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Toutefois, si dans le peuple, les malheureux taillables et corvéables à merci, ceux qui prodiguent le résultat de leurs sueurs, d'abord, puis leur sang, pour le maintien de certains intérêts qui ne sont pas les leurs, quelquefois même pour la propagation de certaines idées qu'ils ne comprennent pas, ne connaissaient rien des choses du Mexique ni de celles de l'Espagne, il n'en était pas de même dans les hautes sphères. Là, ceux qui profitent de ces sueurs et de ce

24. M. Gonzalez Bravo, 2 mois et 28 jours.

25. Le général Narvaez, 1 an, 9 mois et 7 jours. 26. Le marquis de Miraflorès, 4 mois et 4 jours. 27. Le général Narvaez, 19 jours.

28. M. Isturitz, 9 mois et 23 jours.

29. Le duc de Sotomayor, 2 mois.

30. M. Pacheco, le très-agréable Pacheco, 5 mois et 14 jours. 31. García Goyena, 22 jours.

32. Le général Narvaez,2 ans et 15 jours.

33. Le comte de Clond, 1 jour.

34. Le général Narvaez, 1 an, 2 mois et 24 jours.

35. M. Bravo Murillo, 1 an et 4 mois.

36. Le général Roncali, 4 mois.

37. Le général Lersundi, 5 mois et 5 jours.

38. Le comte de San Luis, 9 mois et 28 jours.

39. Le général Cordova, 1 jour.

40. Le duc de Rivas, 2 jours.

41. Le général Espartero, 1 an, 11 mois et 25 jours.

42. Le général O'Donnell, 2 mois et 28 jours.

43. Le général Narvaez, 1 an et 3 jours.

44. Le général Armero, 2 mois et 20 jours.

45. M. Isturitz, 5 mois et 16 jours.

Enfin, le général O'Donnell d'abord, puis le marquis de Miraflorès, tous deux pour la seconde fois; M. Arrazola, M. Mon, le général O'Donnell pour la troisième fois; M. Narvaez, pour la sixième fois; enfin M. Gonzalez Bravo, aujourd'hui régnant, tout cela, en y comprenant M. Zeȧ Bermudez, fait bien, si je ne me trompe, un ensemble de 53 présidents du conseil en 34 ans, et donne à chacun d'eux un règne de 8 mois et 27 jours en moyenne, ce qui prouve que tous ceux qui parlent de l'instabilité des choses au Mexique, ont bien des yeux pour apercevoir ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique, mais auraient besoin de lunettes pour distinguer ce qui se fait journellement à leurs portes.

sang savaient parfaitement à quoi s'en tenir sur la valeur réelle de leurs accusations; et comme ils s'étaient réservé le droit de pouvoir seuls parler au pays par les mille voix de la presse, ils ne négligeaient rien de tout ce qui pouvait égarer l'opinion sur la moralité de l'acte qu'ils préparaient dans l'ombre..

VII

Préliminaires de l'intervention.

Le but que se proposaient les gouvernements de France et d'Espagne en intervenant dans les affaires intérieures du Mexique, était d'y renverser la forme républicaine pour la remplacer par un gouvernement monarchique; et si l'Angleterre n'affichait pas hautement les mêmes intentions, du jour où elle se décida à agir, elle se montra du moins bien résolue à ne rien faire pour s'y opposer (1). Quant aux prétextes ostensibles mis en avant pour expliquer d'une manière quelconque les motifs de leur intervention, ces prétextes variaient naturellement en raison des espérances et du but que se proposait chacun des intéressés.

J'ai vainement cherché dans les journaux et les correspondances de cette époque les griefs de l'Angleterre. Je n'ai rien trouvé; rien, si ce n'est un discours prononcé le 22 novembre 1861, devant les électeurs de Kings' Linn, par un des membres les plus distingués du parti Tory, lord Stanley; et si nous devons nous en tenir à la lettre de ses paroles, il n'était alors question que de réclamations pécuniaires.

Voici la partie de ce discours qui a trait à l'expédition dirigée contre le Mexique.

« Il me reste, disait le noble lord, à parler d'une ques» tion de politique extérieure et de l'expédition qui se pré» pare en ce moment contre le Mexique, afin d'exiger du » gouvernement de ce pays le règlement des droits des créanciers › étrangers.

Je ne crois pas possible d'apprécier sainement le côté politique de cette mesure avant d'avoir entendu les expli

(1) Dépêche du comte Russell, à sir Charles Wyde, en date du 27 janvier 1862.

