DE FRÉDÉRIC-AUGUSTE. FRÉDÉRIC-AUGUSTE fit sa rentrée à Varsovie dans le courant de l'année 1710. Il avait profité des leçons du malheur, et le prouva tellement par sa clémence et ses bienfaits, qu'il ranima dans le cœur des Polonais une partie de l'affection qu'ils lui avaient autrefois portée. Il prévint une guerre civile que des circonstances aussi orageuses semblaient rendre inévitable. Un colonel saxon ayant osé frapper de son sabre un député de Czéra, dans l'hôtel même du staroste Live: le roi, instruit de cet attentat, fit passer par les armes l'officier qui s'en était rendu coupable. Les nobles, qui se préparaient à tirer vengeance d'un tel outrage, espérant dès-lors justice et protection d'Auguste, se rangèrent sous ses étendards. La crainte, la puissance corruptrice de l'or, mais, plus que tout cela, l'emploi d'une adroite politique lui dévouèrent la majorité des gentilshommes polonais, qui, lors des premières années de son règne, n'avaient vu en lui qu'un monarque imbu des principes du des |