DE LA

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

DU COTENTIN

(ARCHÉOLOGIE, BELLES-LETTRES, SCIENCES ET BEAUX-ARTS)

TOME QUINZIÈME

A. P.

AVRANCHES

IMPRIMERIE ALFRED PERRIN, RUE DE LA CONSTITUTION.

1900

Quand le voyageur vient du Mont Saint-Michel et gagne le rivage pour reprendre la route de Granville, il aperçoit, des plaines sablonneuses de la baie, une anse en forme de croissant, de longues digues couronnées de tamarix, des habitations nombreuses dominées par des pointes de tourelles ou de clochers: c'est le bourg de Genêts.

Un savant évêque d'Avranches, Daniel Huet, pensait que cette grosse paroisse, comme il l'appelle, avait été jadis la capitale des Abrincatui, dont le chef-lieu était Ingena. M. de Caumont, en 1836, visita les douze rues de Genêts, dont les pavés lui parurent semblables à ceux de la ville romaine de Jublains et, en rencontrant çà et là des débris antiques, il signala Genêts comme une ville curieuse, mais déchue.

Avant Daniel Huet et M. de Caumont, la carte de Sébastien Munster, en 1550, place Ingena à l'endroit même occupé par Genêts; celle de Paul Forlain, de 1566, cite Avranches comme capitale des Ambiliates et donne à Genêts le second rang. Dalencourt dans sa Tabula antiqua pagi Abrincatuorum et Venellorum, place encore Ingena à Genêts.

Le radical de Genêts, en latin Genitium, rappelle, en effet, d'anciennes cités gauloises, comme Ingena (Avranches), Geneva (Genève), Genua (Gènes), Genabum (Orléans). Comme ces villes, Genêts a fourni des médailles à l'effigie des Césars, un beau vase celtique et des fibules représentées dans le Dictionnaire palethnologique de M. Léon Coutil. Genêts est donc une localité très ancienne, mais