>> cations que le ministère pourra donner dans le parle» ment. Quant à sa justice, je reconnais qu'il n'y a rien à objecter, car la conduite du gouvernement mexicain nous >> autorise pleinement à intervenir chez lui les armes à la » main.

>>

>> Pour ce qui regarde la question d'humanité, j'avoue également qu'il n'y a rien à dire, parce que notre inter»vention, quel que soit son effet, ne pourra faire au Mexique » une situation plus mauvaise que celle où nous le trou»vons (1).

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>> Toutefois, la véritable question est de savoir s'il existe » pour l'Angleterre un intérêt proportionné à la grandeur de » cette expédition. Si le seul but en était, ainsi que nous l'en>> tendons dire chaque jour, d'exiger le payement de telle ou » telle dette, je craindrais que les frais du procès n'en dévo» rassent les bénéfices (2). Si, au contraire, le but de l'expédition ne s'arrête pas là, si, à son arrivée, elle >> trouve, comme cela est très-probable, qu'il n'existe au Mexique rien qui mérite le nom de gouvernement, que ce » pays ne renferme aucune classe d'hommes avec lesquels >> il soit possible de traiter, ou dont on ait à attendre dans la » conduite des affaires publiques des garanties qui permet » tent d'espérer qu'ils accompliront leurs promesses, mon opinion est que nous nous verrons dans la nécessité de consti» tuer un nouveau gouvernement dans ce pays (3).

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» Ce serait là, dans tous les temps, une tâche difficile à remplir à une si grande distance, et dans l'espèce, la » difficulté augmente encore pour peu que l'on considère » que ce n'est pas une seule nation, agissant pour son » propre compte, mais trois nations alliées dont l'action › combinée est appelée à s'acquitter de cette tâche. Une » autre considération appelle notre attention: c'est la ma» nière dont nous prétendons obtenir le payement des différentes » dettes. Le moyen le plus simple est celui que l'on propose,

(4) Lord Stanley ne s'est pas montré prophète.

(2) Il y avait donc un autre but, un but inconnu à lord Stanley ou sur lequel il jugeait convenable de se taire.

(3) Une monarchie.

» la main mise sur les droits des douanes. Dans ce cas, >> nous devrons augmenter ces droits. Alors, il importe de > savoir si la plus forte partie de cet excédant ne sera pas payée par nous-mêmes, et si, dans le fait, l'expédition » militaire que nous allons entreprendre à grands frais n'aura » pas pour résultat de taxer notre commerce au profit de créan» ciers dont la plupart sont pour nous des étrangers.

» Je ne veux pas dire cependant que ces considérations > suffisent pour condamner cette entreprise. Je dis seule»ment qu'elle renferme des points dignes d'examen, et que > nous ne pouvons lui donner notre approbation avant qu'il » ait été répondu d'une manière claire et satisfaisante à > toutes les questions que je viens d'avoir l'honneur de sou» lever devant vous. >>

Ce discours, je le répète, a été prononcé par lord Stanley, alors membre de l'opposition, et ministre aujourd'hui, des affaires étrangères, devant les électeurs de Kings' Linn, le 22 novembre 1861, 23 jours seulement après la signature de la convention du 31 octobre de la même année. A cette époque on devait savoir à quoi s'en tenir sur les véritables griefs de l'Angleterre à l'endroit du Mexique, surtout dans le monde que voyait lord Stanley; et s'il n'en a rien dit, c'est qu'en réalité il n'y avait sous jeu qu'une question de gros sous. Mais il en est de l'humanité comme de tous les autres sentiments; chacun la comprend à sa manière, et je n'ai le droit que de constater le fait. Entre le grand seigneur anglais qui trouvait tout simple qu'on portât la guerre au Mexique pour assurer les créances de quelques étrangers, et M. Jules Favre qui, quelque temps après, acceptait le débat sur ce terrain et demandait au Corps législatif (1), si ce même créancier avait le droit de tuer son débiteur insolvable pour le rendre solvable, il y a toute la distance qui sépare le monde des privilégiés du monde démocratique. Je laisse donc de côté cette question qui m'entraînerait trop loin et je passe immédiatement aux motifs des plaintes, légitimes ou supposées, du gouvernement français.

Si nous en croyons la note publiée au mois de novembre

(1) Séance du 13 mars 1862.

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