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fourrée de martre, que le roi lui avait donnés lorsqu'il « était venu lui présenter ses respects... Le roi se rendit à « la cathédrale pour remercier Dieu, et baiser les saintes • reliques (1).... »

122. BATAILLE DE FORMIGNY (18 avril 1450).

Par M. LAFAYE en 1837. Aile du Nord.
R.-de-chaussee.

Deux mois après la prise de Rouen, les Anglais essuye- Salle no 6. rent un échec qui peut-être fut plus sensible encore à leur fierté nationale; ils perdirent Harfleur, la première ville conquise par Henri V; et pour sauver Caen, avec ce qui leur restait de la Basse-Normandie, ils n'eurent plus que la ressource désespérée de hasarder une bataille.

Elle s'engagea entre Carentan et Bayeux, près du village de Formigny, auquel était adossée leur armée un petit ruisseau coulait devant leur front de bataille, et sur ce ruisseau était un pont occupé par les Français. Sir Matthew Gough, vivement attaqué par le jeune comte de Clermont (2), l'avait repoussé avec vigueur, s'était emparé du pont, et, sans l'heureuse arrivée du connétable (3), c'en était fait de l'armée française. Mais ses compagnies, avec leur redoutable ordonnance, eurent bientôt fait rentrer les Anglais dans leurs retranchements, et tout son effort fut de les y forcer. Le combat fut vifet dura trois heures: au bout de ce temps, les lignes anglaises furent rompues de trois côtés, et les Français y entrèrent victorieux avec un grand carnage. De six mille combattants, on en compta trois mille sept cents couches sur le champ de bataille. Après cette défaite, Caen, Falaise et Cherbourg se firent encore assiéger; mais ce fut sans espoir et pour le seul honneur de leurs armes que les Anglais opposèrent ce reste d'inutile résistance: quatre mois après la journée de Formigny (1450), la Normandie était rentrée tout entière sous l'obéissance de Charles VII.

123. ENTRÉE DES FRANÇAIS A BORDEAUX (23 juin 1451).

Par M. VINCHON en 1837. Aile du Nord.
R.-de-chaussée.
Salle n° 7.

Après la Normandie, ce fut la Guyenne, dernière province restée aux Anglais, qui leur fut enlevée. La les cœurs n'étaient point français. On se souvenait encore de la longue antipathie qui avait séparé la France du midi de

(1) Histoire des ducs de Bourgogne, liv. VIII. (2) Jean de Bourbon, He du nom, duc de Bourbon et d'Auvergne. (3) Artus de Bretagne, IIIe du nom, alors comte de Richemont, depuis duc de Bretagne.

celle du nord, et les seigneurs surtout trouvaient bien mieux leur compte à la domination d'un prince étranger, dont l'éloignement même était une garantie pour leur indépendance, qu'à la suzeraineté plus voisine et bien autrement redoutable du chef de la monarchie française. Cependant telle était dès lors la prépondérance acquise à Charles VII par ses victoires, que son lieutenant, le comte de Dunois, n'eut presque qu'à montrer son armée en Guyenne pour réduire cette province. Bordeaux, après toutes les autres villes du duché, traita de sa soumission, mais en stipulant pour le maintien de ses anciennes libertés et s'assurant le bienfait d'une amnistie générale.

« Le 23 de juin 1451, le comte de Dunois se présenta << avec la brillante et nombreuse compagnie des seigneurs de France et des capitaines de son armée, devant les portes de Bordeaux. Le héraut de la ville commença «par sommer trois fois à haute voix les Anglais de venir « porter secours aux gens de Bordeaux. Nul ne compa<< raissant, les jurés de la ville, l'archevêque, son clergé, et « les principaux seigneurs du pays, remirent les clefs au << lieutenant-général du roi.... L'entrée fut brillante et

