>> envers votre majesté, injuste envers la répu>> blique, et plus injuste encore envers les fils du > roi son prédécesseur; mais Auguste cependant >> possède des qualités vraiment royales; et peut> être ne serait-il pas indigne de la générosité » du vainqueur, qui lui a déjà fait expier ses >> torts par tant de revers fâcheux, d'user aujour >> d'hui d'une sage clémence à son égard, en se >> joignant à la république pour le forcer à >> cacher ses défauts et à ne montrer que ses >> vertus (*)». Cet avis sage, et qui peut-être était donné avec franchise, ne put ébranler les résolutions du roi de Suède; mais ce prince conçut plus que de l'estime pour le jeune député de l'assemblée de Varsovie. En sortant de cette entrevue, Charles dit à ses généraux : Je vients d'entretenir un Polonais qui sera toujours de mes amis. Dès ce moment il prit la résolution de placer sur le trône le palatin de Posnanie. Il lui fit communiquer son projet : Leczinski s'attendait peu à une proposition de cette nature; il se récria d'abord : « Il n'y a que les suffrages libres de la >> nation qui puissent me porter sur le trône. » Eh! que deviendrait donc notre liberté, si : (*) L'abbé Proyart. >> c'était Charles XII qui me faisait roi » ? Le général suédois, qui avait été chargé de faire part à Leczinski des intentions de son souverain, lui représenta que le roi de Suède faisait profession de ne combattre que pour la gloire et la justice; que ce prince était bien éloigné de vouloir rien entreprendre sur la liberté polonaise; qu'en se proposant de concourir à l'élever sur le trône, il n'avait d'autre but que de mettre fin à tous les maux qui, depuis long-temps, affligeaient la Pologne. Lecsinski se rendit à l'idée séduisante de rendre la paix à sa patrie. Charles XII fit à ce sujet des ouvertures au primat. Ce prélat, qui n'espérait aucun avantage de l'élévation du jeune Leczinski, chercha à détourner le roi de Suède du dessein qu'il avait formé; il lui représenta entre autres choses que, pour én imposer aux ennemis de la république, il fallait un roi d'un âge mûr. Charles XII lui répondit sèchement que Leczinski était plus âgé que lui, et qu'il était décidé à placer la couronne de Pologne sur sa tête. Le primat se retira a Dantzick, ne voulant point participer à cette élection, et la diète, gagnée par l'or des Suédois, ou soumise par la crainte qu'inspirait leur monarque, s'assembla pour procéder à l'élection. Le général suédois Hoorn remplit les fonctions d'ambassadeur auprès de la république, et assista 1 à la diète en cette qualité. Il y déclara que le roi, son maître, ne connaissait personne plus digne du trône que le palatin de Posnanie. Cette déclaration, dans l'état déplorable où se trouvait la Pologne, ne pouvait être considérée que comme un ordre auquel il était dangereux de ne pas obéir. Le 12 juillet 1704, à trois heures, après midi, l'assemblée se trouvant formée, on commença à recueillir les suffrages : alors Jérusalski, député de Podlaquie, prononça un discours dans lequel il s'éleva, avec véhémence, contre la violation de l'indépendance de la république, et requit, au nom du palatinat qu'il représentait, l'ajournement de l'élection à l'époque où le roi de Suède aurait fait évacuer, par ses troupes, le territoire de la république. Quelques - uns des nonces adoptaient l'avis du député de Podlaquie, lorsqu'il fut interrompu par Bronikowski, qui s'écria: « Je ne com>> prends que trop, mes frères, que les armées >> étrangères suédoise et saxonne, causent de >> grands dommages sur les terres de la républi >> que, et que le salut de l'état est attaché à leur >> retraite. Mais pouvons-nous ignorer que l'u>> nique moyen d'accélérer cette retraite, c'est >> de nous donner un roi? Il est vrai que l'armée >> victorieuse de Charles XII est en Pologne, >> et il est vrai que Charles XII affectionne un dos >> prétendans au trône. Mais, sil'armée de Char» les XII était l'armée du protecteur et de l'ami >> de la république ; si le palatin de Posnanie, >> auquel il désirerait que nous déférassions la >> couronne, possédait toutes les qualités que >> nous pouvons souhaiter dans un roi, si ce Po>> lonais était sans contredit plus digne du trône >> que tous les étrangers qui osent y aspirer, fau>> drait-il donc lui donner l'exclusion, par la >> seule raison que le roi de Suède a jugé de son > mérite aussi avantageusement que nous en >> jugeons nous-mêmes ? Et, d'ailleurs, si quel>> qu'un peut engager Charles XII à tenir la pro» messe solennelle qu'il a faite à notre ambas>> sadeur, de retirer ses troupes de la Pologne, >> dès que notre élection sera consommée, qui le >> fera plus sûrement que cet ambassadeur de>> venu notre roi? Pour moi, je déclare, au nom >> du palatinat qui m'a député, qu'en bon Polo>> nais, et pour le salut de la patrie, je nomme >> roi de Pologne Stanislas Leczinski, palatin >> de Posnanie». Le discours de Bronikowski entraîna la majorité des nonces; les bonnets sautèrent en l'air, et les cris de vive le roi Stanislas! étoufferent ceux des opposans à son élection. Le primat était absent, et le même jour, vers les 9 heures du soir, l'évêque de Posnanie, suffragant du primat, proclama Stanislas Leczinski, roi de Pologne et grand-duc de Lithuanie. |