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jufte attention aux interceffions paffées pour cet effet, après qu'Elle s'en feroit dûëment informée, & qu'Elle obferveroit en cela la Paix de Weftphalie, à laquelle on s'étoit raporté.

Les Ministres de Sa Majesté Pruffienne, de même que ceux des Etats Généraux, ont préfenté de nouveau à Sa Majesté Imperiale à Francfort, au nom de leurs Maîtres, les uns le 31 Décembre 1711, & les autres le 2 Janvier 1712, des Mémoires fort énergiques fur ce même fujet, où ils infiftent fur les précedans, y joignant la Représentation imprimée, dont on a fait fouvent mention.

Et le Corps des Etats Proteftans de l'Empire a pareillement renouvellé fes interceffions à cet égard, en date de Ratisbone le 3 Février 1712.

Cependant quelques efforts imaginables qu'on ait faits, ils n'ont pû pourtant produire l'effet, qu'on en avoit défiré. De forte que comme la préfente négotiation. de Paix a pour but, non feulement de terminer la Guerre entre les Hauts-Alliés & la France, mais auffi d'établir & d'entretenir conftamment une parfaite

tran

tranquillité & étroite union entre les premiers, il n'y a certainement que ce dernier reffort, pour ainfi dire, où la Religion Réformée · en Silefie pourra être retablié, ou elle fera (à Dieu ne plaife) exposée & livrée pour jamais à une deftruction & extirpation entiere. (k)

C'eft pourquoi on ne doute pas, que Meffieurs les Plénipotentiaires des Paiffances Proteftantes n'employent tous leurs foins poffibles avec autant de zéle, qu'ont témoigné leurs Souverains en plusieurs rencontres, à leur gloire immortelle, pour achever cet important ouvrage, én tipulant dans le Traité de Paix à faire:

I. Que les Evangeliques-Réformés foient rétablis par toute la Silefie en toutes maniéres, tant dans ce qui concerne les cho. fes Ecclefiaftiques, que les Politiques, avec une parfaite liberté de conscience, conformement à la difpofition de la Paix de Weftphalie, & à l'éclairciffement, qui en a été fait par la Convention d'Alt-Ranftad, & en aboliffant l'Edit publié le 3. Juin 1709. contre ceux qui auroient em braffé la Confeffion d'Augsbourg.

II. Que l'on reftitue aux Evangeliques Réformés leurs Eglifes, Ecoles, & revenus, Bb 5

(k) V.N. XXXII.

avec

avec tout ce qui en dépend, tant dans les Principautés de Liegnitz, Brieg & Woh lau, qu'à Carolath & Ratimow, dans le même état, où elles étoient dans l'année 1624. & du tems de la Paix de Weftphalie.

III. Qu'à l'interceffion des Puiffances Proteftantes il foit permis aux Evangeliques-Réformés de bâtir à leurs dépens une Eglife à Breslau.

Lettre du Roi de Pruffe à la Reine de la Grande-Bretagne en faveur des Proteftants.

MADAME MA SOEUR.

ETant pleinement affûré que Vôtre Majefté ne peut manquer d'être très fenfible à la mifére inexprimable des pauvres Proteftants Réformez en France, qui font condamnez aux Galeres, ou enfermez dans des Cachots, & qui gemiffent en d'autres endroits, sous le Joug infuportable de leurs Ennemis, & dont la Vie eft dix fois pire que la Mort même; j'efpére que V. M. prendra en bonne part que je la prie, & conjure de la maniére la plus férieufe par cette Lettre, qu'il lui plaife encore de faire fes derniers efforts, pour obtenir de S. M. T. Chrê

tienne, par la Paix prochaine, la Délivrance de ces pauvres Gens opressez, après laquelle ils foûpirent depuis tant d'années.

Cleft uniquement MADAME, pour m'aquiter de mon devoir, que j'en fuplie V. M. étant parfaitement convaincu, qu'il eft impoffible que V. M. qui a l'Ame fi Grande & fi Généreufe, puiffe refuser la Grace de fa Protection à des Perfonnes qui fouffrent feulement & unique. ment, pour l'Amour de la Vérité; ou que V. M. qui porte le Tître glorieux de Défenfeur de la Foi, puiffe oublier l'Intérêt de la Religion, dans un tems où Elle a tant à attendre de l'Honnêteté, & de l'Eftime du Roi très-Chrêtien.

Il eft vrai, MADAME, que V.M, rencontrera peut-être quelques obftacles, avant que d'obtenir de S. M. T. C. l'entier rétabliffement de fefdits Sujets Proteftants; Mais comme il n'y a point de Difficultez que V. M. ne puiffe furmonter, lorfqu'il s'agit de la Gloire de Dieu, & du Bien de fon Eglife; cela me donne Espérance que V. M. ne négligera pas de conduire cette Affaire, quelque difficile qu'elle paroiffe, à la Joye & au Contentement de Bb 6

tous

tous ceux qui font véritablement zêlez
pour la Gloire de Dieu. Je fuis,&c. Don-
né dans mon Château de Cologne, fur la
Sprée, le 21. Février 1713. Signé par Ordre
du Roi, fur fon Lit de mort, F. Guil-
LAUME: Et plus-bas ILGEN.

Mémoire des Miniftres Plénipotentiaires des
Puiffances Proteftantes Affemblés au Con-
grès d'Utrecht, en faveur des Proteftans
François, préfenté à Mrs. les Miniftres Plé-
nipotentiaires de Sa Majesté T. C. le 11.
Avril 1713. par Mrs. les Miniftres Plé-
nipotentiaires de S. M. la Reine de la Gran-
de-Bretagne.

Es Alliés qui font de la Religion Pro-
teftante faifants reflexion fur les Ca-
lamités qu'une grande partie des Sujets de
S. M. T. C. qui profeffent avec eux la
même Religion, ont fouffert & fouffrent
encore uniquement à cause qu'ils fervent
Dieu felon les lumieres de leur Confcien-
ce; liberté dont ces affligez pouvoient
fe flatter par la Loi Divine, par les pré
ceptes de la Charité & particulierement
par les Loix du Royaume de France con-
firmées par S. M. T. C. dont ils doivent

jouïr

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