solennelle; on y vit chacun à la tête de sa troupe et « dans le plus brillant équipage : le sire de Pensach, sé« néchal de Toulouse, capitaine des archers de l'avant« garde; les maréchaux de Loheac et de Culant, avec trois «cents hommes d'armes; les comtes de Nevers (1), d'Ar<< magnac et le vicomte de Lautrec de la maison de Foix, << avec trois cents hommes de pied; les archers du comte du «Maine sous les sires de La Boessière et de La Rochefou«cauld; puis chevauchaient trois des conseillers du roi, «l'évêque de Langres, l'évêque d'Alet et l'archidiacre de «Tours, avec plusieurs secrétaires du roi. Après marchaient « Tristan-l'Hermite, prévôt des maréchaux, et ses sergents; «ensuite venaient le chancelier Juvénal, avec un manteau « court de velours cramoisi par-dessus sa cuirasse; le «sire de Saintraille, baillif de Berri, grand écuyer; de « comte de Dunois, lieutenant-général du roi ; les comtes « d'Angoulême (2) et de Clermont (3), avec leurs armures «blanches, accompagnés de leurs pages et de leurs ser«viteurs; les comtes de Vendôme (*) et de Castres. Jacques « de Chabannes, baillif de Bourbonnais, grand-maître de

(1) Charles de Bourgogne, comte de Nevers et de Rethel. (2) Jean d'Orléans, dit le Bon, comte d'Angoulême et de Perigord. (3) Jean de Bourhon, Ile du nom, duc de Bourbon et d'Angoulême, ) Jean de Bourbon, Ile du nom, comte de Vendôme.

<< la maison du roi, conduisait les quinze cents lances du
« corps de bataille, et Geoffroy de Saint-Belin, baillif de
« Chaumont, les hommes d'armes du comte du Maine.
* Enfin l'arrière-garde, dont Joachim Rouault était capi-
<taine, était commandée par Abel Rouault son frère.
Tout ce superbe cortége, si nouveau pour les gens de
<< Bordeaux, sujets du roi d'Angleterre depuis tant
<< d'années, arriva jusqu'à la cathédrale L'archevêque
« porta à baiser les saintes reliques au comte de Dunois et
aux principaux seigneurs de France; puis ils entrèrent
« dans l'église. Après l'office, messire Olivier de Coetivi
« presenta au chancelier les lettres du roi qui le nom-
<< maient sénéchal de Guyenne, et prêta serment de loyale-
«ment garder et faire garder justice dans le duché et dans
la ville. Les jurés et la bourgeoisie jurèrent aussi d'obéir
désormais audit sénéchal, comme à la personne du roi. En-
a suite les seigneurs du pays, les sires de Duras, de Rauzan,
« de Lesparre, de Montferrand et autres, prêtèrent serment
et hommage entre les mains du chancelier, et promirent.
« d'être bons et loyaux Français (1).

124. BATAILLE DE CASTILLON (17 juillet 1453).

Par M. LARIVIÈRE en 1839. Aile du Midi.

Charles VII, maître de la Guyenne, voulut la gouverner comme le reste de la France. Mais cette uniformité blessait les priviléges de la province: la taille des gendarmes surtout excitait un mécontentement général. Après avoir inutilement porté au Roi leurs doléances, les peuples n'eurent plus qu'à se jeter dans la révolte, et appelèrent les Anglais.

Lord Talbot, malgré ses quatre-vingts ans, prit le commandement de cette expédition, et débarqua dans le Médoc au mois d'octobre 1452. Bordeaux se souleva aussitôt en sa faveur, quelques villes l'imitèrent, et le reste de la province eût suivi, si de prompts renforts arrivés au comte de Clermont n'eussent arrêté l'entraînement de la révolte. TouteAois ce ne fut pas avant l'été de l'année suivante que l'armée royale put entrer en campagne. Charles VII la commandait lui-même.

Ilassiégeait Castillon, petite place située sur la Dordogne, qui devait lui livrer le cours de cette rivière, lorsque Talhot, cédant aux téméraires instances des gens de Bordeaux, sortit de cette ville et tomba à l'improviste sur les postes avancés de l'armée française; en un instant il les eut délo(1) Histoire des ducs de Bourgogne, par M. de Barante.

1er étage. Galerie des Batailles. No 137.

Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle n° 7.

