place forte, la ville de Ploczko; il appela à son secours les chevaliers de l'ordre teutonique (*). (*) L'ordre teutonique prit naissance pendant le siége de Saint-Jean-d'Acre, dont les Sarrasins s'étaient emparés en 1188: échec cruel, qui obligea Baudoin, roi de Jérusalem, d'implorer les secours de tous les princes chrétiens. Ce siége meurtrier dura une année entière, pendant laquelle les maladies firent périr encore plus d'assiégeans que le fer de l'ennemi. Cinq citoyens de Bremen et trois de Lubeck, touchés des maux des Allemands, leurs compatriotes, entreprirent de les soulager. Ils enlevèrent les voiles de leurs vaisseaux, et en formèrent des espèces de tentes, sous lesquelles ils reçurent tous les malades et blessés de l'armée, auxquels ils administrèrent les plus utiles secours. Cette charité obtint bientôt les louanges qu'elle méritait, et les encouragemens nécessaires pour fonder des hôpitaux dans Saint-Jean-d'Acre, après la prise de la ville, et ensuite dans Jérusalem, avec une église sous l'invocation de la Vierge. Ce nouvel ordre fut confirmé en 1191, par une bulle du pape Célestin III, sous le titre de Frères Hospitaliers de la Vierge, et il eut, pour premier grand-maître, Henri Waelpot. Ces chevaliers, soumis à la règle de SaintAugustin, prirent l'habit blanc, avec la croix noire : ils étaient au nombre de vingt-quatre, et sept prêtres qui avaient le droit de célébrer la messe en cuirasse et l'épée au côté. On prétend qu'ils devaient alors coucher sur la dure, et se laisser croître la barbe; mais ils dégénérèrent beaucoup de leur austérité sous le règne de l'empereur Frédéric II, à qui ils rendirent d'importans services, et qui leur accorda de grands priviléges. Herman de Salza, grand-maître de l'ordre, traita avec Conrad des conditions qu'ils mirent à leurs services. Le duc régent leur donna d'abord le château de Dobrzyń et ses dépendances, pour y fonder un établissement : quelque temps après il leur céda le territoire de Culm, et tout le pays situé entre la Vistule, la Moesa et la Drweneza (*), aux conditions de les lui restituer lors des partages des conquêtes à faire sur les Prussiens, et avec la clause expresse, que, loin d'entreprendre jamais rien de contraire aux intérêts de la Pologne, ils seraient dans tous les temps prêts à défendre ce royaume contre ses ennemis. (*) Il s'élève ici une grande difficulté qu'aucun historien, réellement impartial, n'a encore osé résoudre. Il s'agit de savoir si cette donation a été faite à perpétuité, ou seulement pour un temps limité. Les uns avancent que la première donation ne portait qu'une aliénation de vingt années; mais que Conrad, sollicité par Henri-le-Barbu, duc de Silésie, céda aux chevaliers, en toute propriété, les terres dont ils n'avaient que la jouissance. D'autres rapportent un titre, daté de Kruswick, en 1230, qui dit expressément : « Que >> Culm, ses droits et dépendances, sont donnés irrévoca>> blement à l'hôpital de Sainte-Marie de l'ordre teutoni>> que, et aux frères de cette maison. >> Les chevaliers conservent un diplôme de l'empereur Frédéric II, qui leur confirme la possession de Culın et des conquêtes faites et à faire sur les idolâtres de Prusse. Le règne de Boleslas fut rempli de guerres sanglantes contre les Tatars (*), les Russes et les Lithuaniens. Son cousin Leszko, dit le Noir, lui succéda, et ce prince eut constamment à combattre, comme son prédécesseur, les Russes, les Tatars et les Lithuaniens. A la mort de Leszko, en 1289, s'élevèrent de sanglantes disputes relativement à l'élection de son successeur; ces querelles se terminèrent par le choix d'un puissant seigneur polonais nom (*) Les Tatars, qui firent si souvent des courses sur les terres de la république, sont ceux qui habitent la Crimée, presqu'île située au nord de la Mer Noire. « On