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HISTORIQUES

DU PALAIS

DE VERSAILLES.

PEINTURE.

PREMIÈRE PARTIE.

1. PHARAMOND ÉLEVÉ PAR LES FRANCS SUR LE PAVOIS (vers l'an 420).

Par M. RÉVOIL en ....

C'était l'usage chez les Francs encore barbares, chaque fois qu'ils se donnaient un nouveau chef, de l'élever sur un large bouclier et de le promener ainsi autour de l'assemblée, parmi les marques bruyantes d'un belliqueux enthousiasme.

L'auteur des Gestes des rois francs parle de Pharamond, fils de Marcomir, comme ayant régné sur les Francs Saliens dans le commencement du ve siècle. C'est sur ce fondement que les chroniqueurs des âges suivants ont placé ce prince a la tête de la liste de nos rois, et lui ont attribué les premiers honneurs de cette inauguration militaire.

2. BATAILLE DE TOLBIAC (496).

Par M. Ary SCHEFFER en 1837.

Clovis, fils de Childéric et petit-fils de Mérovée, succéda à son père en 481. Il régnait sur la tribu des Francs Saliens, la plus noble d'entre les tribus franques alors établies dans le pays compris entre la Meuse, l'Escaut et la mer.

Aile du Nord.. R.-de-chaussée. Salle n° 5.

Aile du Midi.

1er étage. Galerie

des Batailles.

No 137.

La domination romaine avait cessé d'exister dans les Gaules. Syagrius seul en maintenait encore l'ombre dans les murs de Soissons. Clovis alla l'attaquer, le vainquit, et mena au pillage des villes d'alentour ses bandes victorieuses (486). On connaît l'histoire du vase de Soissons.

Il épousa bientôt après (493) Clotilde, fille de Chilpéric, roi des Bourguignons, et nièce de l'usurpateur Gondebaud. Clotilde était chrétienne et cherchait tous les moyens d'arracher son époux à l'idolâtrie. Elle avait échoué dans ses efforts, jusqu'au moment où Clovis entra en guerre avec les Allemands, autre peuple de race germanique qui venait disputer aux Francs leurs nouvelles possessions.

Les deux armées se rencontrèrent à Tolbiac (aujourd'hui Zulpich), près de Cologne (496). « Comme elles se battoient « avec un grand acharnement, dit Grégoire de Tours, celle << de Clovis commença à être taillée en pièces. Clovis alors << éleva les mains vers le ciel, et, le cœur touché et fondant << en larmes, il s'écria: «Jésus-Christ, que Clotilde affirme « être le fils du Dieu vivant.... je t'invoque; je désire croire <«<en toi seulement, que j'échappe à mes ennemis.>> Comme << il disoit ces mots, les Allemands, tournant le dos, com«<< mencèrent à se mettre en fuite, et, voyant que leur roi « étoit mort, ils se rendirent à Clovis en lui disant : Nous «te supplions de ne point faire périr notre peuple, car nous << sommes à toi. >>

Clovis conduisit peu après à Reims son armée triomphante.

Aile du Nord. 3. BAPTÊME DE CLOVIS (25 décembre 496).
Pavillon du Roi,
1er étage.

Par M. Paul DELAROCHE en ....

4. BAPTÊME DE CLOVIS (25 décembre 496.)

Par M. DEJUINNE en 1837.

Clotilde apprit en même temps et la victoire et le vœu de Clovis. Elle s'empressa alors de faire venir l'évêque de Reims, saint Rémi, et l'envoya au Roi pour travailler à l'œuvre de sa conversion. Clovis, après avoir obtenu de ses peuples la promesse de le suivre au baptême, ne tarda plus lui-même à s'y présenter.

« On couvre de tapisseries peintes les portiques inté<<<rieurs de l'église, on les orne de voiles blancs, on dispose « les fonts baptismaux, on répand des parfums, les cierges << brillent de clarté tout le temple est embaumé d'une

« odeur divine. Le Roi pria le Pontife de le baptiser le preemier Le nouveau Constantin s'avance vers le baptistère, « et le saint évêque lui dit alors d'une bouche éloquente: << Sicambre, abaisse humblement ta tète; adore ce que tu «as brûlé, brûle ce que tu as adoré (1). »

Plus de trois mille hommes de l'armée de Clovis recurent après lui le baptême.

Clovis, converti au christianisme, étendit dès lors sans peine sa domination de proche en proche jusqu'à la Loire. Par un rare bonheur il se trouvait alors le seul prince orthodoxe de tout l'Occident; et le siége de Rome, aussi bien que le clergé catholique des Gaules, secondèrent de tous leurs efforts l'accroissement de sa puissance.

5. ENTRÉE TRIOMPHALE DE CLOVIS A TOURS (508).
Par M. ROBERT-FLEURY en 1837.

Pendant que Clovis, avec l'appui des évêques, affermissait chaque jour sa domination, les Wisigoths soulevaient contre eux, par leur attachement à l'arianisme, les populations orthodoxes de la Gaule méridionale. Clovis offre en même temps à ses soldats la gloire de punir l'hérésie et les dépouilles de ces riches provinces, et il les mène contre le roi Alaric. Les Wisigoths, affaiblis par une longue paix, furent vaincus à Vouillé, près de Poitiers (507); leur roi périt en combattant, et les Francs victorieux se répandirent, de Toulouse à Bordeaux, à travers toute l'Aquitaine.

