>>> Legrand-seigneur renouvellera tous les pri>> viléges qu'il a accordés aux catholiques ro>> mains qui vivent dans ses états. Les moines >> pourront réparer leurs églises, et faire leurs » fonctions, sans être sujets à aucune avanie, ni >> payer aucun tribut(*). >> Il y aura un libre commerce entre les deux >> nations. Les Polonais pourront transporter >>> leurs marchandises dans les domaines de la >>> Porte, et les y vendre ou échanger contre d'au>> tres marchandises, pourvu qu'ils paient les » droits accoutumés (**). >> La Pologne refusera tout asile aux sujets fu>> gitifs du grand - seigneur et des waivodes de >> Valachie et de Moldavie. La Porte prend les >> mêmes engagemens à l'égard des sujets de la >> république. En un mot, les deux puissances >> contractantes se rendront réciproquement les >> mécontens et les rebelles qui voudront exci>> ter quelques querelles entre elles (***)». Par ce traité, sans faire verser le sang de ses sujets, Auguste obtint la restitution des places que la mauvaise administration du roi (*) Traité de Carlowitz, art. VII. (**) Ibid., art. VIII. (***) Ibid., art. X. Michel avoit laissé tomber au pouvoir des musulmans, et que le génie militaire de Sobieski n'avait pu reconvrer par vingt années de travaux. Environ un an après la signature du traité de Carlowitz, on convoqua la diète; elle fut assemblée le 16 janvier 1700. L'élection d'Auguste fut confirmée, et il eut la satisfaction de voir signer l'acte de son élection par le cardinal primat Radjouski, par le grand-chancelier Bielinski, et par tous ceux qui avaient d'abord voté en faveur du prince de Conti. / La même diète fit plusieurs actes pour le maintien de la religion catholique, et des droits et des priviléges de la nation: la nomination à tous les évêchés et à toutes les abbayes fut assurée au prince. Malheureusement, la restitution de la Podolie à la république n'était pas le seul engagement pris par Auguste, en jurant les pacta conventa. Fidèle aux promesses qu'il avait faites à ses sujets, après la conclusion du traité de Carlowitz, il tourna ses armes contre la Suède espérant recouvrer par la force la Livonie, cette riche province qu'aucune négociation n'avait pu lui rendre. Charles XII, si célèbre depuis par ses exploits et ses malheurs, venait d'être couronné à Stockholm, et n'était âgé que de dix-huit ans. La circonstance parut favorable au roi de Pologne, et au tzar, Pierre 1.", pour violer impunément le traité d'Oliva. er Le tzar Pierre s'allia avec les rois de Danemark et de Pologne pour enlever à la Suède tout le pays compris entre le golfe de Finlande, la mer Baltique, la Pologne et la Russie. Par suite de cette alliance, le roi de Dannemark investit Tonningen, dans le duché de Holstein, tandis que le roi de Pologne entrait en Livonie avec une armée composée de Polonais et de Saxons, avec laquelle il vint mettre le siége devant Riga, capitale de la province. La garnison suédoise, que commandait le vieux comte d'Albert, général âgé de quatre-vingts ans, d'un mérite distingué, d'une bravoure à toute épreuve, se défendit vaillamment. Le roi Auguste dirigeait le siége en personne, et il avait sous ses ordres le comte de Fleming et Patkul, ceť infortuné Livonien, proscrit par le prédécesseur de Charles X11, et qui était alors au service du roi de Pologne. Les assiégeans remportèrent d'abord plusieurs avantages; le vieux général suédois parvint à en prévenir les suites. Le bombardement continua quelque temps encore; mais enfin l'intervention des Hollandais, qui avaient dans la ville un magasin considérable qu'ils craignaient de voir détruire , et la rigueur de la saison qui avait fait périr plus de soldats que le feu de l'ennemi, engagèrent Auguste à lever le siége: il prit ses quartiers d'hiver à quelque distance de la ville. Le roi de Pologne forma pendant l'hiver une alliance plus étroite avec le tzar; ces deux monarques passèrent quinze jours ensemble à Birzen, en Lithuanie. Auguste promit de fournir à son allié cinquante mille Allemands, qu'il achèterait des différens princes de l'empire, et le tzar s'engagea à envoyer cinquante mille Russes en Pologne, pour y apprendre l'art militaire. Si ces deux princes avaient eu le temps d'exécuter ce plan, il est probable qu'ils auraient donné des lois à tout le nord, et que la Pologne serait devenue une monarchie héréditaire. Charles XII, qui avait commencé ses exploits par forcer le roi de Dannemark à conclure, à Travendal, un traité par lequel il indemnisait le duc de Holstein des pertes que les Danois lui avaient fait éprouver, marcha avec son armée victorieuse contre les Russes, les Polonais et les Saxons; les Saxons furent battus près de Riga. Le roi de Suède pénétra en Courlande, et poursuivit ses ennemis jusque sur les terres de la république. Les Polonais, les nobles surtout, voyaient avec dépit le grand nombre de troupes saxonnes que leur roi avait à son service, et craignaient qu'après les avoir employées à la défense de l'état, il ne s'en fit un appui pour leur dicter des lois. La fortune venait d'abandonner Auguste. Les factieux s'étaient réveillés : deux partis divisaient la Lithuanie, celui de la maison Sapiéha et celui d'Oginski. Le roi de Suède s'attacha les princes Sapieha : le parti d'Oginski, qui tremblait qu'Auguste n'en voulût à la liberté de la Pologne, ne lui prêta que de faibles se cours. Un des plus dangereux ennemis d'Auguste, fut le primat, ce même cardinal Radjouski qui avait proclamé le prince de Conti à la dernière élection. Auguste, ayant été instruit que le 'sénat projetait d'envoyer une ambassade à Charles XII, essaya de prévenir le résultat de cette démarche en nouant de son côté une négociation secrète avec son vainqueur. Il chargea de cette mission délicate la comtesse de Konigsmark (*), Suédoise d'une grande naissance, d'une beauté peu commune, et d'un mérite distingué: cette dame se rendit en Lithuanie où le roi de Suède était alors ; (*). Mère du comte Maurice de Saxe, qui a commandé les armées françaises avec tant de gloire et de succès. |