reconnaît >> dans les Tatars, dit l'abbé Coyer, les traits et les mœurs >> des Scythes. Ils sont trapus, larges des épaules; ont le >> cou fort court, la tête grosse, la face plate et presque > ronde; des yeux de porc, le nez écrasé, le teint olivatre, >> les cheveux rudes et noirs; peu de barbe..... Les armes > dont les Scythes se servaient, les Tatars les ont; la flè>> che, le javelot, le cimeterre et la façon de combattre; >> jamais à pied, toujours à cheval. Chaque Tatar a, au >> moins, trois chevaux; et, si celui qu'il monte est fatigué >> ou blessé, il s'élance sur un autre sans interrompre sa >> course. Il a eu soin de lui couper le cartilage qui sépare >> les naseaux, afin de lui procurer une respiration plus fa>> cile. Viugt, trente lieues sans débrider, n'excèdent ni le >> cavalier, ni le cheval, et tous deux vivent de peu. La >> boisson du Tatar, c'est de l'eau pure, ou, par délices, du >> lait fermenté; sa nourriture, de la farine de millet ou de 1 mé Przémislas, qui annonçait les qualités les plus brillantes : il monta sur le trône, et se fit sacrer avec le titre de roi, le 26 juin 1295, sans consulter seulement la cour de Rome, dont il brava la colère. Après un règne de sept mois et dix jours, Przémislas fut poignardé dans son lit par des assassins, à la tête desquels était le marquis de Brandebourg. En 1296, Ladislas Loketek fut élu roi de Po >> la chair de cheval pulvérisée : si elle est fraîche, c'est un >> festin. Son habit, une peau de mouton; son lit, la terre; >> sa tente, le ciel; sa médecine,..... du sang de cheval >> qu'il avale tout chaud, galoppant ensuite le plus qu'il >> peut. Quant au cheval, l'herbe telle qu'elle se trouve, la >> mousse, les écorces d'arbres lui suffisent, et, en hiver, il >> cherche sa pâture sous la neige. On ne connaît et on ne >> parle ni de magasins, ni de convois dans une armée tata>> re: chaque soldat porte tout avec lui. Les routes battues >> ne sont point faites pour eux: ils veulent toujours déro>> ber leur marche et surprendre l'ennemi. Les fleuves ne > les arrêtent point; ils les passent à la nage..... Ce n'est >> pas lorsque les Tatars entrent dans un pays qu'ils sont >> le plus à craindre : c'est lorsqu'ils le quittent, semblables >> à des torrens qui entraînent tout..... Dans une marche, >> ils se répandent devant, derrière et sur les flancs de >> l'ennemi, qu'ils fatiguent encore plus de nuit que de > jour. >> (Vie de Jean Sobieski.) logne; mais, ayant été détrôné peu de temps après, la couronne passa sur la tête de Winceslas, roi de Bohême. Les Polonais furent bientôt las d'obéir à un prince dont ils avaient toujours regardé la nation comme ennemie de la leur. Ils secouèrent le joug de Winceslas, et Ladislas Loketek fut replacé sur le trône. Ladislas soutint une longue et sanglante guerre contre les chevaliers de l'ordre teutonique, qui s'étaient emparés de Dantzick par trahison. M. Constant Dorville rapporte qu'à cette occasion le roi eut une entrevue avec le grand-maître de l'ordre, et qu'il lui dit: «Avez-vous donc oublié >> qu'aucune puissance de l'Europe ne daignait >> vous offrir un asile, lorsque, chassés de la Pa>> lestine, et ne sachant où porter les tristes dé>> bris de votre ordre, l'un de mes prédécesseurs > vous recueillit dans une province de ses états? » Ce prince, ajouta-t-il, vous permit de vous >> étendre dans les contrées de la Prusse; il ne >> les possédait plus à la vérité; mais elles lui ap>> partenaient encore. Il pouvait les subjuguer par >> ses armes; du moins aurait-il dû les réserver à >> la valeur de ses descendans; et il aima mieux >> les livrer à vos conquêtes. Aujourd'hui, maîtres >> de ce pays, vous n'avez point encore rendu ce>> lui qu'on n'avait fait, pour ainsi dire, que vous >> prêter dans votre infortune. Vous nous avez |