Clovis, au retour de cette belle conquête, entra en triomphe dans la ville de Tours. L'empereur Anastase, jaloux de rattacher au vieil empire de Byzance les royautés naissantes de l'Occident, avait décerné au roi des Francs les honneurs consulaires. « Clovis, dit Grégoire de Tours, << revêtit dans la basilique de Saint-Martin la tunique de « pourpre et la chlamyde, et posa la couronne sur sa tête. a Ensuite, étant monté à cheval, il jeta de sa propre main, avec une extrême bienveillance, de l'or et de l'argent << au peuple assemblé, et depuis ce jour il fut appelé Consul « ou Auguste. »>

6. CHAMP DE MARS (615).

ASSEMBLÉE TENUE A BONNEUIL-SUR-MARNE PAR CLOTAIRE II.

Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle n 5.

Par M. Jean ALAUX en 1837, Partie centrale,

L'histoire a appelé du nom de champs de mars ces as

(1) Gregoire de Tours, livre II.

1er étage. Salle des EtatsGénéraux, No 129.

Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle n° 5,

semblées guerrières que les premiers rois francs tenaient d'ordinaire au printemps, et où, presque toujours, quelque prise d'armes faisait l'objet des délibérations. Les Francs, encore voisins de l'époque où ils avaient quitté les forêts de la Germanie, portaient dans ces assemblées le costume sauvage et les turbulentes habitudes d'un peuple barbare. Plus tard, lorsque le clergé eut pris l'ascendant qui appartenait à ses vertus et à ses lumières, les prélats vinrent siéger à côté des guerriers dans le grand conseil de la nation conquérante. La plus importante des assemblées de ce genre est celle que Clotaire II convoqua à Bonneuil (d'autres disent à Paris ) l'an 615. Ce prince, resté seul maître de la monarchie par la mort de Brunehaut et de toute la race des rois austrasiens, dut payer le prix de leur assistance aux grands du royaume qui lui avaient donné la victoire. La constitution, ou ordonnance émanée de l'assemblée de Bonneuil, renferme le détails de concessions que, sous le nom de sages réformes, la royauté fut contrainte de faire à l'aristocratie.

7. FUNÉRAILLES DE DAGOBERT A SAINT-DENIS (janv. 638).

Par M. TASSAERT en 1837.

A la mort de Clovis (511) ses états avaient été partagés entre ses quatre fils, d'après le droit qui régissait communément les successions en Germanie. L'empire des Francs ne s'en agrandit pas moins par la conquête de la Thuringe et du royaume des Bourguignons (535). Mais sous les petitsfils de Clovis un nouveau partage amena d'affreuses discordes, et les scènes de carnage et d'horreur ne cessèrent que lorsque reparut l'unité monarchique avec Clotaire II et son fils Dagobert Ier (628).

Dagobert régna avec une gloire et une magnificence jusqu'alors sans exemple parmi ses peuples. Il porta ses armes en vainqueur chez les Wisigoths, au delà des Pyrénées; chez les Saxons et parmi les peuplades slaves qui bordaient sa frontière orientale. La terreur de son nom s'étendait bien plus loin encore. Il se montrait en même temps à ses sujets ferme et rigoureux justicier, et faisait rédiger par écrit les vieilles coutumes de tous les peuples d'origine germanique soumis à sa domination. Enfin tous les récits contemporains nous entretiennent de la splendeur dont il s'efforça d'environner son trône, des magnifiques ouvrages de sculpture et d'orfèvrerie qu'il fit exécuter, et

surtout de la richesse prodigieuse avec laquelle il construísit et décora la basilique de Saint-Denis.

C'est en 630 que, par l'ordre de Dagobert, furent exhumées les reliques de saint Denis et des deux compagnons de son martyre, Rustique et Eleuthère, et que furent jetés les fondements de l'église bâtie en leur honneur. Á sa mort, en 638, ses restes y furent transportés en grande pompe, et, selon l'expression de son biographe, << trèsa justement ensevelis à la droite du tombeau des trois << martyrs. >>

8. BATAILLE DE TOURS (octobre 732).

Par M. Charles STEUBEN en 1836.

Aile du Midi. 1er étage. Galerie

до 137.

Après la mort de Dagobert, la monarchie des Francs entra en décadence: les partages recommencèrent, et une des Batailles. sorte de séparation permanente parut s'établir pour plus d'un siècle entre les deux royaumes de Neustrie et d'Austrasie. La race dégénérée des Merovingiens ne produisait plus que des rois enfants, vieillis avant l'âge par la débauche, qui ne regnaient que de nom, et laissaient tout le pouvoir aux mains de leurs maires du palais. La bataille de Testry, gagnée en 687 par Pepin d'Héristal sur les Neustriens, fonda la grandeur de sa maison, où, pendant quatre générations, l'ambition et le génie devaient être héréditaires.

Avec ces nouveaux chefs, entourés des bandes guerrières qui leur venaient des bords du Rhin, la monarchie des Francs redevint conquérante. Pepin d'Héristal soumit au tribut les Saxons, les Bavarois et les Frisons. Charles Martel suivait la même carrière de gloire et de conquêtes, quand la redoutable invasion des Sarrasins dans les provinces méridionales appela de ce côté tous ses efforts.

Maitres depuis vingt ans de la péninsule espagnole, les Sarrasins avaient franchi les Pyrénées, et, après avoir brisé la faible résistance qu'avait essayé de leur opposer Eudes, duc d'Aquitaine, ils s'étaient répandus dans les plaines qui s'étendent entre le Poitou et la Touraine, et y avaient effrayé les peuples de leurs ravages et de leurs horribles profanations. C'est là que Charles Martel vint les arrêter. L'impétuosité des Arabes, dit un chroniqueur du temps, se brisa comme le verre contre les corps de fer des Francs.>> Leur défaite fut complète; Abdérame, l'émir qui les commandait, y périt, et Charles Martel eut la gloire de sauver du joug de l'islamisme la France et peut-être la chrétienté tout entière.

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