gés d'une abbaye qu'ils occupaient, et où il s'établit luimême. Comme il y entendait la messe, on lui apporte la fausse nouvelle que les Français ont quitté leur camp et sont en pleine retraite. L'aventureux vieillard, enivré de son premier succès, n'attend pas de savoir la vérité, il la repousse même avec hauteur dans la bouche d'un de ses vieux compagnons d'armes, et, sortant brusquement de la cha pelle, il se lance sur les retranchements ennemis et y fait planter son étendard. Mais là, au lieu d'une armée en fuite, il trouve pour le recevoir, une artillerie formidable. En vain crie-t-il à sa gendarmerie de mettre pied à terre pour assaillir avec plus d'avantage les palissades du camp français; en vain appelle-t-il les Bretons pour appuyer de leur opiniàtre vaillance les Anglais qui reculent : un coup de coulevrine abat à terre le héros octogénaire, et sa chute entraîne le destin de la bataille. Lord Lisle, son fils, et trente autres seigneurs, la fleur de la jeunesse anglaise, se font tuer auprès de lui, sans pouvoir détourner le coup fatal qui l'achève. Le combat n'est plus dès lors qu'un affreux carnage lord Molines, lieutenant de Talbot, rend son épée, et les débris de l'armée anglaise se réfugient dans la forteresse de Castillon, qui le lendemain ouvre ses portes. Bordeaux, forcé de se rendre à son tour, paya sa révolte au prix d'une amende de cent mille écus d'or et de la perte de ses priviléges.

Calais et Guines furent alors les seules villes qui restèrent aux Anglais dans le royaume.

125. DÉFENSE DE BEAUVAIS (22 juillet 1472).

Par M. CIBOT en 1837.

Quand Charles VII eut laissé à Louis XI la France délivrée des Anglais, toutes les forces de la monarchie durent naturellement se retourner contre cette puissante maison de Bourgogne, rameau détaché de la maison de France, qui menaçait de grandir au-dessus d'elle et de l'étouffer. Louis XI et Charles le Téméraire portèrent dans cette lutte acharnée la diversité de leur génie, l'un ce que la perfidie a de plus odieux, l'autre ce que la violence a de plus brutal.

Le duc de Guyenne (1), dont la faiblesse inquiète et tracassière faisait ombrage au roi son frère, venait de périr d'une mort subite. La voix publique accuse le Roi, et le duc de Bourgogne en prend avantage; il publie un manifeste où il le désigne comme fratricide à l'exécration de l'Eu(1) Charles de France, duc de Berri.

rope, et fait marcher ses troupes sur la Normandie. Beauvais était sur son passage: il ne songeait point à l'assiéger; la ville elle-même, sans autre garnison que quelques hommes d'armes fugitifs arrivés de la veille, n'était point préparée à une attaque. Mais telle était l'horreur qu'inspiraient les cruautés des Bourguignons, qu'à la vue des premières lances du sire des Querdes, les habitants embrassèrent la courageuse résolution de fermer leurs portes et de se défendre.

En effet, seuls et sans aucun secours, ils soutinrent le premier choc de cette puissante armée de Bourgogne et les premières colères de son redoutable chef. La châsse de sainte Angadresme, patronne de la ville, ayant été solennellement promenée, tous les habitants crurent à son assistance miraculeuse, et il n'y en eut aucun dont le cœur faiblit devant le danger. Les femmes surtout se distinguèrent par leur merveilleuse intrépidité. « Elles montaient sur la muraille « pour apporter des traits, de la poudre et des munitions. « Elles-mêmes roulaient de grosses pierres, et versaient « l'eau chaude, la graisse fondue et l'huile bouillante sur les «< assiégeants. » Il y en eut une entre autres, nommée Jeanne Lainé, et que la tradition appelle Jeanne Hachette, qui, au plus fort de l'assaut, saisit, quoique sans armes, la bannière d'un Bourguignon, au moment où il allait la planter sur la muraille. Cette bannière a été longtemps conservée comme un trophée glorieux dans une des églises de la ville.

Cependant l'énergie de la vaillante population de Beauvais donna le temps au Roi d'y envoyer du secours, et après vingt-quatre jours de siege, après un sanglant et inutile assaut, Charles le Téméraire lâcha en frémissant sa proie, et se retira en marquant sa route par d'affreux ravages. Louis XI prodigua les récompenses à la ville de Beauvais, aux femmes en particulier, et parmi elles à Jeanne Hachette.

126. LEVÉE DU SIÉGE DE RHODES (19 août 1480).

Par M. Édouard ODIER en 1839. Aile du Nord.

Mahomet II avait juré, sur les ruines de Négrepont (1470), d'anéantir l'ordre des chevaliers de Rhodes et de tuer luimême, de sa main, le Grand-Maître. Ce ne fut toutefois qu'au bout de dix années qu'il put songer à accomplir ce redoutable serment.

L'an 1480, vers la fin du mois de mai, le grand-vizir Misach Paléologue, renégat de l'ancienne famille des em

Pavillon du Roi.

R.-de-chaussée.

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