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n'est exposé qu'à des chaleurs modérées, et le sol y est admirablement fertile partout où il est arrosé. Les rochers qui forment le lit sur lequel il est assis et d'où il domine les deux océans, sont traversés en tous sens de filons d'argent, de cuivre et de fer. Les pentes qui s'élèvent du niveau des deux mers, jusqu'à la hauteur du plateau, offrent, à mesure qu'on les gravit, la succession de toutes les températures et de fous les climats, depuis l'été du Sénégal jusqu'au printemps des bords de la Loire; et la série de toutes les végétations et de toutes les cultures, depuis le café de l'Arabie, la canne à sucre, le coton et l'indigo de l'Inde, jusqu'au blé de l'Europe, jusqu'au sapin des Alpes et au pin de la Norwége. Il y a surtout une région intermédiaire entre le littoral ou terre chaude, Tierra caliente, et la terre froide, Tierra fria, qui est vraiment unique dans le monde. Cette région, appelée par opposition aux deux autres, terre tempérée, Tierra templata, possède la végétation vigoureuse, riche et variée des côtes, sans en avoir les myriades d'insectes, les miasmes empestés et l'air embrasé. On y respire l'atmosphère pure du haut plateau sans y ressentir les fraîcheurs passagères de ce dernier lieu, ni la sécheresse et la végétation parfois rabougrie des terrains bas. C'est un véritable paradis où toutes les saisons sont confondues dans un printemps perpétuel, où toutes les cultures se mêlent, où l'œil de l'Européen s'étonne de trouver en tous temps et sur la même tige, la fleur qui embaume, le fruit vert et la pomme d'or du jardin des Hespérides.

La population qui, en 1794, s'élevait à peine à 5 millions d'individus, est évaluée, aujourd'hui, à 8,400,000 environ, et peut être divisée de la manière suivante :

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Enfin, la confédération se compose de vingt-quatre États, d'un district et d'un territoire, dont voici les noms, l'étendue en lieues carrées, la population et les capitales:

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Quand les Espagnols arrivèrent au Mexique, ils y rencontrèrent un royaume féodal, gouverné par un prince que soutenait une double aristocratie de nobles et de prêtres. Au lieu des bandes, si l'on aime mieux, des tribus d'Indiens nomades et chasseurs que les Anglais et les Français rencontrèrent au Nord, ils trouvèrent des populations nombreuses et sédentaires, régulièrement encadrées dans un ordre social complet. C'étaient des peuples adonnés princi

palement aux travaux agricoles, cultivant le maïs et le coton et connaissant la cochenille. Ils étaient habiles à tisser des étoffes délicates et à les teindre des plus vives couleurs. Ils savaient sculpter les pierres les plus dures; fondre et modeler l'or et l'argent, et ils possédaient quelques outils de bronze écroui qui n'étaient point sans analogie avec ceux dont nous nous servons aujourd'hui, lesquels ne diffèrent des leurs que parce qu'ils sont en acier.

Dès 1508, les Espagnols, Solis et Pinzon avaient découvert le Yucatan. Dix ans après, Grijalva reconnut la côte orientale du Mexique, et, l'année suivante, Fernand Cortez aborda au lieu où l'on a depuis bâti Vera-Cruz pour réaliser, avec une poignée d'aventuriers, ses vastes projets de conquête. Il brûla d'abord ses vaisseaux pour enlever à ses compagnons toute pensée de retour; puis, il attaqua la république de Tlaxcala, la battit, et profita des antipathies de l'ancienne race indigène contre les conquérants aztèques pour faire alliance avec elle et pénétrer jusqu'à Mexico, où le souverain régnant, Moctezuma, et non pas Montezuma, lui fit l'accueil le plus amical. Cortez, abusant des intentions bienveillantes de ce prince, s'empara de sa personne et le tint prisonnier au milieu même de ses sujets. Il fut alors obligé de quitter la ville pour aller livrer bataille à un concurrent, Narvaez, que le gouverneur d'Hispaniola, aujourd'hui Saint-Domingue, avait envoyé pour le dépouiller de sa conquête. Pendant son absence, il laissa le commandement à un de ses lieutenants, Alvarado, et celui-ci, sur l'avis que les Mexicains cherchaient à briser les chaînes de leur chef, en fit massacrer deux mille au milieu d'une fête. Il en résulta un soulèvement général à la suite duquel Cortez lui-même, de retour depuis peu, fut obligé de quitter la ville pour la seconde fois; mais il y rentra de nouveau, 21 mai 1520, à la tête de quelques centaines d'Espagnols seulement et d'une multitude d'Indiens auxiliaires, à la suite d'un siége qui ne dura pas moins de soixante-quinze jours. Depuis lors, l'Espagne demeura paisible dominatrice de sa conquête jusqu'au jour où le premier Napoléon, ayant indignement dépouillé les Bourbons de la péninsule à la conférence de Bayonne, toutes les colonies espagnoles de

