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du pays, en cas d'invasion, était confiée au corps de la noblesse, qui s'assemblait en vertu de somma tions faites par le roi. Ces sommations ne pouvaient avoir lieu que d'après le consentement de la diète. Chaque palatinat était divisé en districts, et chacun de ces districts nommait les officiers de son contingent. Tout propriétaire de terre libre, ou de fief, était obligé de marcher à la guerre, à la tête d'un nombre de vassaux proportionné à l'étendue de ses possessions féodales. Ces troupes n'étaient tenues de servir que pendant un temps limité, et ne pouvaient être forcées par le roi de marcher hors du territoire du royaume.

Le mode de lever l'armée était, comme on voit, exactement le même que celui qui se pratiquait chez les autres peuples de l'Europe au treizième siècle.

Bien que ces forces ne fussent qu'un faible rempart à opposer aux invasions de troupes étrangères disciplinées, elles n'en étaient pas moins un instrument redoutable dans les mains des factieux, qui fomentèrent si souvent des dissensions dans le sein de la république, et prêtaient une funeste puissance à ces confédérations, qui conduisirent tant de fois la Pologne sur le bord du précipice qui a fini gloutir.

par l'en

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L'histoire de Pologne présente deux sortes de confédérations: les premières sont celles qui se formaient avec l'adhésion du roi, du sénat et de la noblesse, assemblés dans une diète. Par ces confédérations, tous les ordres de l'état se réunissaient pour le bien de la patrie; les secondes, sont celles formées par plusieurs pa latinats qui se liguaient entr'eux sous le prétexte de poursuivre la réparation de donimages ou d'injures qu'ils prétendaient avoir reçues de quelques autres palatinats, ou pour s'opposer aux empiétemens du pouvoir monarchique sur les priviléges de la noblesse. Ces dernières confé dérations furent presque toujours suivies d'une guerre civile. Les confédérations générales contre l'autorité du roi étaient appelées Rokosz, et elles se formaient par la réunion des confédérations particulières.

Tout gentilhomme polonais avait le droit de tenir sur pied, à ses frais, tel nombre de troupes qu'il jugeait à propos. On conçoit combien l'exercice de ce droit donnait d'importance aux moindres différens qui avaient lieu entre les grands du royaume, et même quelquefois à ceux qui pouvaient s'élever entre leurs vassaux.

La Pospolite était le corps de troupes fourni par la levée en masse de toute la noblesse, de sa suite et de ses tenanciers; on doit en excepter

le grand chancelier et les starostes des provinces frontières, que le roi ne pouvait forcer à le suivre, même quand la pospolite était appelée, que dans des cas extraordinaires. Lorsque l'état était dans un grand danger, le roi pouvait appeler la pospolite dans ses camps; mais, comme toutes les troupes féodales, elle n'était pas tenue d'y rester plus de six semaines, et ne pouvait pas être contrainte à dépasser les frontières de plus de trois lieues.

Les hussards polonais formaient la plus brillante cavalerie de l'Europe; ils portaient des cottes de mailles et des casques de fer poli, et étaient armés de lances, de sabres et de pistolets. Les autres corps de cavalerie avaient pour armes des mousquets et de lourds cimeterres.

Toutes ces troupes étaient braves sans doute, mais tellement indisciplinées, que, malgré l'autorité du grand général de la couronne, de leurs autres chefs, et celle du roi même, ils firent trop souvent autant de mal à leur propre patrie qu'à ses ennemis. Il est certain, cependant, que la rigide observation d'une discipline sévère eût rendu les troupes polonaises excellentes. A plusieurs époques, et particulièrement quand elles furent commandées par Jean Sobieski, elles atteignirent à un haut degré de gloire, et long-temps les peuples de l'Europe les regar

dèrent comme le boulevart de la chrétienté contre les infidèles. Cet esprit militaire perdit de son énergie sous le règne des princes saxons, qui succédèrent au libérateur de Vienne. Ces princes ne firent aucun réglement pour le maintien de la discipline militaire, et laissèrent sans exécution ceux qui avaient été faits par leurs prédé cesseurs. En affaiblissant ainsi les armées de la république, ils se flattaient du vain espoir que leurs troupes électorales deviendraient redoutables aux Polonais, et qu'ils parviendraient ainsi à s'assurer l'hérédité du trône auquel ils avaient été élus. Combien furent déplorables les suites d'une aussi coupable manoeuvre !

La cour de Russie, en 1785, entretenait dix mille hommes de troupes russes en Pologne, et chaque garnison était composée d'indigènes et de Russes; mille des derniers étaient stationnés à Varsovie, et y tenaient les Polonais dans la sujétion: le monarque lui-même avait à peine conservé le rang d'un vice-roi; tandis que l'ambassadeur de la tzarine gouvernait le royaume. sous la direction du cabinet de Saint-Pétersbourg.,

Armes du Royaume.

Les armes de Pologne étaient écartelées au premier et au troisième de Pologne; au deuxième

et au quatrième de Lithuanie. Pour la Pologne, de gueules à l'aigle d'argent; pour la Lithuanie, de gueules au cavalier armé, d'argent, à la rondelle d'azur, chargée d'une croix patriarchale d'or.

Titres des Rois de Pologne.

Les monarques polonais portaient les titres de roi de Pologne, grand-duc de Lithuanie, duc de Russie, de Prusse, de Masovie, de Lamogitie, de Kiovie, de Volhinie, de Podolie, de Podolachie, de Livonie, de Smolensko, de Servie et de Czernikovie.

Ordres de Chevalerie.

L'ordre de l'aigle blanc fut originairement institué par Ladislas, en 1525. Il fut rétabli par Auguste I., en 1705. Celui-ci espérait, par ce moyen, attacher à sa personne quelques nobles. polonais, qu'il craignait de voir embrasser le parti de Stanislas, son compétiteur. Cet ordre fut conféré au tzar Pierre-le-Grand.

Le roi Stanislas-Auguste (Poniatowsky) institua, peu de temps après son avénement à la couronne, en 1765, l'ordre de Saint-Stanislas. La décoration de cet ordre était une croix en or, émaillée de rouge; dans le centre du médaillon,

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