l'élan surtout mérite que nous nous arrêtions un moment à le faire connaître. Sa structure ressemble à celle du daim; mais l'élan est plus gros et plus alongé; ses jambes sont hautes et ses pieds de la grosseur de ceux d'une chèvre. Les naturalistes ont observé, en disséquant des élans, que les cervelles de plusieurs de ces animaux étaient presque entièrement mangées par de grosses mouches qui s'introduisent par leurs oreilles. C'est à la fin de l'été que ce pauvre animal est attaqué par ces insectes, qui trouvent dans sa tête un asile contre les rigueurs de l'hiver: cette persécution lui cause des maladies qui l'affaiblissent au point qu'il devient alors facile de le prendre, ce qui, sans cela, ne serait pas aisé. Sa chair fournit une partie très-recherchée des plus somptueux festins. On trouve encore, dans les forêts polonaises, un animal que les Sarmates nommaient bobak, et auquel leurs descendans ont conservé ce nom. Il ressemble un peu au porc de Guinée, mais il paraît avoir plus de rapport avec l'espèce du castor. Les bobaks creusent, dans la terre, des trous dans lesquels ils se retirent chaque année au mois d'octobre, et, jusqu'au mois d'avril, ils n'en sortent que pour chercher leur nourriture. Ils pratiquent, dans leurs trous, des cases séparées pour se loger, serrer leurs provisions, et pour placer les cadavres de ceux d'entr'eux qui meurent pendant leur retraite. Ils se réunissent par troupes de dix à douze. La Pologne ne renferme aucune espèce d'oiseaux qui lui soit particulière. Seulement les cailles qu'on y rencontre ont les pates vertes, et leur chair est malsaine. La Lithuanie est riche en ornithologie: parmi les oiseaux de proie qui l'habitent, on distingue l'aigle et le vautour. Le rémiz (espèce de mésange) y est très-commun. Cet oiseau n'est remarquable que par la construction singulière de son nid qui a la forme d'une poire, et qu'il suspend aux branches d'arbres. Population. Avant le partage de 1772, on évaluait la population de la Pologne à quatorze millions d'habitans. A cette époque, les puissances copartageantes lui enlevèrent plusieurs provinces dont les populations réunies peuvent être évaluées à environ, savoir; un million cinq cent mille âmes dans les provinces échues à la Russie, deux millions cinq cent mille dans celles échues à l'empereur, et huit cent soixante mille dans celles qui tombèrent en partage au roi de Prusse. Par suite de ces envahissemens, le royaume de Pologne n'offrit donc plus qu'une population de ! neuf millions cent quarante mille habitans, parmi lesquels on compte six cent mille Juifs. Commerce. Nous avons déjà dit que les principaux objets qui composaient l'exportation du commerce des Polonais étaient les grains, le chanvre, le lin, le bétail, les fourrures, le houblon, les bois de construction pour les navires, la poix, le goudron, le miel, la cire, le suif, les cuirs, la potasse, le nitre, le vitriol et la térébenthine. Ils recevaient, en échange, des vins, des draps, du coton, de la soie et du coton manufacturés; des toiles fines, de l'étain, du cuivre, de l'argent et de l'or: différens ouvrages de verreries, des toiles, des étoffes en laine, en coton et en soie; des dentelles, des fourrures et plusieurs autres objets étaient manufacturés dans l'intérieur de la Pologne et de la Lithuanie. Le commerce était principalement fixé à Dantzick, dans plusieurs autres ports moins importans de la Mer Baltique et dans quelques villes situées sur la Vistule. D'après les productions variées et la grande fertilité de la Pologne, le commerce aurait pu y être porté à un haut degré de prospérité, si plusieurs causes ne s'y fussent opposées: 1o. Tout noble qui se livrait à un trafic quel conque était dégradé. 2°. Les bourgeois n'étaient pas assez riches pour établir des manufactures: d'ailleurs, la crainte des vexations de la noblesse aurait seule suffi pour les empêcher de le faire, quand bien même leurs facultés pécuniaires leuren eussent offert les moyens. Les Juifs, ce peuple industrieux qui brava pendant tant de sièeles les persécutions dont les princes européens les ont accablés jusqu'à ce jour, n'osèrent cependant se livrer en Pologne qu'à un commerce de détail, et n'y tentèrent que rarement des spéculations plus importantes. 3°. Le paysan était esclave, et, propriété de son seigneur, il ne pou vait s'éloigner de la terre à laquelle il était attaché, sans le consentement de son maître. Jean Albert, frappé de ce dernier inconvénient, et désirant y remédier, établit qu'un paysan par famille pourrait quitter son village pour embrasser le commerce, ou pour se livrer à la culture des sciences ou des lettres; mais une disposition de cette ordonnance, qui voulait que le choix du paysan fût approuvé par le seigneur, fournit le moyen de l'éluder entièrement : elle ne produisit aucun avantage au commerce, et ne put adoucir la servitude des paysans. Les Polonais étant obligés d'importer la majeure partie des objets manufacturés qu'ils consommaient, il en résultait que la valeur des achats qu'ils faisaient à l'étranger excédait de beaucoup celle de leur exportation. On évaluait cet excédent à vingt millions de florins. Une des atteintes les plus mortelles que reçut le commerce polonais, fut la perte de la Prusse polonaise, en ce qu'elle entraîna celle de la navigation de la Vistule, qui dès lors fut sous l'entière dépendance du monarque prussien. Les impôts les plus accablans rendaient cet important, débouché impraticable aux négocians polonais, et ravirent ainsi à la ville de Dantzick elle-même une grande partie de son antique prospérité. Beaucoup de ses négocians l'abandonnèrent, et furent s'établir à Kœnisberg et à Memel. Revenus. Le revenu des rois de Pologne montait, au commencement du siècle dernier, à une somme que l'on peut évaluer à environ trois millions trois cent soixante mille de nos francs. Ce revenu se composait des produits des terres de la couronne; de celui des mines de sel, qui se trouvent dans le palatinat de Cracovie; des anciens péages et droits, et particulièrement ceux prélevés à Elbing, à Dantzick; des rentes de Marienbourg, de Dir |