l'Amérique refusèrent de se plier sous son joug. Parmi elles, le Mexique fut celle qui resta le plus longtemps fidèle à la mère patrie : aussi le vice-roi, Iturrigaray, appela-t-il les créoles à jouir de tous les droits dont on les avait privés petit à petit depuis la conquête. Mais ce retour au droit commun irrita profondément les Espagnols. Les négociants firent un mouvement; le 18 septembre 1808, ils s'emparèrent du vice-roi, l'envoyèrent prisonnier en Espagne et firent tant auprès du gouvernement que la conduite de cet officier y fut censurée.

Alors les créoles, aigris par le triomphe de toutes ces mesures rétrogrades, songèrent à les repousser, et bientôt il se forma une conspiration qui avait dans l'armée ellemême des ramifications fort étendues et dont le chef avoué était un prêtre de race créole, D. Miguel Hidalgo y Costilla, curé de la petite ville de Dolores, dans l'intendance de Guanajuato. L'insurrection éclata le 10 septembre 1810. Hidalgo, déployant les couleurs bleues et blanches - des anciens empereurs aztèques, puissamment secondé d'ailleurs par les Indiens qui accouraient en foule se ranger sous ses bannières, souleva tous les pays de l'Est, pendant qu'un autre prêtre, père, qui le croirait? du général Almonte, révolutionnait les provinces de l'Ouest, et se présentait devant Mexico à la tête d'une armée de plus de 80,000 hommes.

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Mais peu sûr de la discipline de ses bandes, il n'osa point attaquer la capitale. Il fut défait dans plusieurs rencontres par les troupes régulières du vice-roi, trahi par les siens, livré aux Espagnols et fusillé le 27 juillet 1811.

Après sa mort, le curé Morelos continua la lutte et réunit un congrès qui proclama l'indépendance du Mexique au mois d'octobre 1813. Malheureusement le succès ne se maintint pas. Morelos fut fait prisonnier 26 mois après, 5 novembre 1815, livré à l'inquisition qui le remit à l'autorité militaire après l'avoir dégradé comme hérétique, et fusillé par derrière, ainsi que l'avait été quatre années auparavant son prédécesseur Hidalgo.

L'insurrection était donc encore une fois comprimée, mais elle n'était pas détruite. Petit à petit les créoles de

toutes les classes prirent place dans ses rangs : ses cadres se complétèrent, et dès l'année 1820, on y comptait plusieurs officiers de l'armée royale qui, pour divers motifs, avaient abandonné leur position et s'étaient joints à elle.

Le plus connu de ces transfuges s'appelait D. Agustin de Iturbide. Il était né à Valladolid, aujourd'hui Morelia, capitale de l'État de Michoacan, et avait été mis en retrait d'emploi pour abus de pouvoir (1).

Celui-ci, le 24 février 1821, dans la petite ville d'Iguala, située à 90 milles environ au Sud de Mexico, proclama un plan avec les trois bases suivantes : Union, Religion, Independance, et s'empara de Mexico le 27 septembre suivant.

Son programme portait que le Mexique, délivré pour toujours de la tyrannie de l'Espagne, serait cependant gouverné par un prince de la famille royale, et que les Européens, ce qui signifiait les Espagnols, attendu qu'à cette époque il n'y avait qu'eux qui fussent admis au Mexique, seraient entièrement égaux en droits et en priviléges avec les natifs. Mais après avoir contraint le vice-roi, O'Donoju, à accepter ces conditions, il fit naître un conflit entre le congrès, nommé depuis la prise de Mexico, et la junte du gouvernement dont il était le chef, et se fit proclamer empereur, sous le nom d'Augustin Ier, le 18 mai 1822.

Toutefois, cet empire était construit sur le sable. Ni l'immense prestige qui entourait alors le nom du nouveau prince, ni sa grande réputation militaire, ni la gloire qu'il s'était acquise en obligeant l'Espagne à se dessaisir de sa proie, ni la splendeur de ce trône élevé dans l'ancienne capitale de Moctezuma, ni le brillant vernis d'une cour pleine d'ostentation, ni l'appareil du couronnement, ni les cérémonies imposantes d'une consécration religieuse, ni l'appui que paraissaient donner au trône ainsi restauré le pouvoir et les richesses d'une aristocratie opulente, rien ne put maintenir le diadème sur la tête de cet homme que le

(1) On raconte qu'en 1814, dans une dépêche qu'il adressait au vice-roi, le jeudi-saint, Iturbide, alors officier supérieur, lui annonçait qu'il venait de fêter ce grand jour en faisant fusiller 300 excommuniés, ce qui signifiait dans son langage, 300 prisonniers libéraux.

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