de Lithuanie, savoir faisons au temps présent et avenir que, nous sentant affaibli par l'age, et accablé de tant de travaux auxquels nos forces ne peuvent plus suffire, nous avons pris, de notre propre mouvement, la résolution d'abdiquer la couronne, afin de vaquer avec plus de liberté à la grande affaire du salut; c'est pourquoi nous avons convoqué le sénat à Varsovie, le 12 juin, pour lui communiquer nos intentions. Mais les sénateurs, aussi frappés de la grandeur que de la nouveauté de l'objet, ont renvoyé la décision au jugement de toute la république. Nous avons done indiqué l'assemblée de tous les ordres au 21 août; et là, aussitôt que nous avons prononcé le mot d'abdication, nous avons éprouvé l'amour et les regrets de nos fidèles sujets qui, se rappelant tous les bienfaits de nos ancêtres envers la république, et en particulier tout ce que nous avons fait pour elle, n'ont rien oublié pour nous retenir sur le trône; mais rien n'a pu nous ébranler. Il a donc fallu procéder à une abdication solennelle, en présence de tous les ordres, selon laquelle, après une mûre délibération, et du consentement de tout le royaume, « Nous, >> Jean-Casimir, sain de corps et d'esprit, nous >> renonçons, librement et sans contrainte, au >> royaume de Pologne et au grand-duché de >> Lithuanie, et à tous les domaines qui y sont >> annexés. Nous abdiquons, pour le présent et >> pour toujours, les droits de majesté, et nous >> remettons la couronne, avec toutes ses dépen=> dances, entre les mains du sénat et des nonces >> terrestres et de toute la république', en rele>> vant du serment de fidélité, d'obéissance et >> d'hommage tous les ordres, et chaque sujet en >> particulier; et, en vertu de cette abdication >> l'interrègne étant ouvert, le révérendissime >> archevêque de Gnesne, primat du royaume, >> est en droit de procéder, avec tous les ordres, >> à l'élection d'un nouveau roi, suivant les lois » et les usages; élection dont nous promettons >> de ne nous mêler en aucune façon. En foi de >> quoi, et pour avoir force perpétuelle, nous >> avons apposé le sceau de la majesté au présent → diplôme, signé de notre main. Donné à Varso>> vie, dans la diète générale du royaume, le >> 17 septembre, an 1668, de notre règne le 21 ». La diète donna à Casimir un diplome par lequel, en acceptant son abdication, elle rompait tous les engagemens qu'il avait pris avec elle, et le relevait spécialement de son serment des Pacta conventa. Après toutes ces cérémonies, on reconduisit le roi dans un faubourg de Varsovie (*), en lui rendant, pour la dernière fois, (*) Celui de Prague. les honneurs attachés au rang dont il venait de descendre. Jean-Casimir, après être resté plusieurs mois en Pologne, se retira en France, où Louis XIV lui donna les abbayes de Saint-Martin de Nevers et de Saint-Germain-des-Prés de Paris. Il mourut, en 1672, dans cette dernière abbaye, où son cœur fut déposé: son corps fut transporté à Cracovie (*). Casimir était doux, affable et éclairé; mais irrésolu, sans application dans les affaires, et d'une indolence qui lui rendit toujours les soins du gouvernement pénibles. Il fut soldat plein de valeur, mais général sans expérience. Son règne est une desépoques les plus remarquables de la décadence de la Pologne; c'est pendant cette période que le duché de Prusse devint une souveraineté indépendante de la république; que l'électeur de Brandebourg commença l'exécution du plan d'envahissement dont sés successeurs ont suivi l'exécution avec tant d'adresse et de bonheur; que la Russie ajouta à (*) On a cru que Casimir avait épousé secrètement, vers la fin de sa carrière, Marie Mignot, cette femme qui avait été blanchisseuse, et à qui la fortune avait donné successivement pour époux, un conseiller au parlement de Grenoble, et le maréchal de l'Hopital. ses possessions l'Esthonie, Esel, les duchés de Smolensko et de Czernicovie, et la presque totalité de la Livonie. C'est aussi du règne de Jean-Casimir que date l'altération des monnaies en Pologne. CHAPITRE DIXIÈME. INTERREGNE. AUSSITOT après l'abdication de Jean-Casimir, tous les princes qui avaient quelques prétentions à la couronne de Pologne, se hâtèrent de solliciter l'appui des cours étrangères, et de se former un parti dans la république. Les principaux candidats qui se présentèrent, furent Fédor, fils du tzar Alexis; Ragotski, prince de Transylvanie; le duc d'Enghien; et, au cas que la république le rejetât, le grand Condé, son père; le prince Charles de Lorraine, fils du duc François; et le duc de Neubourg, palatin du Rhin. La diète écarta d'abord les quatre principaux pour différentes raisons. Le tzaréwitz, à cause de sa religion, quoiqu'il promît de l'abjurer, promesse trompeuse sans doute, puisqu'il ne pensa plus à l'effectuer après avoir perdu l'espoir d'obtenir la couronne de Pologne. Le prince de Transylvanie, parce que le souvenir des maux que son père avait faits à la république était trop récent. |