N° 5. RÉSERVÉ. MISSION D'ANGLETERRE. Légation du Mexique en Belgique. » Très-Excellent Seigneur. « Bruxelles, 16 août 1864. » Dans ma dépêche réservée no 2, du 13 de ce mois, j'ai eu l'honneur d'informer V. E. du résultat de mon entrevue avec lord Cowley, ambassadeur de S. M. B. à Paris, au sujet de la mission que S. M. l'empereur a daigné me confier pour l'Angleterre. » J'ai également prévenu V. E. que j'attendais la réponse de lord John Russell. » D'après une dépêche télégraphique du ministre de S. M. l'Empereur à Paris, dépêche que j'ai reçue dans la nuit du 14, lord Russell a répondu qu'il était impossible de me recevoir avant l'arrivée des lettres de notification et de créance qui, ainsi que j'ai eu l'honneur de le communiquer à V. E. dans ma dépêche ordinaire no 58, du 34 juillet, ne sont point arrivées. » Voici le télégramme de M. Hidalgo: » En présence de la mauvaise disposition du cabinet de S. M. B., il n'est pas probable que lord Russell consente à admettre les copies des lettres confidentielles. » » Il y a, en outre, un autre motif pour expliquer le mauvais effet qu'a produit sur le cabinet anglais le glorieux établissement de l'Empire au Mexique; c'est la crainte des États-Unis. Les dernières nouvelles de ce pays, ainsi que je l'ai dit dans ma note réservée no 2, annonce que la paix peut s'y rétablir avant peu. Lord Russell aura calculé, peut-être, que les copies dont il s'agit ne peuvent pas être en Europe avant le commencement du mois de novembre, tandis que, vers le milieu du même mois, il connaîtra le résultat de l'élection relative à la présidence des États-Unis, élection qui servira de guide au cabinet anglais dans la conduite qu'il tiendra avec notre Empe reur. » Dieu garde, etc. » F. DE ARRANGOIZ. » A S. E. le ministre des affaires étrangères.... Mexico. >> Le jour se faisait ainsi petit à petit sur les motifs des difficultés que rencontrait la réception du ministre de Maximilien à la cour d'Angleterre. Sa nomination, disait-il cette fois, n'avait point encore été notifiée directement au gouvernement de la reine. Lui même n'avait point de titre officiel, il possédait seulement des lettres confidentielles, et lord Russell refusait tout simplement d'en changer la nature en donnant à leurs copies. un caractère qu'elles n'avaient pas. Cette confession, toute grande qu'elle fût, n'était encore qu'une partie de la vérité. M. Arrangoiz reculait devant la nécessité de s'avouer à lui-même tout ce que sa situation avait d'anormal; il cherchait des biais partout où il pouvait en trouver, et comme le triomphe du Sud était après tout le seul, l'unique espoir de l'Intervention, il préférait rejeter sur la peur que les États-Unis pacifiés inspiraient, disait-il, à l'Angleterre, la responsabilité d'un retard qui blessait plus encore en lui l'orgueil de l'homme que l'amourpropre du ministre de Maximilien. A la fin, cependant, il fut obligé de se rendre à l'évidence, et ce jour-là il écrivit de >> Avant que cette dépêche n'arrive à la connaissance suprême de S. M., l'Empereur aura eu connaissance de la lettre que m'a adressée lord Cowley, et qui a dû vous être transmise par l'intermédiaire du ministre de S. M. à Paris. » Cette lettre ne parle pas de copies légalisées des lettres de notification et de créance que l'on n'exige jamais. Je crois donc que quand viendra le jour de ma réception par S. M. B., elle aura lieu en présentant tout uniment les copies que j'en ai fait tirer dès le principe. » Tout ce qui s'est passé n'a été rien autre qu'un prétexte pour retarder ma réception, chose facile à prévoir après le discours de lord Palmerston que j'ai transmis à V. E. avec ma dépêche du 31 juillet. >> Dieu garde, etc. » F. DE ARRANGOIZ. » A S. E. le ministre des affaires étrangères... Mexico. » Alors, pourquoi mêler les États-Unis à toute cette histoire?Pourquoi vouloir quand même être reçu, ce n'est point assez, pourquoi vouloir exercer les fonctions de ministre de l'archiduc en Angleterre avant d'avoir remis ses lettres de créance et s'attirer, par cette obstination, le nouveau refus qu'on va lire? » Dans mes dépêches 2, 3 et 5, réservées, des 13, 16 et 25 août, j'ai eu l'honneur d'informer V. E. de tout ce qui s'était passé entre le cabinet de S. M. B. et moi, au sujet de la présentation des lettres de notification et de créance de S. M. l'Empereur. » Plus tard, on s'est informé, au moyen de la légation belge à Londres, si je serais reçu avant de présenter mes lettres de créance à S. M. B., et si je pourrais y exercer les fonctions de ministre, comme cela s'est toujours pratiqué et comme cela se pratique encore à l'égard des autres plénipotentiaires, quand il ne résulte pas d'inconvénients de la seule présentation des copies. >> Le ministre des affaires étrangères a répondu que, dans le cas présent, cela ne se pouvait pas, parce qu'il était extraordinaire; et que, comme la réception entraînait avec elle la reconnaissance du nouvel empire, il fallait avant tout que je fusse présenté à S. M. B. » Je vous renouvelle, etc. » F. DE ARRANGOIZ. » A S. E. le ministre des affaires étrangères... Mexico. >> Enfin, il fut reçu, le 31 octobre 1864, avec tout le cérémonial usité en pareil cas. Il y avait juste trois mois qu'il attendait cet heureux événement. Désormais il pouvait dire après M. Prudhomme: Cette réception est le plus beau jour de ma vie ! FIN DU PREMIER VOLUME. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION. Causes principales de l'anarchie qui a régné jusqu'à Conséquences du coup d'État du 17 décembre 1857. Conduite des ministres de France au Mexique. Difficultés que rencontrait M. Juarez pour rétablir Des dettes du Mexique et de leur origine. 185 197 207 216 XIX. Dénonciation de la rupture des préliminaires. - Pages. -- et l'archevêque. Promenade à l'intérieur. Reconnaissance de Maximilien par les gouverne- 439 453 |