discipline ancienne et moderne de l'Église, que nous nous proposons de suivre pas à pas et que nous ne ferons presque qu'abréger (1). (1) Personne n'ignore de quelle réputation jouit, dans tout le monde chrétien, le livre de la Discipline ancienne et moderne de l'Église du père Thomassin. A peine cet ouvrage célèbre eut-il paru, qu'il fit autorité. Après l'avoir lu, le pape Innocent XI fit le plus bel éloge de l'auteur, déclara publiquement que son ouvrage était le meilleur qui eût jamais paru sur la discipline, et qu'il était destiné à opérer le plus grand bien. Il témoigna plusieurs fois le désir qu'à son exemple tous les ecclésiastiques le lussent avec attention pour y puiser les maximes propres à régler leur conduite et à la sanctifier. Lui-même, pendant le cours de son pontificat, ne cessa de le consulter et de le suivre dans l'administration générale de l'Église. Il poussa encore plus loin son estime: il fit tous ses efforts pour attirer à Rome le père Thomassin, dans le dessein de le créer cardinal, persuadé qu'un prêtre qui avait si bien écrit sur la discipline de l'Église ne pourrait que lui être d'un grand secours, et par ses lumières et par ses conseils, pour la bien gouverner. Deux choses paralysèrent les efforts du Saint-Père et firent échouer son louable dessein: l'extrême modestie du père Thomassin, qui n'eût jamais consenti à être revêtu d'une si éminente dignité, et l'opposition constante de Louis XIV, qui, connaissant tout le mérite de ce saint prêtre, ne voulut jamais permettre qu'il quittât le royaume dont il était un des plus beaux ornemens. Voyez la vie du père Thomassin, à la tête de son ouvrage sur la Discipline. CHAPITRE PREMIER. De la hiérarchie ecclésiastique. Il faut distinguer, dans la hiérarchie de l'Église, ce qui est d'institution divine, d'avec ce que le gouvernement ecclésiastique a lui-même établi. Jésus-Christ est seul auteur du sacerdoce chrétien. Il l'a établi pour perpétuer son divin ministère sur la terre et pour appliquer aux hommes les fruits de la rédemption. C'est dans les prêtres et les évêques que réside cette puissance toute céleste. Le sacerdoce est unique, le même dans les prêtres et dans les évêques. Les prêtres ont le même pouvoir de consacrer, de remettre les péchés; ils prêchent, ils bénissent, ils gouvernent les fidèles, ils célèbrent les saints mystères : en un mot, ils peuvent faire les mêmes fonctions sacramentelles que les évêques, excepté celle de l'Ordre. Quid facit episcopus, dit saint Jérôme, exceptâ ordinatione, quod non faciat presbyter? Car, dans l'Église d'Orient, les prêtres ont administré et administrent encore la Confirmation: ils peuvent la conférer, du consentement du Pape, dans l'Église latine. Mais quoique le sacerdoce soit le même dans les prêtres et dans les évêques; quoiqu'ils exercent les mêmes fonctions par rapport à l'administration des sacremens; il existe cependant entre eux une grande différence. Les évêques sont supérieurs aux prêtres en ce que ceux-ci n'ont le sacerdoce que dans le second degré et avec dépendance; ils en ont l'essence, mais non pas tous les droits. Les évêques en ont la primauté, la plénitude, la souveraineté. Les évêques sont donc supérieurs aux prêtres quant à la puissance d'ordre et de juridiction. Nous ne pensons pas que cette supériorité soit un établissement humain; nous croyons qu'elle est de droit divin, malgré ce qu'en ont écrit quelques auteurs catholiques d'ailleurs respectables. C'était le sentiment de la majorité des Pères de Trente, et le savant Pallavicini assure que si le saint concile n'en a pas fait une décision formelle, c'est uniquement pour ne pas réveiller les anciennes disputes sur la résidence (1). Voilà donc ce qui est d'institution divine: le sacerdoce et l'épiscopat. Il faut y joindre la papauté: car, quoique le Pape n'ait pas reçu de caractère supérieur à l'épiscopat, le Sauveur l'a placé bien au-dessus de tous les évêques par la puissance et les immenses pouvoirs qu'il lui a confiés. Le soin de tout le troupeau le regarde; il doit paître les agneaux et les brebis, c'est-à-dire, les pasteurs eux-mêmes; il en est le chef comme il l'est de toute l'Église. « Il y a un premier « évêque, dit le grand Bossuet, il y a un << Pierre préposé par Jésus-Christ même à << conduire le troupeau; il y a une mère « Église qui est établie pour enseigner toutes (1) Voyez l'histoire du célèbre cardinal sur la 28° sess. « les autres, et l'Église de Jésus-Christ, << fondée sur cette unité, comme sur un roc << immobile, est inébranlable (1). » Content d'avoir posé les bases d'un sage gouvernement, le divin législateur a laissé à son Église le soin de s'organiser à mesure qu'elle se développait, et c'est ainsi qu'elle a peu à peu complété sa constitution. Les apôtres se dispersant dans toutes les contrées du monde, et, malgré cette dispersion, mus comme un seul homme par le même esprit qui les assistait et leur communiquait cette infaillibilité d'enseignement et de législation qui, après eux, ne devait persévérer que dans les successeurs de Pierre; les apôtres, disons-nous, à mesure qu'ils avaient créé une communauté de fidèles, établissaient dans les villes importantes un évêque fixe, dont le pouvoir était borné à un territoire déterminé. Le pays soumis à ces évêques s'appelait diocèse. Cet établissement remédiait, d'un côté, à la confusion inséparable de la multitude des ministres ; de l'autre, aux inconvéniens qui pouvaient ré (1) Œuvres compl., édit. de Lebel, t. xxx, p. 455. |