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établi en conséquence des décrets de l'assemblée, venoit de faire l'adjudication des étaux de boucherie de cette ville & fauxbougs en la forme accoutumée. Cette adjudication se renouvelle tous Ies ans ; mais que quelques bouchers ne vouloient pas obéir à cette sentence; qu'il s'agissoit donc de déclarer que cette sentence, conforme aux réglemens de l'assemblée nationale, seroit exécutée selon sa forme & teneur.

M. le Camus s'est élevé contre cette sentence: ce sont des privileges, a-t-il dit, dont jouissent certaines maisons d'avoir des étaux, tandis que lés maisons voisines ne l'ont pas ; privileges qui sont au nombre de ceux que vous avez abolis avec le minage, hallage, &c.... Le boucher qui est forcé de prendre telle ou telle maison & de la payer plus cher, renchérit en conséquence sa marchandise; & c'est un impôt de plus. Il doit choisir la maison qui lui sera la plus commode.

M. Desmeuniers a répondu que M. de Vauvilliers, qui a donné des preuves multipliées de son zele pour l'approvisionnement de cette capitale, ne répondoit pas de l'approvisionnement de la ville, si cette sentence n'étoit pas confirmée par l'approprobation de l'assemblée. L'opinant auroit dû dire je suis traducteur d'anglois, & M. de Vauvilliers professeur de grec, & en conséquence

ni l'un ni l'autre ne connoissons l'affaire,

J'insiste sur la question préalable, a répliqué M. le Camus, la liberté du commerce approvisionnera toujours mieux que les privileges.

L'assemblée a renvoyé au comité des domaines. M. le président a annoncé l'arrivée d'un courier extraordinaire de Marseille. Un député de cette ville a paru à l'instant à la tribune pour rendre compte des faits qui y ont donné lieu. Il a commencé par témoigner la reconnoissance dont cette ville est pénétrée pour le décret qu'a rendu l'assemblée dans l'affaire du grand prévôt de Provence; mais depuis 6 mois, a-t-il continué, Marseille est livrée en proie à 6 mille hommes de troupes. La municipalité a fait des efforts inutiles pour s'en débarrasser; enfin, sans la prudence des officiers municipaux & de la garde nationale cette ville seroit aujourd'hui dans une guerre ouverte. Voici le fait M. le marquis d'Amberg, colonel du régiment de Royal-Marine, arrivant d'Avignon, est arrêté le 19 de ce mois, à la porte de Marseille, par une sentinelle de la garde nationale qui lui demande qui il est; il refuse de répondre, ainsi qu'aux questions que vient lui faire le commandant de ce poste; bientôt il apperçoit un piquet de son régiment, posté non loin de la porte; il l'appelle, se met à la tête, insulte la garde

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entiere, offre de combattre dans la plaine voisine de la ville, avec son seul régiment, toute la garde nationale, & dit qu'il n'a besoin. que d'une compagnie pour mettre en déroute toute cette canaille. Vous pouvez, a-t-il ajouté, aller rapporter cela à la municipalité : je me f... du maire & des municipaux. L'officier de garde dresse en conséquence son procès-verbal. Le lendemain, une députation des bas-officiers du régiment vient, au milieu d'une foule de peuple, déclarer à la municipalité qu'ils ne se départiront jamais du serment & de la fidélité qu'ils ont jurés à la nation, à la loi & au roi.

D'un autre côté vient M. d'Amberg, à la tête de ses officiers, pour offrir, à ce qu'on croit, ses excuses mais effrayé de l'attroappement qui aug mentoit à chaque instant, il demande que l'hôtelde-ville lui soit donné pour asyle Les officiers municipaux lui ont accordé cette retraite; mais ils ont envoyé supplier l'assemblée de leur désigner un tribunal pour juger cette affaire. L'opinant a demandé, 1°. que les troupes, qui sont pour la plupart logées chez les bourgeois, évacuent la ville; 2°. que l'assemblée indique le tribunal qui jugera cette affaire; 3°. que le comité des rapports, vu l'urgence du cas, en fasse le rapport à la séance du soir de ce jour. On ajoute qu'il

existoit 22 mille hommes à Marseille, & 6 mille hommes aux environs, capables & déterminés à faire le sacrifice de leurs jours pour la constitution.

M. le président a lu la lettre des bas-officiers du régiment, qui supplient l'assemblée de ne pas juger sans avoir entendu toutes les parties.

M. le président a cru devoir leur répondre que l'assemblée étoit trop juste pour en agir autre

ment.

M. de Mirabeau a dit que M. de Miran commandant de Marseille, avoit trouvé la conduite de M. d'Amberg si repréhensible, qu'il lui avoit ordonné les arrêts; que d'ailleurs toutes les pieces & procès-verbaux, signées de personnes intéressées, vont être fournir au comité, & il a conclu à ce que le comité fasse ce soir son rapport.

L'assemblée l'a ordonné, & M. le président a prié en conséquence les membres de ce comité de se retirer sur le champ à leur bureau.

L'ordre du jour devoit être le rapport des commissaires sur le mode des assignats des biens ecclésiastiques & domaniaux, Mais l'économiste Dupont a annoncé que ce rapport n'étoit point enco-e prêt; & sur ce, M. Muguet a demandé que les comités ecclésiastiques, des finances, d'agriculture, se concertassent ensemble relativement à cet objet. On a acquiescé à la proposition de

M. Muguet, en ajoutant un quatrieme comité, Cependant l'assemblée restoit dans une stagnation involontaire. Ses comités lui avoient manqué de parole. Au reste, il faut les excuser; la fievre a pu travailler ceux qui avoient projetté de fermer le bureau de la trésorerie; depuis hier, ces messieurs n'ont point encore eu le tems de revenir à eux. Cependant l'assemblée s'est occupée fort utilement; elle a rendu, après un court exposé d'un des membres du comité des finances, le projet de décret suivant :

ARTICLE

PREMIER.

Il sera fait en Bearn, pour l'année 1790, l'as siette des mêmes impositions qui ont été levées en 1789, & les assemblées de district & de département détermineront l'emploi de la partie de ces impositions, levées pour acquitter les charges

du pays.

ART. II. Il sera établi dans la ville de Pau une commission composée de dix-huit députés, pris dans autant de paroisses ou communautés principales.

ART. III. Le conseil & le bureau de dix-huit communautés choisiront chacune un député parmi les citoyens éligibles de la communauté, sans aucune distinction d'état ou de classe; & ces dix

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